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DÉCEMBRE~1992

CAMP N.8

Les semaines étaient passées à une vitesse excessive et pourtant rien n'avait changé.

Pour moi, je nageais toujours dans un rythme effréné.

Je devais donc m'occuper de la maison, des enfants, des travaux champêtres et surtout des plaisirs de mon oncle.

J'étais en quelque sorte sa petite femme.

Une chose qui avait eu le don de fâcher ma tante Isatou.

Mais après tout, je n'avais pas demandé cela. Ce n'était donc pas de ma faute.

Je me contentais juste d'obéir. Et rien de plus.

Comme avec mon institutrice d'école.

Après ma confession de la fois dernière qui m'avait valu d'innombrables punitions, je m'étais résiliée à ouvrir ma bouche.

Madame Aïcha avait parlé de moi à plusieurs parents d'élèves. Elle leur avait dit que j'étais une enfant perverse et insolente.

Que je ne devais plus m'approcher de leurs enfants. Sinon, ils seront infectés par ma mauvaise foi.

Et même, que j'étais sûrement la responsable de la mort de ma mère.

A ce moment, même mes larmes n'avaient pu me consoler. J'avais simplement baissé la tête, quand eux m'avaient pointé du doigt.

J'étais devenue la risée de tous. Encore heureux que cette histoire n'était pas arrivée aux oreilles de mon oncle.

Qu'elle avait juste passé l'éponge pour cette fois. Comme elle me l'avait dit.

J'étais soulagée, car j'en serais sûrement morte à l'heure actuelle.

Mais à quoi bon ? De toutes façons, ma vie n'avait plus de sens.

Je ne suis qu'une jeune fille de 12 ans. Dont la vie se vante de sa souffrance. C'est misérable.

Ah... si mon père était là...

Du côté de la capitale, la guerre faisait toujours rage. Les soldats étaient toujours au front et donc pas de papa.

Cette situation commençait à me peser. Je n'en pouvais plus. J'en étais même étouffée.

- Malhya!!

Je relevais la tête brusquement. Et là, toute la classe me fixait. Certains fronçaient les sourcils, tandis que d'autres ricanaient entre eux.

De toute ma vie, ça avait sûrement été eux le pire.

Leurs paroles blessantes, leurs remarques. Comme des petits couteaux bien aiguisés.

L'enfant. Hum... un être bien mesquin à mon goût.

- Oui madame. Avais-je dit après de nombreuses secondes.

- Déjà que tes notes sont nulles, tu te permets de ne pas suivre. Tu vois comment tu es si stupide !?

- Je suis désolée madame.

- Gardes ton désolée, et dépêches toi de recopier la leçon. Tchuips.

J'hochais simplement la tête après ses mots. Bien trop impuissante pour faire plus.

Elle s'était retournée et avait repris le cours.

Mais, de là où j'étais, je pouvais sentir le regard de mon amie Sarah se poser sur moi.

Elle était à notre place habituelle alors que moi, j'étais complètement isolée de tous.

Au fond de la salle.

INDÉCENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant