En allant trouver le milliardaire Jonas Kids, Olivia n'avait qu'une idée en tête: le dissuader de racheter l'entreprise que lui a léguée son grand-père. Seulement, à peine franchit-elle la porte de son immense bureau surplombant la baie d'Abidjan qu...
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C'était si bon d'être de retour à Abidjan après dix ans passés à l'étranger — une année à parcourir le monde et neuf autres à séjourné à Londres, calcula Olivia. Comment oublier la mer d'un bleu d'encre, le vieux port de la capitale économique avec ses bateaux de pêche, la ville s'étageant à flanc colline? Ou le Castel des îles, comme un blond château de sable au bout du parc villa communale, le soleil couchant derrière les îles qui coloraient la mer d'une teinte violine et le ciel d'un doux rose? Et la silhouette tronquée des cocotiers comme une ombre sinistre sur la baie...
Tout cela lui avait manqué, de même que l'ambiance des "Abidjanais" avec leurs tempéraments de feu qui s'amusent avec tout et n'importe quoi... Ah l'ivoirien ! Se dit-elle.
Sauf qu'Abidjan ne lui apparaissait plus tout à fait comme avant, quand elle n'était encore qu'une adolescente insouciante. Aujourd'hui a la tête de l'entreprise familiale, elle représentait la cinquième génération des Mensah — la sixième plutôt. Ses responsabilités étaient immenses.
Une fois de plus, elle parcourt les comptes de l'entreprise, sans parvenir à trouver comment équilibrer. Sentant pointer un mal de tête, elle soupira et se massa les tempes. Jonas Kids avait peut-être raison après tout : elle manquait d'expérience. Que faire? Avouer a son grand-père qu'elle était incapable de diriger l'entreprise ? Ce serait le comble de l'ingratitude, étant donné qu'il croyait en elle. De plus, il avait soixante-treize ans et il il était temps qu'il profite d'une retraite bien méritée avec Clara. Ce qu'il aurait fait depuis des années, si elle n'avait pas perdu ses parents prématurément, songea Olivia avec tristesse. Non, renoncer n'était pas une option envisageable.
Demander conseil à Alain ? Son ancien patron l'aiderait à coup sûr, mais il luttait contre la maladie. Le pauvre n'avait certainement pas besoin de ce stress supplémentaire. Alors, sur qui compter ? Il y avait Émile Kouassi, le bras droit de son grand-père. Mais elle ne se sentait pas à l'aise avec lui, sans bien comprendre pourquoi d'ailleurs. Quant à ses amis, aucun n'était dans les affaires. Ce qui laissait... personne.
La solution la plus raisonnable serait de vendre l'entreprise à Jonas Kids. Mais en faisant cela, elle laisserait tomber son grand-père et romprait avec la tradition familiale. La dernière génération des Mensah liquidant tout les biens ? Inimaginable !
A moins que... Elle repoussa l'idée insensée qui venait de germer dans son esprit. Jonas Kids n'accepterait jamais. Et d'abord, était-il aussi doué qu'il le disait ? Repoussant ses dossiers, elle rapprocha son ordinateur et commença à faire quelque recherche sur lui. Étrangement, il n'y avait pas de clichés le montrant en compagnie de jolies femmes. Pas l'ombre d'un divorce houleux non plus. Cet homme semblait se tenir à l'écart des relations sentimentales et se consacrer uniquement au travail. Et cela lui réussissait, d'après ce que rapportaient les rubriques économiques. A trente ans, il possédait pas moins de dix restaurants. Assez impressionnant pour quelqu'un qui était parti de rien. Et la rumeur courait qu'il était sur le point de franchisée ses établissements.
