L'affreuse lumière du jour venait me réveiller brutalement. Le premier son que j'entendais, avant même d'ouvrir les yeux, était le moteur de ma petite Clio. Je pourrais le reconnaitre entre mille. En ouvrant les paupières, c'était un horrible mal de crâne qui m'assaillais. J'étais allongé sur la banquette arrière de ma fidèle voiture. Je me relevais afin de regarder qui pouvait bien la manœuvrer, et c'était en voyant l'arme à feu posée sur la cuisse droite d'un parfait inconnu que tout me revenait en mémoire. Mon agression et puis ce type qui était sorti de nulle part, venus me sauver puis voler ma voiture, m'emportant au passage comme un vulgaire objet. Mon premier réflexe était de regarder mon téléphone, mais celui-ci se trouvait dans mon sac à main, lequel était posé sur le siège passager à l'avant du véhicule. Je me rallongeais donc sur la banquette en fixant le plafond de ma Clio tout en espérant que l'inconnu ne m'est pas vu. L'idée de prendre le magnum posé sur sa cuisse et de le lui pointer sur la tête me traversait l'esprit, mais c'était sans compter l'accident de voiture qui se produirait si je faisais ça. Je décidais donc de ne rien tenter, pour le moment. Une question me brulait les lèvres, en fait il y en avait même deux. Je me relevais pour m'assoir normalement au milieu de la banquette. Je pouvais ainsi observer les yeux de mon ravisseur dans le rétroviseur intérieur. Ils étaient d'un bleu glaçant, un peu plus foncé que les miens. Il avait des cheveux noirs qui semblaient être mis coiffés, mi décoiffés. Ma peau légèrement plus écarlate lorsque ses yeux s'accrochèrent aux miens à travers ce même rétroviseur, j'étais prise en flagrant délit. Son regard retournait rapidement sur la route. J'en profitais donc pour me déplacer sur le côté, afin de voir mon propre visage dans le rétroviseur. Mon maquillage n'avait pas coulé, j'avais seulement un peu de mascara sous les yeux. J'essayais de l'enlever avec mes doigts, les humidifiant même avec de la salive, en vain. C'était un mascara waterproof. Je laissais finalement tomber et revenais au centre de la banquette.
- Qui êtes-vous ?
Le grondement redondant du moteur fut la seule réponse que j'obtenue. J'essayais de nouveau.
- Où allons nous ? Quelle heure est-il ?
Ses yeux glaçant scrutèrent dans ma direction, toujours à travers le rétroviseur.
- 15h.
Sa voix grave et son ton sec ne me donnaient pas du tout l'envie de lui faire la conversation, et il ne semblait pas le vouloir non plus. Mais il me fallait des réponses. je voulais surtout savoir ce que je faisais là et pourquoi ce type avait volé ma voiture. Avoir été droguée me paraissait inconcevable, car jamais je n'en n'avais pris auparavant. Jamais. Pourtant, avoir autant dormi m'avait fait un bien fou et j'avais enfin les idées claires ainsi que la force nécessaire pour me défendre seule. Je regardais le paysage défiler sous mes yeux, quand un panneau au loin m'interpelait. Je le fixais jusqu'à arriver à sa hauteur, que je puisse y lire clairement "Bienvenue en Californie". En Californie ?! Sérieusement !
- C'est une blague j'espère ? Ramenez-moi chez moi ! Immédiatement !
Bien que de profil, je pouvais clairement voir mon kidnappeur sourire, il se foutait royalement de moi. Nous avions passé deux États pour arriver jusqu'ici.
- Je veux retourner dans le Colorado. Ramenez-moi !
- Ou sinon quoi ? Articulait-il enfin.
Cette question me clouait le bec. Je n'avais aucun moyen de pression sur lui, il avait l'arme, je n'avais rien. Mis à part ma voix peut-être, pour l'insulter de tous les noms. Le pire était que pour le moment, personne ne devait s'inquiéter de ma disparition, les filles devaient penser que j'étais rentré tôt ou bien que j'avais ramené une aventure sans lendemain chez moi. Pour elles, je devais probablement dormir d'un sommeil imperturbable à cette heure. Mais elles se rendraient vite compte que quelque chose ne tourne pas rond demain, lorsqu'elles ne me verront pas à l'université.
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Le démon de Californie
RomanceOn nous a toujours appris que la vie était faite de telle façon que nous étions ce que nous étions. Si tu étais pauvre, tu avais peu de chances de t'en sortir. Si tu étais ringard, tu resterais ringard. Si tu étais une étudiante, c'était différen...