Double

Chapitre 2

Pour la première fois depuis deux semaines, je suis enfin disponible pour aller chercher mes puces à l'école. Je me promets de passer plus de temps avec elles à l'avenir.

Les serrer fort dans mes bras, c'est la seule chose dont j'ai besoin avec l'audience catastrophique de cet après-midi. Cependant, j'ai l'impression de ne pas être à ma place au milieu de toutes ces mamans parfaites à la grille. Elles parlent gâteaux et couture. Quelle tête feraient-elles si je leur racontais que par ma faute, aujourd'hui un violeur a été libéré ? Je préfère me tenir à l'écart. Pas avoir à jouer la maman modèle, ni à parler boulot.

Une porte s'ouvre et met fin à mon supplice. Une marée de petits loulous d'à peu près sept ans sort d'une salle de classe en courant comme si leur vie en dépendait. Les petits cris de joie qu'ils laissent échapper pansent mon cœur.

Parmi ces enfants, il y a une petite choupette brune qui marche la tête baissée. Mais son visage s'illumine dès qu'elle me voit et se met à courir comme les autres. En réponse, je lui souris aussi et lui fait un petit coucou.

Dès qu'elle est à portée de bras, je m'agenouille à son niveau. Ma Salomé se jette de toutes ses forces contre moi et s'enroule autour de mon cou. L'odeur de son shampoing vient immédiatement chatouiller mes narines.

«Comment tu vas mon amour ?

— Super bien ! me lance-t-elle.

— Je suis désolée, j'étais déjà partie quand tu t'es réveillée ce matin, lui expliqué-je en l'embrassant.

— Ne t'inquiètes pas, Je me suis préparée avec papa et Laeticia.

— Elle fait quoi ta sœur d'ailleurs ?

— Sa classe est punie, les CM2 ont joué avec en ballon pendant une leçon alors ils vont sortir plus tard, rigole-t-elle.

— Ah d'accord. On l'attend, je vous ramène à la maison et on se fait un gros goûter entre filles.»

Elle me regarde toute joyeuse et acquiesce. Quelle insouciance ! Puis on voit une dernière classe arriver. Ils en tirent une tête... Ils ont dû avoir une journée bien pourrie eux aussi. Ma grande fille vient nous retrouver et nous réexplique le concept de punition collective. Elle en rigole. Soit elle a bien compris qu'après une bêtise on devait être punie, soit elle n'a pas retenu la leçon.

Dans la cuisine, je prends le temps de sortir leurs friandises préférées. Mes petites princesses sont installées dans le canapé quand je leur apporte un plateau rempli de biscuits, bonbons et chocolats. Je m'assieds entre elles deux et elles picorent dans les bols.

«Alors, racontez-moi vos journées les filles !

— Moi ! s'élance Salomé. La maîtresse nous a montré pour faire des soustractions.

— Et t'as compris ?

— Je crois... J'ai réussi les calculs des exercices.

— C'est super, je suis fière de toi. T'as fait que ça ?

— Nan. J'ai joué aussi. On a fait une balle au prisonnier. Et la maîtresse s'est un peu énervée.

— Ah oui ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Mathieu a voulu attraper Lucia mais il a mis sa main sur ses fesses et elle a pleuré parce qu'elle n'aime pas ça quand les garçons touchent les filles.

— Et elle a dit quoi la maîtresse ?

— Elle a dit que c'était interdit. Et qu'il ne devait pas recommencer. Mais lui il a dit qu'il faisait ce qu'il voulait et que c'était pas grave. Il a dit que c'était normal que les garçons essayent de découvrir les filles.»