Chapitre 19-Il n'est pas comme lui YSé

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Je savais que de laisser Adam s'assoir à mes côtés n'était pas une bonne idée. Après avoir entendu les bribes de sa conversation avec son beau-père à qui il répétait qu'il ne me voyait que comme une amie, je m'étais résolue à garder mes distances. J'étais juste en colère contre lui avant, furieuse ensuite. Mais dès qu'il a pénétré mon appartement, c'est comme si je l'intégrais dans ma vie réelle. Je m'étais quand même promis de me borner aux frontières de l'amitié comme Adam tenait à le faire lui-même avec moi.

Mais maintenant que nous nous embrassons et que ses mains courent partout sur moi, maintenant que je sens sa virilité pulser contre mon intimité, j'avoue que je ne sais plus du tout où j'en suis. Mon cerveau, mon cœur et mon corps ont passé un pacte tacite : celui de profiter de cette nuit. Adam a envie de moi et moi de lui. S'il ne me considère pas comme sa petite amie dans la vie, je sais que je peux tout de même être son amante pour cette nuit.

Essoufflé, il se recule un instant pour poser son front contre le mien. Je n'ose ouvrir les yeux. J'ai trop peur que si je le fais, je me retrouve face à du vide, c'est-à-dire à un fantasme d'Adam sur moi, remuant de haut en bas tel un serpent ensorceleur. Son souffle rafraichit mes lèvres humides et brulantes de son baiser.

— Ysé...regarde-moi, Ysé...

Sa voix est rauque et aussi chaude que son grand corps qui me surplombe. Je ne peux faire autrement que de lui obéir. Deux disques de métal me considèrent. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il s'agit de son regard enfiévré d'un désir qui m'est entièrement destiné.

— Dis-moi d'arrêter si tu ne veux pas aller plus loin. Dis-le moi et j'arrête tout de suite.

Il est trop tard pour renoncer à sauter dans ce gouffre de la passion. Même si je sais que l'atterrissage sera plus que rude, je veux savourer cette chute lente et délicieuse.

— Non. Je...

— Dis-le, Ysé. Dis-le-moi...

Son instance est une plainte. Je ne veux pas le vérifier, mais j'ai l'impression que si je me refusais à lui, je pourrais lui arracher le bras. Ou le cœur...

— J'ai envie de toi, soufflé-je.

Je ne peux l'affirmer, mais j'ai l'impression qu'Adam sourit en m'entendant prononcer ces mots. Ça ne dure pas assez longtemps pour que je puisse m'appesantir sur la question puisqu'Adam fond à nouveau sur mes lèvres. Sa langue humide, douce et autoritaire incite la mienne à la suivre dans une danse incandescente qui suffit à m'irradier tout entière. Un soupir de satisfaction s'échappe de ses lèvres provoquant un durcissement notable de son membre qu'il continue à frotter avec fièvre contre moi. Ses mains quittent mon visage et passent sous mon débardeur, là où l'attendent mes seins qui, les tétons durs comme des cailloux, dardent sous ses larges paumes douces.

Avant...

Arrière...

Adam et moi ne sommes qu'aux prémices de l'acte et déjà nous avons trouvé le rythme souple de notre future étreinte. Sans le vouloir, je soupire déjà d'aise, me satisfaisant de chacun de ses contacts, de ses grognements, de son souffle dont la force s'intensifie un peu plus à chaque fois.

Ses lèvres se dessoudent des miennes pour venir migrer dans mon cou. Sans que je ne fasse un seul mouvement, mon débardeur est soulevé puis expédié sur le sol. Je ne me rendais pas compte que dans ma tourmente, j'avais gardé solidement dans ma main ma couronne de fleurs, celle sur laquelle je pleure depuis des années en réfléchissant à ce que j'aurais pu faire pour changer le cours de ma vie.

C'est sur cette couronne sur laquelle je pleurais quand Adam a choisi de me communiquer ce que son cœur me refuse : de l'amour.

Je desserre mon étreinte autour de mon bijou de tête et lui aussi retombe sur le sol. Adam ne se rend pas compte de ce qui me traverse et du bond en avant que j'effectue grâce à lui. Libérée des dernières entraves de mon passé, les mains débarrassées de ses derniers stigmates, je peux me saisir de la tête de mon amant qui continue à glorifier mais seins de sa langue. Je me rappelle à quel point j'avais trouvé les scènes chaudes de son roman bien écrites. Je comprends pourquoi. Adam sait y faire. Nous n'avons jamais rien fait lui et moi, mais c'est comme s'il savait à l'avance sur quel bouton appuyer pour me faire disjoncter. Mes doigts emmêlent ses cheveux, savourent le contact de son crâne en appuyant légèrement dessus dans l'espoir naïf de pénétrer son esprit. Mais ça n'arrivera jamais. Adam l'a dit. Nous sommes amis et c'est en amis que je me laisse aller dans ses bras.

J'ai juste cliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant