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- Qui t'a dit d'aller là-bas ?

- Ma tante, je ...

- Oh fermes là ! Que ça soit la dernière fois que tu me répondes quand je te parle. Tu comprends ?

Je baissais alors la tête face elle.

- Réponds !

- Oui.

Disais-je doucement.

- Maintenant vas me prendre du gombo au champ. Et tu te dépêches, j'ai pas ton temps tchuips.

J'attrapais le petit panier qu'elle me tendait et le mettais sur ma tête. Je marchais alors en direction de notre petit champ, les jambes lourdes et les larmes aux yeux.

Dès que j'étais rentrée de l'école tantôt, ma tante n'avait pas manqué d'observer mon état. Elle n'avait même pas cherché à comprendre qu'elle m'avait flanquée une énorme gifle.

Et pourtant, j'avais même essayé de lui expliquer la situation mais elle n'avait rien voulu entendre.

Elle avait simplement tranché que c'était moi la fautive de l'histoire sans même avoir des explications.

Sans doute était ce la vérité. Pensais je.

Ah... de toute façon je ne pouvais m'en plaindre qu'à moi même. J'aurais du mieux faire attention.

Où tout simplement ne pas y aller.

Je marchais donc la tête baissée en direction de la forêt. Là-bas, il y avait certains animaux dangereux et personne ne semblait y être à cette heure.

A part bien sûr l'armée qui s'y trouvait. Leur campement était installé juste à l'entrée de celle-ci. Il était donc impossible de passer par là sans être remarquée.

Je devais alors m'y rendre au plus vite.

Arrivée à l'entrée des grands bois, je n'avais pas manquer de voir le campement. Des hommes armés s'y trouvaient comme toujours.

Ils étaient droits comme des piquets et semblaient prêts au combat. On aurait dit qu'ils montaient la garde, sans doute.

Tout juste positionnés, aux alentours des bois.

Je soufflais un bon coup et me dirigeais tête baissée là-bas.

Seulement, alors que je prenais mon courage et décidais de m'enfoncer dans la forêt, une grosse voix m'avait stoppée.

- Ohh ! Jeune fille !

Apeurée, je me retournais doucement et faisait face à deux hommes. L'un était noir et l'autre blanc. Tout deux étaient des corps habillés.

Il fallait le préciser, ici les soldats étaient majoritairement noirs mais, les supérieurs étaient tous des blancs venus de l'Europe.

Et donc, il était souvent assez fréquent de trouver des hommes blancs aux alentours de notre campement.

- Que fais-tu ici seule ?

Disait l'homme à la même couleur de peau que la mienne.

- Je vais au champ monsieur.

- A cette heure ?

- Oui. Disais-je en hochant la tête.

- A cette heure tous les enfants de ton âge sont en classe et toi tu te pavanes ici ? Tu nous prends pour des cons ?

Je regardais celui qui venait de parler. Le fixant, sans parler.

- Disparais de là, salle gosse.

Avait-il ajouté. Mais, je ne pouvais retourner les mains vide au village. Ma tante me l'aurait sans doute fait regretter.

INDÉCENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant