Je montais en silence dans la voiture. Je déposais le sac à dos à mes pieds puis m'attachais. Matthias reprenait la route en direction de chez lui -chez nous. Il roulait à une allure normale, comme si tout allait bien, comme si je n'avais pas tué quelqu'un. J'étais traumatisée, incapable de lui faire un rapport de la situation. Cette Georgia était un monstre.
- Alors ? Ça s'est passé comment ?
Voilà la question qui devait lui brûler les lèvres. Voilà cette fameuse question à laquelle je ne répondrais pas. j'étais tout bonnement incapable de placer deux mots dans une phrase. Ma gorge était nouée, j'étais prête à exploser en sanglots, mais je me contrôlais.
- Je t'ai posé une question. Continuait Matthias, calmement, et en prenant un virage à gauche.
Comment lui dire, comment lui expliquer la situation, comment la résumer avec de simples mots ? Je ne pouvais pas, comme si mes cordes vocales étaient paralysées. J'avais de plus en plus de mal à retenir ma bruyante respiration, à retenir le flot de larmes qui voulaient s'échapper de mes yeux. Qu'étais-je devenue ? En quoi Matthias m'avait transformée ? C'était sûr, je ne me reconnaissais pas. Jusqu'à arriver chez nous, Matthias ne m'avait pas reposé cette horrible question, je lui en étais reconnaissante. Je n'avais pas prononcé un mot non plus. En sortant de la voiture, j'étais bancale, j'avais l'impression que je ne réussirais pas à rester debout très longtemps. Depuis la seconde où je l'avais vu tomber en arrière, je me repassais le film dans ma tête, non pas que je le veuille, je ne contrôlais absolument plus rien. Alors que j'allais emprunter les escaliers, Matthias me retenait par le bras.
- Lucie, qu'est-ce qui s'est passé ?
Je me retournais lentement. Le sac à dos me glissait des mains et venait tomber à mes pieds, mon regard suivait sa chute. J'étais frêle, je ne comprenais pas ce qu'il se passait dans mon corps.
- Tu veux jouer avec ma patience ? C'est ça hein ? Qu'est-ce que cette pute a bien pu te dire sur moi ? S'énervait-il enfin.
Le ton montait progressivement, je restais muette. Il posait ses deux mains sur mes épaules et encrait profondément son regard dans le mien.
- Tu veux retourner en bas ? Ma patiente à certaines limites que tu es en train de dépasser.
Il faisait sans doute allusion à la cage, ma cage. Ses menaces n'avaient plus aucun effet sur moi, après ce que je venais de faire, c'était peut-être ce que je méritais. J'allais exploser.
- Répond-moi ! Parle !
Je ne pouvais plus me contenir, je fondais en larmes alors que mon corps n'arrivait même plus à me soutenir, je m'écroulais à genoux devant lui. Matthias s'accroupissait à mon niveau immédiatement. Il me regardait sans comprendre ce qu'il se passait. Je réussissais à marmonner quelque chose, je n'arrivais pas à le dire clairement. Le dire à voix haute reviendrait à rendre réel ce que j'avais fait.
- Quoi ? Me demandait-il de répéter, plus calmement.
- Je l'ai tué...
Des perles d'eau roulaient sans cesses le long de mes joues, j'avais explosé.
- Je l'ai tué !! Hurlais-je à pleins poumons, mes pleurs augmentaient à vue d'oeil.
Matthias venait placer ses mains sur mes épaules, puis il m'attirait dans ses bras, ce qui avait pour conséquence de le déséquilibrer, et me voilà allongée dans ses bras, par terre, à pleurer comme une enfant de 5 ans la mort de quelqu'un que j'avais sauvagement assassiné.
- Chut, chut ça va aller... Tentait-il de me rassurer.
- Non, non ça ne va pas aller, j'ai tué quelqu'un... Arrivais-je à articuler entre deux sanglots.
VOUS LISEZ
Le démon de Californie
RomanceOn nous a toujours appris que la vie était faite de telle façon que nous étions ce que nous étions. Si tu étais pauvre, tu avais peu de chances de t'en sortir. Si tu étais ringard, tu resterais ringard. Si tu étais une étudiante, c'était différen...