- Chapitre 28 - Confidence

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La voiture de Francis avait disparu, Matthias était certain qu'elle avait été volée, en même temps il s'agissait d'une voiture de sport avec les clés sur le contact. Qui aurait laissé passer cette chance ? Ainsi, le voleur serait le principal suspect dans la disparition de Francis, ça nous enlevait un certain poids. On était ensuite allé jeter le corps dans la mer, nous venions juste de rentrer à la villa. J'étais au salon en train de nettoyer les restes du passage de Georgia, Miel jouait avec un bout de carton sur le côté tandis que Matthias était directement partit à la douche. J'avais remis de la musique, je préférais une bonne ambiance à celle laissé par Georgia. S'en était fini, j'espérais ne plus jamais entendre parler d'elle. Il fallait également que je mette de côté mes états d'âme et mes probables futurs regrets, nous n'avions pas eu le choix. Une fois le ménage terminé, je passais moi aussi à la douche, il fallait que je nettoie les dernières traces de sang sur ma peau. J'entrais alors que Matthias sortait, il y avait une simple enroulée autour de la taille, j'attardais mon regard sur les traits de son corps, nous nous croisions sans prononcer un seul mot. Je m'enfermais dans la salle de bain et entrais sous la douche. J'humidifiais mes cheveux puis prenais le savon. Je frottais énergiquement à l'endroit où le sang de Georgia m'avait touché, si bien que ma peau devenait rougeâtre. Je sortais de la douche après m'être fait un shampooing. Mon regard restait fixé sur le miroir, je détaillais mon reflet, je me demandais si je ressemblais vraiment à ça en réalité, je me demandais si j'allais réussir à ne pas perdre la tête après avoir sauvagement assassiné trois personnes. Deux hommes, une femme.

Je m'étais habillée avec d'autres vêtements, je ne voulais pas remettre ceux que je portais quand j'étais passé à l'action. Je descendais au rez-de-chaussée et ouvrais sans prendre la peine de frapper la porte du bureau de Matthias. Il n'était pas là, ni dans la cuisine, ni dans le salon. Je remontais puis frappais à la porte de sa chambre.

"Entre"

Il s'était réfugié là, alors. J'ouvrais la porte et le trouvais assis sur le lit, son téléphone entre les mains. Je refermais la porte après moi et m'asseyais à ses côtés. Je regardais le sol, les mains jointes devant moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? M'avait-il demandé en rangeant son portable, je sentais son regard inquiet sur moi.

- Rien... Je ne veux pas être seule, c'est juste ça. Je te dérange pas ?

- Non, moi non plus je n'ai pas la tête à travailler.

- Pourquoi ? Ce genre de chose fait partie de ton quotidien, alors que moi non.

- J'ai quand même partagé des moments avec elle.

Je relevais la tête vers lui, j'encrais mes yeux dans les siens.

- Tu regrettes ? J'avais peur de sa réponse.

- Pas du tout, et toi ?

- Étonnement, non. Mais, avoir eu l'idée de faire ça, et passer à l'action sont deux choses totalement différentes.

- Je le sais bien, mais je sais aussi que tu es assez forte pour surmonter ça.

- On en parle à personne, hein ?

- Je vais devoir en informer quelques membres des B.A.

- Je comprends... Dis, on peut parler de tout et de rien, à part de ça ?

Je voulais penser à autre chose, j'en avais marre de me poser des questions sur ce qui venait de se passer, était-ce bien, ou mal ? Juste, ou injuste ? La balance penchait malheureusement des deux côtés.

- Comme quoi ?

- Raconte-moi comment tu as rejoint les B.A ?

- Si tu veux. J'avais 19 ans, c'était un an après que ma mère ai fuit ses responsabilités, je me suis retrouvé dans la merde jusqu'au cou à devoir rembourser ses dettes de jeu. Tous les poissons les plus pervers de la ville me coursaient, j'ai dû abandonner la vieille baraque où nous habitions, laisser les autres derrières moi et m'enfuir, j'étais devenus S.D.F, mais j'étais malin, je dormais soit dans des maisons abandonnées, soit je rentrais carrément chez les gens pour dormir dans leur garage. J'avais toujours une solution pour passer la nuit. Quelques mois après je pensais que je m'étais fait oublier, je suis retourné chez moi. Tout le monde avait disparu, il n'y avait plus personne, c'était comme si la maison avait été abandonnée depuis des années. Ça m'a foutu un coup et il fallait que je trouve de quoi manger. Jusqu'alors je m'étais débrouillé en fouillant les poubelles des restaurants ou en volant, mais j'en voulais plus. Alors j'ai commencé à travailler au black, avec tout l'argent que je gagnais à cette époque j'aurais pu aisément rembourser les dettes de ma mère, mais je ne pensais qu'à ma gueule alors je n'ai rien fait, de toute façon pour ceux à qui je devais de l'argent, j'étais mort dans les bas-fonds de la ville depuis longtemps, je pensais que je n'aurais plus rien à craindre. Je m'étais trouvé un ridicule appartement, au début ça me convenait, mais j'en voulais encore plus, alors je me suis procuré une arme et j'ai commencé à braquer mes clients, j'encaissais d'énormes sommes d'argent et je faisais taire mes clients en les menaçant. À chaque fin de journée j'allais au bar, toujours le même, et je discutais avec un ami que je m'étais fait à la longue, il s'agissait d'Enckell, à cette époque il ne travaillait pas encore pour les B.A. Il me racontait son passé de militaire et moi je lui avouais avec honte le travail que je faisais pour m'en sortir. Un soir alors que j'avais amassé plus de 6 000$, j'étais allé au bar, j'ai pris mon verre de whisky et je suis sorti, deux hommes m'ont alors plaqué contre le mur d'une petite ruelle et un homme assez grand, très costaud et habillé comme un mafieux s'est avancé devant moi. Il s'est présenté sous le nom d'Henry. Il était au courant de mon business, je ne savais pas comment il l'avait su. Dans la logique aucune de mes victimes n'avait parlé, à moins qu'un de ses hommes m'ait vu en pleine action. Il m'a posé plusieurs questions sur mon mode d'opération et comment je trouvais mes victimes. Ce que je lui ai raconté l'a surement convaincu, puisqu'il m'a proposé un deal, j'ai accepté, et me voilà devenu bras droit d'Henry en quelques longues années.

Le démon de CalifornieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant