Tressie, les yeux clos, prit une profonde inspiration. L'odeur iodée emplit ses poumons, les gonfla, et elle expira. Ses paupières se rouvrirent, exposant à sa vue cette plage qu'elle connaissait si bien. En arrière-plan, la vaste étendue d'eau composant l'océan. Sa surface, de la même manière que le ciel au-delà, se parait des lueurs de l'aube. Le soleil se levait.
Samedi 11 mars 2013. 6h15 du matin. Quatre jours s'étaient écoulés depuis la bataille de la centrale. Quatre jours qui avaient été dédiés au repos de son corps, mais aussi (et surtout) de son mental. Grâce à Lana, la jeune fille s'en sortait sans séquelles. Du moins physiquement. Psychologiquement, c'était une autre affaire.
Sam, par miracle, s'en était lui aussi sorti. Dahra et Quinn étaient parvenus à contenir l'hémorragie jusqu'à l'arrivée de la Guérisseuse. Dès le lendemain, il s'était défait de son titre de maire. Conscient que Tressie voulait encore moins de sa place que par le passé, il avait cette fois accepté son choix et délégué l'ensemble de ses responsabilités à Astrid.
Depuis, le garçon passait tout son temps sur sa planche de surf. Dès 5h du matin, il se rendait aux pieds des falaises, dans la crique que la paroi coupait en deux. Il posait sa planche à la surface de l'eau, se couchait dessus et ramait avec ses mains. Il allait aussi loin que possible. Et lorsqu'il devenait trop fatigué pour continuer, il se laissait dériver en profitant des rayons du soleil que plus jamais il n'aurait pensé pouvoir sentir sur sa peau.
Tressie, avec un léger soupir, descendit du muret où elle avait élu domicile. Elle hésita à marcher un peu sur la plage, mais renonça. Avec tout le sang qu'elle avait perdu, elle se sentait faible. Très faible. Il lui faudrait au moins encore une bonne semaine avant de retrouver une circulation sanguine qui lui permettrait de faire deux pas sans manquer de s'évanouir.
Aussi prit-elle la décision de s'installer là, dans le sable. Son dos se cala contre les briques irrégulières de sa précédente assise et, croisant une jambe pour la ramener contre son torse, elle l'entoura d'un bras. Un énième soupir lui échappa pendant que ses yeux restaient focalisés sur l'horizon. Aucune émotion ne traversait ses traits. Son expression, depuis la centrale, demeurait aussi terne que le goudron couvrant les rues de sa ville d'adoption.
Caine Soren, malgré tous leurs efforts pour l'en empêcher, était parvenu à délivrer le tube d'uranium. Ce n'est qu'après cet acte insensé qu'il s'était sorti de l'espèce de transe dans laquelle le Gaïaphage l'avait plongé. Se rendant compte du désastre qu'il venait de potentiellement provoquer, il avait accepté d'aider Dekka à boucher l'entrée de la caverne.
Le leader de Coates n'avait eu qu'une seule requête : obtenir l'autorisation d'y déposer le cadavre de son ancien bras droit. Il respectait le refus des enfants de Perdido Beach de lui offrir une tombe décente, mais laisser sa dépouille à la merci des charognards lui semblait trop inhumain. Tressie étant encore évanouie, la décision était revenue à Edilio. Et il y avait consenti.
Ainsi, après avoir déposé le corps de Drake dans le tunnel d'accès à l'ancienne mine et s'y être recueilli durant plusieurs longues minutes, Caine avait combiné son pouvoir à celui de Dekka. Ça avait été suffisant pour sceller l'entrée. Ils espéraient que ce serait assez pour dissuader quiconque d'y pénétrer... ou d'en sortir.
À l'instant où la dernière pierre roulait aux pieds des deux mutants, Lana en avait eu fini avec Tressie. Aidée d'Edilio, elle s'était relevée et avait marché jusqu'au groupe composant le reste des assaillants de la centrale. Drake et Chaz manquaient à l'appel. Le dernier cité avait été abattu par une balle de Dekka.
L'adolescente, en se retrouvant face à ses preneurs d'otage, avait failli ordonner leur exécution à tous. Le simple fait de les savoir en train de respirer le même air qu'elle lui avait été insupportable. Sans eux, rien de tout cela ne serait arrivé...

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Hunger [Gone T.2]
ParanormalPerdido Beach, Californie. Ou du moins avant, c'était la Californie. Maintenant c'est Perdido Beach, La Zone. Cela fait trois mois que tous les plus de 15ans ont disparu et qu'un dôme de trente kilomètres de diamètre coupe ceux qui sont restés du re...