Une semaine venait de s'écouler depuis notre virée chez mes parents. Pendant ce temps, je n'avais pas fait grand-chose. Je pensais beaucoup à ma nouvelle vie de détenue et surtout, je venais de réaliser que tout avait réellement changé, il ne s'agissait plus d'un mauvais rêve dons je me réveillerais, mais de la réalité. Je commençais moi-même à changer et mon comportement envers Matthias évoluait. Je savais que je resterais à ses côtés pour une durée indéterminée, je ne voulais pas me laisser marcher sur les pieds, mais je ne voulais pas non plus passer mon temps à le craindre. S'il ne m'avait pas encore tué, c'était qu'il ne comptait pas le faire. J'avais cessé de me demander pourquoi, tant que je pouvais respirer je n'allais pas m'alourdir de tant de questions qui pour le moment, restaient sans réponse. Je ne prenais plus autant ses menaces proférées envers moi au sérieux, contrairement à celles menées envers mes parents et mes amis. Je ne le connaissais pas encore assez, mais je savais qu'il était capable du pire, je l'avais déjà vu à l'oeuvre. Lorsqu'il passait à l'acte, je ne voyais aucune émotion traverser ses yeux, comme s'il n'avait pas d'âme. J'essayais de vivre avec cette idée que j'allais devoir d'une façon ou d'une autre le supporter. J'étais résignée. Je ne baissais pas totalement les bras, j'attendais simplement la bonne occasion. Nos derniers échanges étaient brefs et sans complications. Pour le moment j'essayais de ne pas avoir affaire à lui.
Pourtant, je repensais souvent à ce qui s'était passé lors de notre rencontre avec mes parents, je n'arrêtais pas de me dire que c'était une mise en scène, et s'en était une. Malgré tout, les mots restaient les mots. Et je ne savais pas pourquoi, mais même s'il n'avait pas d'âme, je savais qu'il y avait quelque chose en lui qui le perturbait, qui le rendait unique. Son comportement avait également évolué envers moi, je ne savais pas si c'était en bien ou en mal, seulement que nous en étions venus à nous éviter dans la maison même où nous cohabitions tous les deux. Toutes ses questions qui me perturbaient affluaient toujours malgré mon intention de les faire taire, je devais accepter la situation sans chercher plus loin, mais je n'y arrivais pas. J'étais la victime pas l'agresseur, et pourtant je me sentais de moins en moins comme une victime.Ces derniers temps je me sentais plutôt comme une coquille vide. J'avais l'envie de faire des choses, mais au fond de moi, c'était comme s'il ne restait plus rien. Je me sentais terriblement seule, si je n'avais pas d'interaction sociale rapidement je sentais que j'allais m'effondrer. Heureusement pour moi, aujourd'hui nous étions jeudi, ça voulait donc dire que je pourrais sortir prendre l'air, voir du monde et changer de cadre. Au point où j'en étais arrivé, j'hésitais même à interpeller des gens dans la rue pour leur demander d'avoir une conversation, le sujet m'importait peu, mais Matthias ne le permettrait probablement pas. Des coups à la porte me réveillais de mes profondes réflexions.
- Entrez.
Matthias apparaissait dans l'encadrement de la porte.
- Tu veux faire quoi aujourd'hui ?
- Je ne sais pas trop...
- On va aller faire les magasins dans ce cas.
Je hochais la tête, ça m'allait très bien comme programme. Je le trouvais étrange, le ton de sa voix était comme à son habite calme et posée, mais pas non plus aggressive ou menaçante.
- Prépare toi, il est déjà 15 heures, je ne vais pas t'attendre jusqu'à 15h30.
Puis il sortait de la chambre sans prendre la peine de refermer la porte derrière lui. Je me levais du lit et enfilais mes chaussures en soufflant, j'étais prête depuis ce matin, j'avais hâte de sortir contrairement à ce que monsieur pensait. Je descendais au rez-de-chaussée, il m'attendait dans la cuisine, un verre d'alcool entre les mains. Soit c'était vraiment un alcoolique, soit il aimait s'adonner à reproduire le cliché des parrains.
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Le démon de Californie
RomanceOn nous a toujours appris que la vie était faite de telle façon que nous étions ce que nous étions. Si tu étais pauvre, tu avais peu de chances de t'en sortir. Si tu étais ringard, tu resterais ringard. Si tu étais une étudiante, c'était différen...