Chapitre 3

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Il pleut à seau.

La pluie tambourine sur mon pare-brise. Son martèlement assourdissant couvre la radio. Ça dénote avec les rues désertes et silencieuses. En face de moi, je distingue vaguement des phares rouges. Tout est noyé, comme si j'étais entrée dans un lac avec ma voiture. Même les feux de signalisation ne sont plus qu'une vague lueur dans le ciel.

La nuit noire défile à travers mes vitres, les immeubles semblent se déplacer avec les trombes d'eau. Heureusement que je sais où je vais.

Quand je suis enfin garée, la pluie redouble d'intensité. Mais si je reste ici, je vais mourir de froid. C'est une mort agréable paraît-il. Petit à petit, le corps cesse de fonctionner. Puis on s'endort. Et le cœur s'arrête. Aucune douleur.

Le temps d'arriver à l'interphone et je suis trempée jusqu'aux os. Je fais défiler frénétiquement les noms sur le petit écran tout en grelottant.

«Oui ?

— C'est Laura. Ouvre s'il te plaît, articulé-je en claquant des dents

J'entends la porte se déverrouiller et j'entre en vitesse. Mes jambes tremblantes me portent jusqu'à l'ascenseur. La pluie glacée dégouline le long de mes cheveux et les gouttelettes viennent s'échouer sur le pauvre petit chemisier, maintenant transparent, que je porte. Je frissonne. Mais en même temps, tous mes muscles sont crispés par le froid.

Quand les portes s'ouvrent, j'entre directement dans l'appartement d'Arthur. Il m'attend, là, avec un t-shirt en guise de pyjama. Sans me soucier d'être complètement trempée, je me blottis dans ses bras.

«Purée Laura! Qu'est-ce que tu fous ici ? s'inquiète-t-il en caressant délicatement mon visage.

— Désolée. J'avais besoin de te voir. D'être avec toi. Contre toi.»

Je me redresse et cherche sa bouche. Il me sourit et m'embrasse. Ses lèvres enrobent les miennes et je me sens enfin à ma place, en sécurité.

On se sépare à bout de souffle puis il pose un baiser sur mon front, auquel je réponds en esquissant un sourire.

«On va se coucher. On parlera de tout ça demain okay ?

— Oui, oui.»

Je me sens presque fautive de le déranger comme ça au milieu de la nuit. Même si au fond, je sais qu'il donnerait beaucoup pour pouvoir passer toutes ses nuits auprès de moi.

Une odeur de pain perdu vient chatouiller mes narines. Je me retourne pour trouver un vide à côté de moi. Alors j'enfile vite un jogging et je file dans la cuisine. Arthur est là. Torse nu cette fois-ci. Il est penché au-dessus de la gazinière, à retourner des morceaux de pain au fond de la poêle.

«Hey ! Bien dormi ?

— Oui, merci. Et merci, réponds-je en baissant les yeux.

— T'inquiètes pas ma belle, tu débarques ici quand tu veux, me certifie-t-il avec un sourire digne d'une pub pour un dentifrice.»

Je suis perdue dans ses grands yeux bleus. Il m'enlace tendrement contre ses abdominaux saillants et la sensation de ses pectoraux nus sur mon visage m'enchante. En collant mon oreille a son torse, je peux entendre les puissants battements de son cœur. Sa main se balade tranquillement dans mes cheveux et glisse dans les longueurs.

«Tu es bien là ? demande-t-il en gloussant.

— Hummm t'es ma bouillotte personnelle.

— T'as froid ?»

J'acquiesce et immédiatement, il descend ses mains dans le creux de mes hanches. Il me guide devant la cuisinière, prends mes mains dans les siennes et les place au-dessus de la poêle. Il continue à préparer le petit déjeuner, avec moi, entre son corps et ses morceaux de pain. Il me chuchote à l'oreille d'aller m'asseoir. Ce que je fais.

Il apporte d'abord, deux set de tables, puis des assiettes et des couverts. Je ne le quitte pas du regard une seule seconde. Arthur disparaît une minute et revient avec une rose rouge qu'il dépose à côté de moi. Ensuite, il prend le temps de presser des oranges pour faire du jus frais. Il dépose la carafe avec un grand sourire, plein de malice. Et comme une collégienne qui vit son premier amour, je souris de toutes mes dents. Il me regarde et je souris encore plus. Puis il retourne au-dessus du pain perdu qui cuit, le dépose dans un plat et le rapporte à table.

«Madame est servie, annonce-t-il en faisant une révérence

— Merci monsieur. Mais, en quel honneur ai-je droit à ce copieux repas, demandé-je en entrant dans son jeu.

— Et bien, pour commencer. En votre honneur, tout simplement. Et puis... Une surprise n'arrive pas seule.

— Une surprise ?

— Oui madame ! Mais d'abord. Mange ! Ca va être froid.

— Oui Monsieur !»

On prend le temps de déguster tout ce qu'Arthur a préparé. Ça sent divinement bon et c'est absolument délicieux. Les pains perdus sont grillés à la perfection. Le café est préparé juste comme je l'aime. Il a même pensé à nous mettre de la musique.

Je suis aux anges. Il me transporte dans une autre galaxie.

«Alors ?

— La perfection concentrée en un repas !

— Ouf, rigole-t-il. En fait, je n'ai jamais fait ça de ma vie. J'ai regardé la recette sur marmiton.»

On éclate de rire ensemble. C'est une vision bien idyllique de la vie. Si on était dans une comédie romantique, deux bambins débouleraient en courant de leur chambre en riant joyeusement.

«Et tu sais ce qu'on va faire maintenant ?

— Non, mais tu vas me le dire...

— Moi je vais nettoyer tout ça et toi tu vas prendre une douche bien chaude ! Je t'attends avec ta surprise, explique-t-il en passant dans mon dos et en déposant un bisous au sommet de mon crâne.»

Sans attendre, je vais dans la salle de bain. Il a même préparé des serviettes, sur le radiateur.

En ressortant de la chambre, habillée avec des habits que j'avais laissé ici la dernière fois que je suis venue, Arthur m'attend effectivement dans le salon. Il est installé dans le canapé et me fait signe de le rejoindre.

Je m'installe auprès de lui et prends un coussin sur mes genoux. Il passe son bras autour de mes épaules, m'attire près de lui et dépose un énième bisous sur ma tempe.

«Comme promis, il se trouve que j'ai un petit quelque chose pour toi»

Je me contente de sourire. Je sais qu'il est capable de lire ce que je ressens sans même un mot. Il trifouille de son côté du canapé et sort une petite boîte bleue marine de sous un plaid.

Il me la tend, confiant, en m'encourageant à l'ouvrir. J'effleure le velours du bout des doigts.

À l'intérieur, bien accrochée autour un petit coussin, se trouve une gourmette. Je suis subjuguée par sa finesse et son élégance. C'est un petit bijou doré. Il est composé d'une mince plaque, gravée à mon nom, et encadrée par deux chaînettes aussi raffinées que délicates.

«Elle est sublime ! Tu peux me l'attacher ?»

Il s'exécute fièrement. Mais il ne relâche pas mes mains. Il les garde, bien au chaud dans les siennes, en caressant leurs dos avec ses pouces.

Nos bouches encore arquées par le bonheur s'unissent une nouvelle fois.



Nouveau chapitre, nouvelle Laura !

"Encore !", me direz-vous.

Mais elle a tellement de choses à raconter, tellement de facettes à montrer.

C'était vraiment un régal à écrire !

DoubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant