INDÉCENCE

12

JANVIER~1993.

ÉCOLE RÉGIONALE DU CAMP N.8

CE1

- Bonjour les enfants.

Madame Aïcha rentrait dans la salle de classe. Le sourire aux lèvres et beaucoup plus douce que d'habitude.

Étonnant.

C'était très rare de la voir ainsi. Tant elle nous avait habituée à son regard sévère.

- Bonjour la maîtresse. Nous répondions tous ensemble avant qu'elle ne nous demande de prendre place.

Ce que nous avions fait sans plus tarder.

- Une personne pour nous donner la date du jour?

Disait-elle sans avoir enlevé son sourire.

Nous étions le lundi 4 janvier et nous rentrions à peine des congés de fin d'année.

Pourtant, les gens ici agissaient comme si l'année était la même. Moi, qui avant avais l'habitude de fêter cela avec mon père, me retrouvais depuis ces dernières années délaissée.

Enfin, depuis son départ...

- Nous sommes le 4 janvier 1993 la maîtresse.

Le voix stridente d'une écolière se faisait entendre d'où je me situais. Au fond, éloignée de tous. Comme le petit démon que j'étais.

- Va nous l'écrire au tableau s'il te plaît.

Même si j'avais fini par m'adapter à ce mode de vie, le retour à la normale ne me déplaisait pas.

Mais bon, il me semblait que cela était impossible. Vu comment les autres me regardaient, ma place me convenait bien.

Très bien même.

De la où j'étais, j'entendais mon amie Sarah se réjouir du nouvel an qu'elle avait passé avec sa famille.

A la mine de certains, on pouvait y lire de l'envie. Tandis que d'autres, ne montraient aucun intérêt à ce qu'elle disait.

Mais moi, je prenais du plaisir à l'écouter parler de sa famille. Au moins, sa vie n'était pas aussi maussade que la mienne.

- Bien les enfants, qui peut nous dire ce qu'il a fait durant ses vacances?

Ils étaient plusieurs à lever la main mais devant l'enthousiasme de Sarah, la maîtresse n'avait même pas regardé les autres enfants.

Son choix avait été vite porté sur la fillette.

- Oui Sarah dis-nous comment ont été tes vacances.

- C'était trop bien la maîtresse. Nous avons fêter Noël et le nouvel an en famille. Mon frère et moi avions même eu des cadeaux. Sans compter tout ce qu'on a pu manger à la fête!

Son sourire était grand alors que plusieurs enfants la fixaient jalousement. Sa voix de petite fille encombrait la pièce alors que ses yeux eux, pétillaient de bonheur.

Elle méritait tellement ce bonheur...

- Très bien Sarah. Qui d'autre veut parler?

Madame choisissait donc un autre enfant au hasard. C'était Kamara, un petit qui se tenait dans les premières rangées de la classe.

Très court et avec un teint ébène très prononcé.

- Maîtresse moi j'ai aidé mes parents aux travaux champêtres. Et puis, j'ai participé à quelques activités coraniques avec monsieur Hassan.