- Chapitre 3 - Le collier

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Mon corps s'éveillait lourdement, une seconde avant mon esprit, quand un bruit sourd résonnait dans la pièce. Je priais intérieurement pour qu'en ouvrant les yeux, je me retrouve dans ma chambre, que tout ceci n'eut été qu'un mauvais rêve; mais je me trompais. J'avais froid, j'étais allongée sur un sol dur et encore plus froid que l'air étouffant de cette pièce, et j'avais horriblement mal au cou, à l'endroit même où Matthias m'avait fermement étranglé hier soir. J'ouvrais les yeux et me relevai, m'asseyant avec difficulté contre les barreaux de la cage. Je découvrais devant moi un minable plateau avec un bout de pain et un verre d'eau. Comme si ça allait me suffire pour rester en vie. Mon kidnappeur voulait probablement me faire mourir de faim, afin qu'il puisse avoir la conscience tranquille. Quoique non, ce genre de personne avait toujours la conscience tranquille, même lorsqu'il avait abattu d'une balle dans la tête ce pauvre homme innocent. Je repensais alors à lui, il n'avait rien demandé à personne et le voilà six pieds sous terre à présent. Je me demandais ce qu'allait devenir son fils, s'il réussirait à tenir le coup en apprenant la mort de son père. J'espérais intimement que cet homme avait raison, que son fils se porterait mieux sans lui. De toute façon il n'avait plus le choix. Mes yeux se baladèrent dans la pièce et restèrent accrochés à l'endroit même où ce pauvre homme avait été tué. Hier dans la soirée, deux hommes étaient venus chercher le cadavre. Heureusement, car je n'aurais pas pu supporté de voir cette vision d'horreur à mon réveil. Je grelottais, me demandant maintenant quand mon heure allait-elle sonner. Je ne voulais pas mourir, ma mère me manquait, je ne l'avais pas vu depuis le dernier repas de famille, il y a trois mois déjà. Elle avait préparé des lasagnes avec l'aide de ma grand-mère maternelle, elles étaient délicieuses. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour en avoir tout de suite. Mon ventre grondait rien qu'à cette pensée. Je m'approchais du plateau ou était disposé ce pitoyable repas et prenais entre mes doigts le morceau de pain. Je n'en faisais qu'une bouché tant j'avais faim. Je buvais quelques gorgées d'eau puis m'essuyait le visage avec le reste. Je repoussais le plateau plus loin. Je m'ennuyais, comme si j'avais la possibilité de me plaindre. Je restais assise dans cette cage pendant plus d'une heure, je pense, puis je me levais pour marcher un peu et me dégourdir les jambes. J'avais mal partout. J'empoignai les barreaux de mes mains et essayai de faire bouger la cage, en vain. Elle était si solide que rien ne grinçait, pas même un vis défectueux. Je me laissais glisser contre les barreaux de ma cellule, je ne pouvais rien faire. J'entendais enfin la porte s'ouvrir et la lumière écrasante m'éblouissait brutalement. Quelqu'un commençait à descendre les escaliers. Ce fut en voyant l'imposante carrure que je devinais de qui il s'agissait. Il ouvrait la porte de la cage puis tirait une chaise de l'extérieur pour la rentrer et la positionner devant moi. Il en tirait une seconde et la plaçait près de moi, face à la première.

- Assieds-toi. M'ordonnait-il, impatient.

Je ne me faisait pas prier et m'asseyais sur la chaise qu'il venait de mettre à ma disposition. Matthias s'asseyait lui aussi, de sorte à ce que l'on soit face à face. Il avait laissé la porte de ma cellule ouverte, il avait vraiment confiance en lui pour se permettre de négliger un détail aussi important. C'était ma porte de sortie. Ayant auparavant enlevé mes talons, plus rien ne m'empêchait de tenter une fuite. Mon ravisseur tenait dans sa main droite mon sac à main. Nous nous fixions quelques secondes; jusqu'à ce qu'il en sorte mon permis de conduire.

- Lucie Benson, 20 ans. Articulait-il en reposant ses yeux sur moi. Que vais-je bien pouvoir faire de toi ?

Il avait une voix grave m'en faire peur, elle imposait un certain respect et une crainte venait s'immiscer dans mon coeur. Qu'allait-il faire de moi ? Voilà toute la question. Je n'osais pas parler, je n'osais pas lui répondre, même si un million de mots voulaient sortir de ma bouche. Il parlait plus calmement qu'hier. Ça me rassurait un peu, mais pas suffisamment. Je voulais partir d'ici, l'abandonner là, prendre mes jambes à mon cou et m'évader de cette foutue prison.

Le démon de CalifornieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant