— Putain, ce bordel...
Ok, je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour être certain que je ne suis pas seul dans l'appartement et que c'est ma petite sœur, Jacynthe Jacqueline dite J.J, qui est en train d'aller et venir dans l'appartement de toute évidence agacée par le désordre qui y règne.
J'ouvre les yeux et mes doutes se font vérité : J.J est bel et bien en train de ramasser les vestiges de ma soirée trop arrosée de la vieille. Si mon esprit a gardé trace de certain moment de mon retour chez moi, je ne me souviens pas le moins du monde d'avoir ôté ma chemise et mon pantalon, de les avoir balancés sur la table sur laquelle était posé une pile de notes et de document pour mon roman raté. Le tout a échoué sur le sol et étant donné que j'ai dormi la fenêtre ouverte histoire de pouvoir respirer, tout s'est envolé et mon parquet est à peine visible sous le monticule de feuilles qui le recouvre. Je soupire en souriant à ma sœur jumelle. Si elle est ici, c'est normal. Notre gémellité fait que nous sommes fusionnels et d'ailleurs, avec Margot, ça a toujours chauffé et...
Margot...
Dire qu'elle m'a largué comme le nullard que je suis.
— Qu'est-ce que tu fais là ? fais-je en me levant en me grattant la barbe.
J.J me jette un regard noir. Ses yeux gris clair, les mêmes que les miens étincellent d'une colère assumée. Je ne sais pas où j'ai merdé mais je ne vais pas tarder à le savoir.
— Attends, tu déconnes ou quoi ? fait-elle en agitant sa queue de cheval par ses micro-mouvements de tête. C'est toi qui m'as appelée en pleine nuit ! Je pensais qu'on t'avait assassiné, trucidé ou que sais-je ! Alors quand j'ai ouvert et que je t'ai trouvé en train de cuver ton vin comme l'abruti que tu es, j'ai hésité entre t'étouffer dans ton sommeil de soulard et t'étrangler ! J'aurais du me douter que tu étais complètement pété pour faire un truc pareil !
Sans qu'elle le sache, J.J me ramène aux paroles de Sandrine et de Margot : je suis incapable de sortir de mon sérieux. Je suis chiant comme la pluie.
Ma tristesse doit se lire sur mon visage puisque la main douce de ma sœur vient cajoler ma joue piquante de ma barbe du matin.
— Dis-moi ce qui ne va pas, me demande-t-elle d'un ton qui tranche radicalement avec la façon dont elle vient de me parler il y a à peine 15 secondes.
Je le sais son mode « maitresse de CP » est activé. J.J est professeur des écoles. De me voir aussi misérable provoque sans doute ses automatismes professionnels.
— J'ai eu une journée merdique, réponds-je après un instant. Encore désolé de t'avoir tiré du lit de cette façon.
— Ce n'est rien. Demain, on est mercredi aujourd'hui. Je ne bosse pas, tu le sais bien.
Un soupir lui répond. Mon regard se porte sur l'une des feuilles que ma sœur tient entre ses mains. Mon regard capte un morceau de l'ossature de mon roman. Celui qui a été refusé et qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de patience de Margot.
— Arrête de tirer cette tronche et dis-moi pourquoi tu as bu. Ce n'est pas dans tes habitudes. Et où est ta Barbie ?
C'est le surnom qu'a donné ma sœurette à Margot. C'est dire toute la sympathie qu'elle lui porte.
— Mon roman...tu sais, The Freedom et bien, il est bon à mettre à la poubelle.
— Comment ça ? s'étonne J.J. Je pensais que les ventes de tes autres bouquins faisaient que cela te donnait l'assurance qu'on te suivrait.
— Et bien non. Ce que tu ramasses là, c'était mes notes, mes gribouillis. Tu peux tout foutre à la poubelle.
J.J fronce les sourcils en allant poser son packetage et disparait un instant à la cuisine. Elle revient avec deux tasses fumantes : mon habituel capuccino vanille et son coutumier café noir de chez noir. Du vrai goudron.
VOUS LISEZ
J'ai juste cliqué
Literatura FemininaTout cela n'était qu'une expérience. Les choses ne devaient pas tourner ainsi. Je suis un chirurgien de l'amour. Je sais comment les choses arrivent, ce qu'il faut faire pour y arriver, à quel moment il faut s'inquiéter et surtout quand ça va trop l...