Vérité cachée

Chapitre 28

Je ne suis pas allée voir Ash en prison, Lord s'en est chargé et je l'en remercie. Je ne veux pas le revoir. Une page se tourne et je ne veux pas remuer le passé. Ça suffit !!! Les sentiments que j'ai pour lui commencent à diminuer au fur et à mesure que j'occupe mes pensées par la boutique, ma démission et dernièrement Thomas.

L'ouverture de Azteca est dans deux jours et il faut que j'invite plus formellement Thomas. Je veux qu'il soit présent, c'est pour ça que je suis devant son immeuble après avoir passé la journée à préparer les derniers détails. J'aurais pu lui envoyer un message, mais il ne m'aurait pas répondu, donc j'ai pris le risque de venir.

Je regarde encore une fois la façade et les souvenirs me reviennent. Le large sourire de Thomas, son humour taquin, ses agates profondes ainsi que sa bouche de braise, notre discussion. Tout en lui me manque, mon corps le réclame et mon cœur hurle pour ses mots doux. Est ce que ça marchera entre nous? Je ne saurais le dire, pourtant ce que je sais c'est que je ne veux pas le rayer de ma vie.

Mes pas ne sont pas assurés lorsque je traverse la porte d'entrée. Je me sens comme une adolescente qui va avouer son attirance pour un garçon et qui ne sait pas comment s'y prendre. Ridicule ! Je crois que je suis même entrain de rougir, c'est possible ?

Chaque pas vers l'ascenseur m'oblige à ne pas perdre le courage. Mon cœur balance à chaque étage qui défile sur l'écran et ce n'est pas la déco magnifique qui rayonne sur les vitres qui me font sentir meilleur.

Putain ! Je ne suis pas une gamine!

Je ferme les yeux pour me donner contenance une fois que la porte de l'ascenseur s'ouvre.

Quelques pas en avant et c'est le silence qui m'accueille. Il n'est pas à la maison. Je me suis préparée pendant tout le trajet et il n'est pas là.

Déçue, je tourne les talons lorsque j'entends des voix.

Thomas ?

Je lève le regard, il se présente devant moi avec une belle femme à ses côtés. Il me fixe surpris et son accompagnatrice me sourit posant ensuite la main sur son épaule.

- Je pense que tu as des choses plus intéressantes à faire !

Après m'avoir fait un clin d'œil, elle appelle l'ascenseur en nous laissant seuls. Je reste étonnée de voir qu'elle n'a même pas essayé de me rabaisser ou me menacer de me prendre Thomas. Son regard m'a montré qu'elle savait qui j'étais et son sourire était complice de notre histoire.

Il ne bouge pas me scrutant sérieusement, croisant les bras sur sa poitrine attendant que je parle. Je dévie mon regard, perturbée de l'avoir devant moi.

- Thomas..., je déglutis difficilement. Je voudrais t'inviter encore à l'ouverture de la boutique d'ici deux jours. J'aimerais vraiment que tu viennes.

- Et pourquoi ?

Sa voix. Grave et rauque est un chant de sirène pour mes oreilles même si en ce moment elle est dure. Il me fixe en attendant ma réponse à sa question.

Cette distance qui s'est installée entre nous me dérange. Sa froideur me rappelle son métier, ne pas montrer d'émotions doit être une des conditions d'admission. Je sais qu'il faut qu'on s'explique, mais ce n'est pas le moment.

- Parce que je tiens à toi.

Ma voix tremble et je rougis à mon aveu. Je me sens intimidée face à l'homme qui a confessé son attirance pour moi. Il libère ses bras, je soupire plus confiante. Il s'approche comme un félin devant sa proie tandis que ses agates observent mes traits pour vérifier la véracité de ma réponse.

Son allure me laisse essoufflée. J'ai même la bouche sèche de ne pas pouvoir contrôler mon désir pour cet homme, alors que ce n'est pas du tout le moment pour cela. Je racle ma gorge baissant le regard en continuant dans mon élan du mieux que je peux.

- J'étais sincère, tu me manques, dis-je faisant référence au texto que j'avais envoyé. Je pense à toi sans arrêt. C'est de l'amour ? Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que ça me manque d'entendre ta voix, de m'appeler bonne femme de neige, de passer du temps avec toi, de t'entendre rigoler.

