18

10 2 0
                                    


   La journée s'étira, interminable. Enfin, à l'heure convenue, Kids frappa à la porte du bureau.

   - Bonsoir, veux-tu un café ? Lui proposa Olivia.
   - Non merci. Qu'y a-t-il ? Un problème dans les comptes ?
   - Non, dit-elle en lui indiquant le fauteuil en face d'elle. J'ai pensé que tu aimerais savoir que...je ne suis pas enceinte. Voilà.
L'expression de Kids demeura indéchiffrable, et sa voix ne trahit aucune émotion quand il déclara :
   - C'est probablement mieux, non ?
Non, pas pour elle. Mais elle ne pouvait le lui avouer. Pas encore.
   - J'ai réfléchi, Jonas. A ce qui se passe entre toi et moi. Et...ce n'est plus comme au début.
Il fronça les sourcils
   - Qu'entends-tu par là ?
Olivia prit une profonde inspiration.
   - Ce n'est plus seulement du sexe et des conseils de gestion. Tu es obsédé par ton travail, tu peux te montrer pénible parfois et je ne sais jamais ce que tu as en tête. Pourtant, plus je te connais, plus je me rend compte que...
Elle buta sur l'obstacle des mots. C'était si difficile à dire. Mais Kids ne parlerait jamais le premier. C'était à elle de se jeter à l'eau, en espérant de toutes ses forces qu'il ne la repousserait pas.

   - Je me rends compte que je t'aime, conclut-elle d'une voix rauque.
Une émotion traversa les traits de Kids, mais si furtivement qu'elle ne put l'interpréter. Puis son visage redevint impassible.
   - Je suis désolé, Lia. Je n'éprouve rien de tel.
Pourtant, Olivia voyait une minuscule étincelle briller dans ses pupilles sombre. Il mentait ! Pourquoi ?
   - Ce n'est pas vrai, dit-elle lentement. Il s'est passé quelque chose entre nous, à Paris. Et j'ai entendu ce que tu disait.
   - Je me suis laisser emporter.
   - Où tu pensais que j'étais trop endormi pour m'en souvenir.
Kids soupira.
   - Très bien. Je l'ai dit, oui, c'est vrai. Mais ça ne peut pas fonctionner entre nous. Je ne peux pas courir ce risque.
   - Quel risque ? De quoi parles-tu ?
Il ferma les yeux quelque instants.
   - Comme j'ai commencé à te parler de mon passé, je suppose que tu es en droit d'en savoir d'avantage. Seulement je veux que tu me promettes une chose : ne me montre pas ta pitié.
   - Tu as ma parole. Répondit gravement Olivia.

   Ils ne savait nullement par où commencer, le stress commençait à monter. Mais il prit son courage et commença son " exposé ".

   - Quand j'avais six ou sept ans, mon père a perdu son travail et s'est mis à boire. Quand il rentrait, il nous battait s'il nous trouvait sur son chemin. Il a cassé le bras de ma sœur et frappait régulièrement ma mère a coup de poing. Il retrouvait du travail, mais il était licencié très vite parce qu'il buvait. Alors il s'enivrait d'avantage. C'était une spirale infernale. Il dépensait l'argent du ménage au café, si bien que nous n'avions rien à manger...
   Horrifiée, Olivia lui prit la main par-dessus le bureau.
Kids se rétracta aussitôt.
   - J'ai dit pas de pitié.
   - C'est seulement de la compassion, c'est différent.
   - Ce qui m'écœure le plus dans tout ça, reprit-il, c'est que tout le monde savait. Les commerçants qui refusaient de faire crédit à ma mère, les voisins...ils parlaient de nous mais n'appelaient pas la police. Personne n'a prit mon père à part pour lui dire d'arrêter. Ils n'ont pas non plus essayé de protéger ou d'aider ma mère.

   Olivia était sous le choc. Jamais elle n'avait imaginé que Jonas Kids avait connu un tel calvaire. Ce qui la choquait le plus, c'était qu'il pensait être animé à son tour de pire instincts.

   - Tu n'es pas comme ton père, lui assura-t-elle.
   - J'ai son sang. Et j'ai un tempérament violent.
   - Non, je le saurais.
   - comment ? Je me maitrise la plupart du temps, expliqua-t-il avec une ironie amère. Mais quand j'avais seize ans, j'ai vu mon père frappé ma sœur. J'étais presque aussi grand que lui. Je l'ai contré et je lui ai cassé le bras.
   Olivia leva les yeux au ciel. Comment pouvait-il penser que cela faisait de lui une brute ?

Amour inattendu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant