Vérité cachée

Chapitre 24

Après m'être séchée convenablement, j’enfile mon équipement de moto. J'ai fais la folle, mais maintenant il faut prendre conscience du danger.

Partant de la plage, je vérifie si je n’ai rien laissé derrière moi, je vois des gens sous l’eau. Finalement je ne suis pas l'unique !

Mais le temps de détente est terminé, il faut faire face au dernier détail. L’argent ! Ne pouvant pas me promener à chaque fois avec quand je sors, je décide que le seul lieu sûr pour le garder serait la banque.

C’est risqué, je sais, mais j’irais le mettre sur mon compte de manière à ce qu’il ne soit pas saisi ou que les finances ne voient rien de suspect.

Je me presse de passer la porte de la banque, je demande à parler à mon conseiller. La banque n’a rien d’exceptionnel avec son comptoir en bois qui longe l’entrée et ses poutres en ciment, c’est plutôt son côté Work café qui attire l’attention.

Des petits bureaux sont disposés du côté gauche de la banque, ayant une connexion Internet illimitée avec des prises disponibles pour connecter les ordinateurs ou d’autres appareils. Il y a même une salle de réunion qui peut être louée à l’heure ou à la journée. Chaque jour, plus de gens préfèrent ce genre de lieu, pour ne pas payer un loyer  contraint d’avoir la responsabilité de débourser même s' il n’y a pas de profit.
 
Mon regard glisse maintenant derrière l’hôtesse qui m’a accueilli vers un homme d’une cinquantaine d'années . Ses lunettes de vue carrées, grand et peu de cheveux grisonnants , mon conseiller avance d’un pas assuré.

-  Ayla ! salue-t-il en me faisant la bise. Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu !

-  C’est vrai James !

-  Allons dans mon bureau ! me désigne-t-il une porte derrière lui.

Je connais James depuis que mes parents adoptifs ont ouvert un compte à mon nom. Je lui ai expliqué ce que je voulais faire et il me regardait inquiet. Il a tout de même essayé d’avoir plus de détails mais je lui ai dit seulement que l’argent était l'héritage de ma famille biologique. Il a sondé mon visage et mon corps pour voir si je mentais, mais je le fixais tellement qu’il a cédé.
Après une négociation difficile, il a décidé de m’aider et proposé de mettre l’argent dans un coffre. Normalement dans les coffres on met des choses de valeurs, bijoux ou autres mais pas autant d’argent.

-  Il faut absolument que l’argent rentre dans le coffre, Ayla !

-  Ok.

J’ai passé la prochaine heure à signer des papiers de responsabilité et d’ouverture d’un coffre. Enfin, je me retrouve dans une pièce où des boîtes métalliques se multiplient face à moi. Tremblante, j’ouvre la porte de celui-ci que James avait désigné comme le mien et je retire l’argent du sac.  Les paquets d’argent sont disposés de manière à équilibrer la boîte comme si ça faisait la différence sur le poids. Je me sentais débile de le ranger dans ce style, mais j’avais besoin de me rassurer d’une quelconque façon.

Ma respiration devient erratique ne m’aidant pas à soulager le stress qui monte dans mon corps. Si les choses tournent mal, c'est à moi de payer les conséquences. J’ai décidé de déposer l’argent sale quand même à mon nom.
Je remets le caisson dans l’espace vacant le poussant fortement. J'humidifie mes lèvres sèches avec ma langue pour me détendre. Je ferme, tourne la clef et garde cette dernière dans ma poche.

Voilà ! c’est fait !

Je sors laissant le garde fermer la porte de fer qui enferme ce lieu secret. James me salue une dernière fois et mes pas me guident vers la sortie. Le sac tombe dans la poubelle la plus proche. Je ne pouvais plus le voir, maintenant que je n’avais rien à  cacher, pas besoin de le traîner avec moi.

Déjà au-dessus de ma moto, je respire lentement, mon portable me signale l’arrivée d’un texto. C’est Lord.

« On a trouvé des pistes sur les kidnappeurs et on a fait des recherches.  Je crois savoir où est Manel. »

Je l’appelle sur le champ.

-  Ayla !

-  Alors ?

-  Suit et un autre membre du club ont parlé aux personnes du coin, ils se sont aperçus de trois individus inconnus dans les parages.

-  Sont eux ?

-  Oui. On va aller dans la cabane où ils se trouvent. Peut-être que Manel sera là-bas.

-  Je vais avec vous.

-  Ayla…

-  Ce n’est pas négociable, Lord.

-  C’est très dangereux.

-  J’irais avec ou sans toi.

Il grogne, frustré, mais je ne lâche pas pour autant. J’étais là quand ça s’est passé, je n’ai rien pu faire alors je veux être utile et aider Manel à retourner chez lui.

-  Vingt heures au QG.

-  Merci.

-  Je te raconterai plus tard comment on est arrivé jusqu’à leur cabane.

-  Ok.

Je raccroche après avoir entendu un “putain” de la part de Lord. Il n’est pas ravi de m’avoir dans les pattes, mais je ne lui laisse pas le choix. Je vais même aller directement au QG. Il peut anticiper l’attaque pour éviter que j’y aille, donc pas question.

J’irai jusqu’au bout.

Les choses étaient en train de s’arranger au fur et à mesure. Il était temps !

Je démarre mon Indian Scout et traverse les rues vers le QG. La fin de journée s’approche à grand pas, les lampadaires illuminent déjà les trottoirs et les routes. Peu de personnes se promenaient et l’odeur de nourriture se faisait déjà sentir.

Cette journée était riche en émotions et j'espérais qu’elle se finissent en beauté avec le sauvetage de Manel.

-  C’est interdit les Indian Scouts sur notre parking ! me nargue Suit quand j’arrive.

Je descends de ma moto et lui tape sur l’épaule.

-  Tu viens avec nous, n’est-ce pas ?

J’hoche la tête, en enlevant mon casque. Il passe son bras au-dessus de mon épaule en nous faisant entrer.

-  J’espère que t’as faim ma belle ! Je viens de faire un poulet au curry, annonce Johanna, la responsable des brebis et sœur de Black.

On la suit jusqu’à la cuisine. La table rectangulaire est déjà dressée, je vois qu’il y a une place de libre, Suit regagne la sienne. Tout le monde est déjà assis, Black, Lord, Johanna, Suit, Igor, le tatoueur qui fait les dessins pour ma boutique et qui est aussi un biker ainsi que deux autres membres que je ne connais pas.

-  Vous saviez que je viendrais plus tôt ?!

-  J’en étais sûr, répond Lord sans lever les yeux vers moi.

-  Il y a que nous qui mangeons et Lord m’a tout de suite prévenu, informe Johanna souriante.

Il me connaît mieux que ce que je ne pensais. Je m’assois à l’endroit restant à côté de Black, face à Suit. Johanna prévient à tous qu’elle ne veut pas de nappe sale. Son ton autoritaire me fait rire. Elle est la mère de ces grands bikers qui n’ont peur de rien mais qui respectent la volonté de ce bout de femme d’à peine quarante ans.
Le dîner se passe dans une ambiance joyeuse. J’ai découvert que Suit aime beaucoup taquiner et que Black est le plus silencieux de tous. Ce moment de partage m’a donné un goût de normalité que j'ai beaucoup apprécié. Serait-ce le signal que tout allait bientôt se finir et en bien ?

Finissant d’aider Johanna à nettoyer la table, Lord apparaît dans l'embrasure de la porte, son regard en disait long sans ajouter un mot.

J’inspire profondément pour me donner la force d’affronter cette ultime épreuve. Je le suis, tous les autres sont déjà dehors appuyés contre un 4x4 noir.

 Lord s’approche de sa Harley.

-  Prêts ?