Je laisse le silence s'installer entre nous avant d'annoncer l'aveu le plus dur. Mes yeux s'accrochent aux siens pour chercher le sentiment qu'il avait envers moi.

- Tes baisers me manquent.

Une étincelle illumine son regard sombre pendant que son corps réagit à ma phrase se crispant. Je touche le bracelet qu'il m'a offert et je souris.

- Je ne l'ai jamais quitté. Je sais que c'est grâce à lui que tu m'as trouvé la nuit qu'on est allé chercher Manel.

Ses yeux s'écarquillent, se retenant de bouger.

Eh oui, c'était lui. Ça m'a pris du temps pour reconnaître cette silhouette. J'ai même rêvé durant plusieurs nuits et à chaque fois que je me réveillais, je touchais le bracelet. Après une semaine à réfléchir sur mon rêve et mon attitude automatique, j'ai reconnu la personne. Au début, je ne voulais pas y croire. C'était impossible ! Comment savait-il que j'étais là ? Qu'on était là ? On n'avait pas parlé depuis notre dispute.

Un jour, quand j'enlevais le bracelet avant de me doucher, j'ai senti une bosse à l'extérieur. Intriguée, j'ai détaillé l'objet et j'ai vu une sorte de micro-puce fixée au rebord. Incroyable ! J'étais à la fois furieuse qu'il m'ait espionné et heureuse qu'il se soit inquiété pour moi après tout.

- Viens Thomas ! S'il te plait.

Je m'approche doucement et ma main se réfugie sur sa joue. Tremblante, je colle mes lèvres au coin des siennes dans un baiser tendre.

Je le contemple une dernière fois, suppliant pour qu'il vienne, et je pars avec le cœur lourd mais soulagée de voir que je lui fais encore de l'effet. Son regard ainsi que son corps m'ont montré que je lui plais toujours. Même impassible, ses agates m'ont révélé ce qu'il cachait et je me sens conforté.

Il a gagné une place en moi, a conquis un morceau de mon cœur, de ma vie et je ne veux pas le perdre. Pas lui qui depuis le début me soutient, me chéri sans que je ne le lui demande et sans rien attendre en retour de ma part.

Le destin m'a donné une deuxième chance, je veux la saisir ! Je ne veux pas perdre l'opportunité d'être heureuse à ses côtés dont je suis certaine que je le serais. Il m'a montré à plusieurs reprises dans ses gestes, dans son attitude, dans ses yeux profonds et dans sa bouche que seul mon bonheur était important pour lui. Je frissonne en remémorant ses baisers intenses qui me plongeaient dans un monde inexistant où la douleur, le jugement, la peur n'avaient pas lieu.

Je veux m'abandonner à cet homme aimant, drôle et tendre. Je veux unir mon corps au sien pour la première fois.

Je souris à cette pensée. Malgré notre envie ainsi que le désir puissant qu'on ressentait on n'a jamais franchi le pas. Par crainte de souffrir et de faire souffrir, je crois. Ensemble on marchait sur un terrain miné tout ce temps, toujours avec prudence pour ne pas se faire exploser.

Bien sûr que ce n'est pas la même passion que j'avais avec Ash. Avec ce dernier, j'étais impulsive, plongée la tête la première sans penser aux conséquences. Entre nous c'était explosif, primitif. Trop d'intrigues, trop de non-dits, trop de malentendus et trop d'énigmes. Un jeu de chat et de la souris qui m'a fatigué au fil du temps. En plus du jeu de cache cache, cacher les émotions, cacher les sentiments qu'on avait à l'égard de l'autre.

Je suis prête à passer au-dessus de tout ça pour réussir à être heureuse avec Thomas. Une relation calme, pas de malice, pas de manipulations.

C'est la force de remonter qui va m'aider à aller de l'avant et à redécouvrir une nouvelle façon d'aimer, une nouvelle façon de conquérir le bonheur. Et avec Thomas je vais y réussir. Il va être le pilier qui va m'aider à reconstruire ma vision de regarder la vie. C' est l'horizon que je veux atteindre et sur lequel je veux envisager mon futur.

Mon Olaf ! Mon Thomas !