- Réponds-moi, j'ai besoin de savoir, insistait-il.
Je cherchais mes mots, était-ce une question piège ?
- Tu me laisserais vraiment rentrer chez moi ?
- Réponds à ma question et je répondrais à la tienne.
- Si tu me donnais le choix, je ne choisirais pas.
- Explique toi.
- Ma vie d'avant me manque énormément, mes parents et les jumeaux me manques, mes amis aussi, la fac et les soirées... Mais je ne suis pas sûre de pouvoir retrouver une vie tout à fait normale après ce que j'ai vécu, car j'ai changé, en un mois et quelques semaines tu m'as transformée en quelqu'un d'autre. J'ai découvert un nouveau monde, aussi horrible soit-il. Si je retourne à ma vie d'avant je ne pourrais jamais faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. En me kidnappant ce soir-là, tu as tout changé. Le pire c'est que je ne sais même pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, tout ce que je sais, c'est que je commence à y prendre goût.
Matthias hochait la tête, il semblait réfléchir à ce que je venais de dire, les plats arrivaient entre-temps.
- Depuis quand ?
- Depuis quand quoi ?
- Depuis quand tu commences à aimer cette vie ?
- Depuis que tu m'as envoyé en mission pour en savoir plus sur Georgia. Depuis que... Depuis que j'ai fait l'impensable avec ses hommes. Mais je crois que ça a commencé bien avant ça, depuis la soirée peut-être.
Je n'osais pas dire le mot de peur que quelqu'un dans le restaurant m'entende dire que j'avais assassiné un homme. Moi-même en disant ça tout fort je ne me croyais pas, mais c'était pourtant vrai. Peut-être que j'étais une sociopathe au final, peut-être que j'étais prédestinée à devenir une tueuse. Non, ce que j'avais aimé, c'était d'avoir eu le pouvoir de me défendre, de sauver ma peau, ce que j'avais aussi aimé, c'était tout à l'heure quand je tenais l'arme et que j'avais ordonné à Francis de laisser Matthias. Ce que j'aimais, c'était le pouvoir.
- Donc, tu aimes tuer des gens ? Avait-il chuchoté.
- Je n'ai jamais dit ça ! M'exclamais-je un peu trop fort.
Matthias fronçait les sourcils.
- Qu'est-ce que tu aimes là-dedans alors ?
- Je ne sais pas vraiment, l'adrénaline peut-être.
- Un jour tu t'en lasseras et tu te préoccuperas d'autres choses.
- Tu dis ça d'après ton expérience ?
- Pas forcément, mais j'ai l'impression que tu prends ça comme un jeu, hors c'est loin d'en être un.
- Crois-moi, ce n'est pas un jeu pour moi, j'ai constamment peur quand je suis dans une mauvaise situation, comme tout à l'heure, mais il fallait que je laisse ma peur de côté pour être rationnelle et trouver un moyen de t'aider.
- Je n'avais pas vraiment besoin d'aide tout à l'heure.
- Ah oui ? Je souriais fièrement.
- Mais tu as été plutôt utile.
- Merci du compliment, Dudule.
Le visage de Matthias changeait soudainement, il paraissait être surpris.
- C'est de la provocation ça, et tu sais ce qu'il se passe quand on me provoque.
- Tu piques une crise ? J'avouais être d'humeur assez joueuse.
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Le démon de Californie
RomanceOn nous a toujours appris que la vie était faite de telle façon que nous étions ce que nous étions. Si tu étais pauvre, tu avais peu de chances de t'en sortir. Si tu étais ringard, tu resterais ringard. Si tu étais une étudiante, c'était différen...