Chapitre 12-Le monde est petit YSé

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— Comment doit-on se saper pour aller rencontrer notre flirt du net ?

Plantée devant mon miroir, en culotte et soutif de coton blanc, j'ai retourné mon armoire entièrement sur mon lit, tout cela sous l'œil rieur d'Erika. J'ai envie de l'étrangler. Si je ne sais pas quoi enfiler, c'est en partie sa faute. Chaque tee-shirt a eu droit à un « Bof ! » ou à un « T'as pas autre chose, sérieux ? » ce qui fait que même après avoir passé en revue toute ma garde-robe, je ne trouve rien de correct à revêtir.

— Franchement ! Tu pourrais m'aider au lieu de te vautrer sur mes vêtements ! pesté-je en me retournant sur mon amie allongée sur mon tas de fringues.

— Tu te prends la tête pour rien, fait Erika en se replaçant vers moi à la manière de Cléopâtre. Puisque je te dis de mettre ça. Tout ce que tu portes habituellement, c'est trop naze ma belle. Désolée, mais je suis franche.

Je souffle mon agacement en lorgnant une nouvelle fois sur le tee-shirt blanc et le jean archi moulant que ma meilleure amie tient à ce que j'enfile. J'ai peur. En général, je n'enfile que des pulls et des hauts larges sur des jeans amples. Jamais je n'ai osé porter les fringues sexy qu'Erika m'a toujours suggérés.

— Regarde comment tu es foutue, ma belle ! me lance Erika alors qu'elle se relève pour se placer dans mon dos.

Que raconte mon amie ? Je mesure à peine 1,60 m. Mes hanches sont trop larges, mes jambes trop fines, mes seins disproportionnés par rapport à cette taille trop fine. Je suis en plus insupportable, capricieuse et colérique. Mes livres sont ma seule vraie passion. Je suis nulle. Si un jour, l'amour m'a fait sentir que j'étais belle et intéressante, mes manies et mes habitudes ont vite fait d'effacer mes illusions. Au-delà du physique, Mon agacement passe pour revenir à ma tristesse. Celle que j'ai encore et que je ressens toujours. Depuis que...

— Je sais à quoi tu penses, me chuchote Erika en m'enlaçant sans me retourner. Arrête. Tu dois prendre ce rendez-vous comme une seconde chance, Ysé.

Ma main part entourer son poignet alors que mes yeux verts s'emplissent de larmes. J'ai horreur de me sentir si fragile, même après tout ce temps.

— Je ne connais pas cet Adam mais c'est forcément quelqu'un de bien pour qu'il prenne la peine de te connaitre, Ysé. Il a de la chance d'avoir été remarqué par une femme telle que toi.

— Tu es vraiment une meilleure amie qui sait me rebooster, toi.

Je lui accorde un sourire à travers la glace, sourire qu'elle me rend en resserrant son étreinte. Erika est plis qu'une amie : c'est une sœur qui lit en moi comme dans un livre ouvert.

— Allez, éludé-je en lui tapotant la main, c'est d'accord, j'accepte de mettre ta panoplie de pin-up.

— Top ! Et tu mets les escarpins, cela va de soi.

— Non, pas les escarpins !

— Si, si. C'est non négociable. Au fait, je ne vais pas pouvoir t'accompagner.

Je n'insiste pas car la panique me pousse à pivoter sur moi-même. Me rendre à ce rendez-vous avec ma meilleure amie était l'assurance que l'entrevue resterait amicale. Et là...

Et là...ce n'est plus une sortie cordiale mais bel et bien un rencard ! Ma bouche s'ouvre pour protester pour ordonner à Erika de me suivre mais je me rends compte qu'elle a quelque chose à me dire. Ses grands yeux me fixent. Sa jolie bouche est maltraitée par ses dents comme pour l'empêcher d'afficher un sourire immense qui finit tout de même par éclater :

— Je ne peux pas venir parce que moi aussi, j'ai rencontré quelqu'un ! Dating est un vrai vivier à mecs exceptionnels !

Je serre mon amie contre moi. Si Erika enchaine les conquêtes, j'avoue que cela fait un paquet de temps que je ne l'avais pas vue si heureuse à l'idée de rencontrer quelqu'un. Alors que je revêts les vêtements sexy qu'elle m'a prêtés, je l'écoute me dépeindre son « rendez-vous » qui s'avère être en réalité un visio sur Dating avec un fameux Graham, 29 ans, footballeur professionnel.

J'ai juste cliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant