Tressie arriva dans la longue file. Elle se pencha de biais pour voir le nombre de personnes la composant : un paquet. La discothèque fonctionnait bien, apparemment. Albert, à côté de la porte, gérait les entrées et les sorties. Il distingua l'adolescente et, avec un grand sourire, lui fit signe d'approcher. Elle s'exécuta et remonta la queue d'un pas tranquille.
– Tressie ! Quelle surprise de te voir ! Tu es bien la dernière personne que j'aurais espéré voir ce soir.
Tout en prononçant cette phrase, il lui avait pris la main pour la serrer chaleureusement. Autant de familiarité l'étonna, mais elle ne tenta pas de se dégager jusqu'à ce qu'il la relâche de lui-même.
– Ah bon ? Tu penses que je passe ma vie à travailler ?
– Non, bien sûr que non... Mais je ne pensais pas que tu verrais d'un bon œil l'ouverture de cet endroit. Du moins, c'est ce qu'Astrid m'a fait comprendre lors de la réunion.
– Ce n'est pas parce que je passe la majorité de mon temps avec Sam, Astrid et Edilio que l'on partage le même cerveau, Albert, lui fit-elle remarquer, amusée. C'est vrai que je ne comprenais pas trop l'ouverture d'une discothèque à un moment pareil, mais maintenant que je la vois, j'ai bien envie d'y faire un tour...
Le cadet parut enchanté par cette annonce. Aussi s'empressa-t-il d'assurer, son sourire encore plus large qu'une seconde auparavant :
– Tu es la bienvenue au sein de mon établissement, Tressie ! Normalement, je fais payer l'entrée trois piles ou un rouleau de papier toilette, mais comme c'est toi, tu peux passer gratuitement. En contrepartie, j'espère que tu interviendras en ma faveur auprès de Sam pour qu'il ne fasse pas fermer cet endroit.
Tressie, à l'entente de cette condition, esquissa un sourire narquois. « Forcément... » Si elle n'avait pas autant besoin de décompresser, sans doute aurait-elle envoyé bouler Albert face à cette ridicule tentative de corruption. Mais la tentation était trop forte. C'est pourquoi elle se contenta d'un simple :
– Je lui en toucherai un mot.
– Parfait ! Merci beaucoup. Avant de te laisser entrer, voici un rapide récapitulatif des règles à respecter à l'intérieur. Elles sont très simples : pas de nourriture, pas d'alcool et pas de bagarres. On ferme à 23h pour que personne ne soit trop épuisé pour travailler le lendemain. En ce sens, interdiction de protester quand je mets tout le monde dehors.
– Compris, chef.
La jeune fille, amusée par toutes ces mesures, se retrouva à rire de bon cœur. Mais elle retrouva son sérieux lorsqu'une pensée lui traversa l'esprit. C'est en baissant d'un ton qu'elle demanda :
– Albert, réponds-moi franchement : c'est toi qui as balancé pour Eddy et les vers ?
Son interlocuteur, face à cette question, perdit sa mine joviale et poussa un profond soupir ennuyé. Il finit néanmoins par répondre, apparemment vexé :
– Je vais te dire ce que j'ai déjà dit à Astrid quand elle m'a posé la même question : non, ce n'est pas moi. Je sais que je fais le coupable idéal, vu que j'étais le seul avec EZ à ne pas faire partie de votre petite bande. Mais je le jure, je n'y suis pour rien dans cette... fuite. Si toi non plus, alors tourne-toi plutôt vers Sam et Edilio. Eux aussi ont tout vu, à ce que je sache.
– Ok, murmura-t-elle. Ok... Je te crois. Je tenais juste à te le demander moi-même.
– Bien. À présent excuse-moi, Tressie, mais je dois gérer la file d'attente. Entre, je t'en prie. Et passe une bonne soirée.

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Hunger [Gone T.2]
ParanormalPerdido Beach, Californie. Ou du moins avant, c'était la Californie. Maintenant c'est Perdido Beach, La Zone. Cela fait trois mois que tous les plus de 15ans ont disparu et qu'un dôme de trente kilomètres de diamètre coupe ceux qui sont restés du re...