Prologue

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Obscurité.

C'est le noir total...

Mais je sais déjà que le moindre brin de lumière m'achèverais à coup de migraine.

Mon mal de tête résonne jusque dans mon estomac. J'en ai envie de vomir. Mais si je venais à vider mon estomac, je crois que ça serait sur mes genoux.

Je suis attachée, scotchée, à une chaise. L'adhésif me cisaille les poignets et mes pieds sont engourdis, je les sens à peine.

Pas moyen de me souvenir de ce qu'il s'est passé.

Autour de moi, il y a rien. Et personne. Enfin je crois... J'entends seulement un gros bourdonnement, rien pour arranger mon mal de tête.

Le bâillon qui obstrue ma bouche me permet tout de même de respirer, par le nez. Et la seule chose qui ressort de cette pièce étrangère est l'odeur d'huile de moteur.

J'en conclus que je suis dans un garage. Mais qui me garderai, captive, dans son garage ?

Alors que je commence à essayer de me libérer, tout semble bouger en même temps que moi, comme si j'étais dans un bateau. J'ai l'impression de rouler de droite à gauche, mais ma chaise est belle et bien ancrée dans le sol. Tout est confus dans ma tête, tout se mélange. La sensation pâteuse dans ma bouche et cet arrière goût âcre confirment mes soupçons. En plus de m'avoir enlevée, on m'a droguée.

Quelques minutes plus tard, le voile devant mes yeux se dissipe enfin. Je distingue de vagues formes. C'est glauque comme pièce...

Mais je la connais. Je suis déjà venue ici.

Dans un fracas, la porte s'ouvre. Un filet de lumière investit la pièce et j'ai brièvement l'occasion de distinguer ce qui se trouve dans le sous-sol. Des tonneaux, une pelle pleine de terre, une table couverte de photos, de dossiers.

Immédiatement après, une silhouette s'approche de moi. J'ai immédiatement la sensation de le connaître. De le reconnaître.

«T'es réveillée ?

— Arthur ?!»

Je fronce les sourcils. C'est pas possible... Je ne peux pas y croire. Ma tête se remet à tourner violemment. Mon corps est secoué par de soudains frissons, comme si on m'électrocutait. Avec le vrombissement qui s'ajoute, je sens que mon corps va céder. Je tente de respirer profondément. Une fois. Deux fois.

Quand ma poitrine cesse enfin de se contracter irrégulièrement et que j'ai retrouvé mon souffle, je rouvre les yeux. Il est toujours là.

«Tu m'entends ? me demande-t-il en me secouant l'épaule.

— Oui. Qu'est-ce que je fais là ?»

Des images me reviennent. Je me souviens de la panique, sur la route. Cette voiture qui me suivait de trop près. Qui a percuté mon pare-chocs, pour m'éjecter dans le décor.

«C'était toi la voiture ? continué-je.

— Oui. Il baisse la tête.

— Mais. Pourquoi t'as fait ça ? Laisse-moi partir. Détache-moi ! commencé-je à m'énerver.

— Non, je peux pas, affirme-t-il sèchement.

— Pardon ? Qu'est-ce qu'il te prends au juste ?

— ARRÊTE ! s'écrit-il. ARRÊTE TES CONNERIES. ARRÊTE DE MENTIR !»

Enragé, il relève les yeux et regarde droit dans les miens. Il me fait peur.

«Tous ces morts ? C'était toi ? me questionne-t-il en balançant des photos à travers la pièce.

— De quoi tu parles là ?

— Je sais que c'est toi, conclut-il avec un regard noir, en pointant les images au sol.»



Et voici le prologue !

j'espère que ça vous plaît !

DoubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant