Amour inattendu

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En observant sa visiteuse, Kids se dit que ses chaussures la trahissaient. Sa mine était classique: un tailleur stylé, un maquillage discret et un chignon élégant, qui retenait ses cheveux noirs. Mais elle portait des talons aiguilles vertigineux, totalement inadaptés à toute vie professionnelle. Des escarpins de créateur, incroyablement sexy, que seule une jeune femme riche et gâtée pouvait s'offrir

De toute évidence, ce dossier lui prendrait beaucoup moins de temps que prévu. Dire que ses informateurs lui avait soutenu que Olivia Mensah avait l'intention de reprendre l'entreprise familiale..Ridicule !! Certes, elle revenait dix ans après avoir quitté Londres pour mener une vie frivole à travers le monde, mais comment croire qu'elle allait échanger sa dolce vita contre des journées de labeur acharné?

- Merci d'être venu Mademoiselle Mensah, dit Kids en se levant. Je vous en pris asseyez-vous. Puis-je vous offrir un café ? Un jus de fruit ? De l'eau ?
- De l'eau, ce sera parfait.
Il remplit deux verres et revint s'asseoir derrière son bureau.
- Merci dit-elle avant d'avaler une gorgée.

Jolie mains, nota Kids. Quant à sa bouche, on aurait dit un bouton de rose. Oui Olivia Mensah était belle. La plus belle femme qu'il ait jamais rencontrée, sans doute. Mais elle en avait forcément conscience et, de toute façon, il n'avait pas l'intention d'avoir plus qu'une relation commerciale avec cette enfant gâtée.

   « Monsieur », lui souffla une petite voix intérieure. Il fut bien obligé de l'écouter et d'admettre que, face à cette beauté, il ne pensait peut-être pas seulement aux affaires... Mais il n'allait certainement pas passer à l'acte. Il n'en avait pas le temps, surtout s'il voulait atteindre ses objectifs professionnels qu'il s'était fixés. Et jusqu'à ce que la mise en franchise de ses restaurants soit achevée, sa vie privée restait en retraite ; il ne céderait pas aux appels de sa libido.

   - Pourquoi vouliez-vous me voir, monsieur Kids ? Demanda la jeune femme.

   Kids s'étonna. Était-elle vraiment bête à ce point-là ? Alors le pauvre Alex Mensah avait commis une erreur monumentale en confiant les rênes de l'entreprise Mensah à sa petite-fille. D'après les informations que Kids avait reçu, tout ce qui intéressait Olivia, c'était de s'acheter une nouvelle tenue griffée pour chaque événement mondain, de boire le meilleur champagne et de conduire de nouvelle voiture de sport.

   Seulement, vu l'état des finances de l'entreprise familiale de fabrication de glaces artisanales, elle ne pourrait pas continuer ce genre de folie très longtemps.

   Il n'avait pas l'intention de chercher à profiter de la situation : il proposerait à Olivia un prix équitable, la même qu'à Alex. Ni plus, ni moins. Elle aurait l'argent dont elle avait besoin pour financer son train de vie et lui bénéficierait d'une marque réputée, qui lui permettrait de développer ses activités. Tout le monde serait gagnant, et il espérait que son interlocutrice verrait les choses sur cet angle.

   - J'étais en pourparlers avec votre grand-père pour racheter l'entreprise Mensah, répondit-il. Comme il vient de vous nommer P.D.G., je suppose que c'est avec vous que je dois négocier maintenant.
   - Je crois qu'il y a une erreur, monsieur Kids.
Kids ne put masquer sa surprise.
   - Ce n'est pas vous qui prenez la suite ?
   - Oh si, c'est bien moi, répondit-elle en croisant les bras. Mais l'affaire n'est pas à vendre.

   Olivia se délecta de la stupeur visible de Kids. Il avait l'air vraiment interloqué. Bien fait pour lui !  Cet homme cherchait à acquérir l'entreprise Mensah à un prix dérisoire.
Un homme séduisant, du reste, elle lui reconnaissait cela. Beau noir, une bouche sensuelle, des yeux sombres... Mais il n'en demeurait pas moins un prédateur. De toute façon, elle ne vendrait pas. Ni à lui, ni a personne d'autre.