Chapitre 14-J'aime les cœurs bleus YSé

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Je pénètre mon appartement plongé dans le noir. Alors que je m'apprête à en refermer la porte ? une ombre dans mon dos me fait sursauter.

— Alors ? Alors ?

J'appuie sur la minuterie de l'éclairage de la cage d'escalier, rassurée par le ton guilleret de l'ombre que je croyais menaçante. Erika est là, les mains jointes et attend que je lui raconte ma fameuse soirée. Elle porte sa petite nuisette en satin fuchsia et sa crinière rousse est relevée en queue de cheval. Je suppose que ma meilleure amie a repoussé son heure de coucher uniquement pour m'attendre et obtenir un compte rendu complet. Je m'efface en soupirant pour l'inviter à entrer et lui narrer le désastre de cette soirée sans fin.

— Alors ? Raconte ! s'énerve Erika en s'asseyant sur mon canapé tout en attrapant l'un des coussins pour le serrer contre sa poitrine.

— D'abord, j'ai besoin d'un verre. Ça te dit une goutte de Tariquet ?

Erika opine, les yeux brillants de curiosité et d'impatience. J'ouvre le placard, sors deux verres à vin et je les remplis généreusement du breuvage doré. Après avoir envoyé valdinguer ces foutus escarpins ridicules, je tends son verre à Erika, bois une gorgée et m'enfonce à mon tour dans le canapé en soupirant ma fatigue et ma déception.

— C'était si mauvais que ça ? Il zozotait ? Il avait des poils dans le nez ? Non ne dis rien ! Il t'a parlé de son ex toute la soirée en pleurant ! me demande Erika.

— Pire. Tu n'imagines même pas.

Je déguste une gorgée de vin supplémentaire qui n'a pas le pouvoir de me consoler. Comment raconter tout ça sans me mettre à chialer ou à éclater de rire ?

— En fait Adam, tu sais qui c'est ? commencé-je.

— Non.

— Bin, devine.

— Arrête ! T'es chiante quand tu fais ça ! trépigne Erika en posant son verre sur la table basse. Dis-le-moi ou je vais mourir d'impatience!

— Et bien Adam...Adam, c'est le Pitbull.

La bouche ouverte, les yeux ressemblant à deux gouffres sombres, Erika sait exactement de qui je veux parler. Je secoue la tête en terminant d'une gorgée mon verre que je repose à côté de celui de ma bbf rendue muette sous le coup de la nouvelle.

— Putain ! articule enfin Erika. Tu veux dire que ton crush du net, c'est ton auteur psychopathe des réseaux d'il y a deux ans ?

— Oui et je peux te dire que je suis dégoutée. Fait chier !

Erika me considère d'un air désolé tandis que je tape l'assise laissée libre entre nous sous l'effet de la rage. Alors que je m'attends à ce que mon amie compatisse avec moi, son expression change radicalement et s'éclaire d'une vive lumière de complicité.

— Il est mignon au moins ? Je veux dire, en vrai ? Si je me souviens bien, il n'était pas vilain, le garçon !

Je souffle en hochant la tête, incapable d'effacer ce sourire qui m'étire les lèvres. Si Adam est beau ? J'avoue ne pas avoir eu le temps d'y songer correctement. Je lève les yeux au ciel en pensant aux siens, si bleus, si clairs. C'est vrai que leur teinte ardoise se rapproche de la clarté de la lune. Je n'ai jamais remarqué ce phénomène chez personne d'autre que lui. Le regarder dans les yeux a été très déstabilisant. Et puis, Adam est un homme très grand, ses épaules sont super carrées, ses bras forts. J'ai noté aussi qu'il a un style vestimentaire, une façon de s'exprimer et de se tenir qui le rendent à la fois unique et...

Mais c'est un pur abruti de susceptible ! Et ça, c'est bien une chose qui efface tout a fait le moindre de ses atouts physiques !

— Toi, vu la tête que tu fais, il t'a fait de l'effet ! glousse Erika en se rapprochant de moi pour me secouer comme un prunier.

J'ai juste cliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant