16

291 25 4
                                    


- Tous tes petits camarades sont venus me voir, sauf toi. Pourquoi ?

Je relevais les yeux vers elle. J'en avais déjà marre de ces séances inlassables.

Pourquoi se sentait-elle toujours obligée de me parler?

- Je n'en ressens pas le besoin.

A vrai dire, je n'arrivais même pas à lui parler. Durant ces nombreuses semaines écoulées, j'avais appris qu'elle avait aidé plusieurs personnes.

Surtout, les plus jeunes.

Elle avait fait des dons, elle avait dénoncé certains abus que subissaient les plus jeunes. Et même les hommes.

Mais, je n'arrivais toujours pas à lui faire confiance. Pourtant, j'avais essayé.

Seulement, je n'avais jamais pu mettre des mots à tout ce que je vivais.

Peut-être parce que c'était ma vie. Mon destin.

- Donc tu estimes que tout va bien chez toi? Que ce soit à la maison ou en classe ?

Je secouais ma tête de haut en bas sans parler.

Tout allait bien pour moi. Du moins, pendant ce petit temps.

- Tu es sûre? Parce que j'ai parlé à ton amie Sarah. Et ce qu'elle m'a dit, n'a rien de "bien".

Sarah? Pourquoi avait-elle fait cela? Elle savait bien que je ne voulais plus que quiconque interfère dans ma vie.

Je voulais juste qu'on m'oublie. Et cela, peut importe ce qui se passait et qui c'était.

Je m'étais levée de cette chaise, énervée.

- Écoutez madame Sylvie, je n'ai pas besoin de votre aide. Je n'ai pas besoin de me confier à vous. Je n'ai pas de problème. S'il vous plaît laissez moi.

Je récupérais mon cahier que j'avais posé plutôt sur son bureau. Bien décidée à rentrer.

- Ce n'est pas ce que ton regard me dit Malhya. Tu as besoin d'aide. Et toi et moi le savions.

Je la regardais intensément, elle aussi. Avant de me diriger vers la sortie.

- J'y vais, bonne journée à vous.

Peut-être j'avais vraiment besoin d'aide. Oui peut-être...

Mais pas comme ça...

Je sortais de son bureau et aussitôt, le soleil venait s'abattre sur moi. Ces temps-ci, le village n'abritait que de grand soleil.

La température était élevée et idéale pour une baignade au bord fleuve. D'ailleurs, je m'y rendais de temps en temps.

Comme chez Monsieur Lamin.

Mais, je décidais de me précipiter vers la maison. Je n'avais pas vraiment envie de m'amuser aujourd'hui.

Je me sentais assez bizarre depuis quelques jours. J'avais comme la sensation de tomber peu à peu malade. J'espérais tout de même que ça ne soit rien de grave.

Même si cela m'inquiétait.

Je continuais donc ma marche jusqu'à la maison avec beaucoup de peine.

J'avais très froid pourtant, la température était assez haute. J'en tremblais même.

Je me sentais mal intérieurement. Si bien qu'à chaque fois que j'avalais ma salive, j'avais une envie présente de régurgiter.

Mon ventre me faisait tellement mal. Chaque pas était un supplice. J'avais énormément mal au ventre depuis ce matin. Je m'étais dit que ça allait passer mais non.

La douleur s'amplifiait et je ne savais pas quoi faire.

J'étais arrivée à la maison au bout de ma vie. J'avais tellement mal que je m'étais effondrée sur le sol, en larmes.

Heureusement pour moi ma tante ne se trouvait pas loin de là et elle m'avait aperçue dans ma chute.

- Hé Madame qu'est ce que tu as encore!?

Elle s'approchait de moi alors que je continuais de pleurer.

- Qu'est-ce que tu as? Si c'est pour ne pas préparer faut déjà te lever. Parce que personne ne va le faire à ta place.

Plutôt malheureusement...

Je m'étais mise debout avec beaucoup de peines. J'attrapais fermement mon ventre.

- Ma tante je ne me sens pas bien.

Elle avait posé le dos de sa main sur mon cou et ensuite, sur mon front.

- Tu chauffes beaucoup hein. Ça c'est sûrement le paludisme. Quand je te dis souvent de nettoyer la cours c'est pour éviter les choses comme ca.

Elle s'était aussitôt retournée en direction de la cuisine. Et plus tard, elle était revenue avec une bouteille remplie d'un liquide jaune et quelques feuilles qu'elle tenait dans son autre main.

- Tu bois ça, c'est très amère mais ça va aller. Ensuite tu fais un bain de vapeur et après ça va aller.

Je n'avais même pas eu le temps de prendre les remèdes qu'elle me donnait, que je m'étais mise à vomir.

- Qu'est ce qu'elle a?

J'avais entendu la voix de mon oncle non loin de nous. Puis, elle s'était rapprochée et j'avais ensuite senti sa main se poser sur mon épaule.

- Elle a un petit palu mais ça va passer je lui ai déjà donné des remèdes.

Je m'étais redressée. J'avais essuyé ma bouche et je me contentais de les regarder sans parler.

- Il faut l'emmener voir Fatou. Regarde comment elle est pale et fatiguée, elle saura quoi lui prescrire pour aller mieux.

- Mais les remèdes là moi même j'utilise souvent ça. Ça soigne tout, elle n'a qu'à boire ça.

Mon oncle Hassan avait continué à parler avec ma tante. Encore et encore jusqu'à ce qu'elle accepte finalement.

- Ça c'est juste pour dépenser de l'argent, elle prenait ça, elle montrait la bouteille pleine à mon oncle avant de poursuivre, et elle faisait un bain de vapeur avec les feuilles là et en 2 jours elle allait aller mieux.

- Je veux juste me rassurer que ce n'est rien de grave. Donc tiens ça et accompagne la.

Elle prenait le billet que tonton lui avait tendu avant de l'enrouler au bout de son pagne.

- Il faut aller te changer. M'avait-elle dit.

Je m'étais exécutée aussi vite que je pouvais. Même si mon corps ne répondais que faiblement, j'essayais de m'activer au plus vite pour ne pas énerver tante Isatou.

- Orh Malhya, fais vite là-bas.

Ce dont je disait...

- Je suis là ma tante.

Nous nous sommes alors dirigés vers le petit marché de notre village. Je marchais aussi vite que mes jambes le pouvaient, tout en suivant ma tante.

Là-bas, nous avons rencontré tanti Fatou. Elle est une femme "guérisseuse". Ma tante parlait avec elle pendant un long moment, elle souriait même.

De toute façon elle était toujours heureuse avec les gens qu'elle rencontrait, sauf avec moi.

- Malhya viens ici!

Je m'étais dirigée vers elles. Dans un petit hangar à l'abri du regard.

- Comment tu te sens ma fille?

- Mal tanti, j'ai mal au vente et à la tête, j'ai aussi des nausées et j'ai très froid.

Elle avait lancé un regard à ma tante avant de continuer.

- Je vais t'examiner d'abord.

******

[INDECENCE]~Rendez-moi mon innocence!

INDÉCENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant