J'ai passé la nuit à chercher comment utiliser ce que j'ai appris hier soir. Mais j'ai eu beau faire une multitude d'hypothèses, je ne connais pas ce monsieur Pinto, il m'est donc impossible de savoir comment exploiter ce que je sais par rapport à lui. Je vais devoir improviser avec ce que nous allons rencontrer là-bas. Autant dire que je ne peux qu'angoisser. Cependant, il est hors de question que je me laisse dépasser, Dola l'a dit elle-même ; il faut au moins que j'essaye. Pourtant, ma bonne résolution commence à s'évaporer quand nous nous retrouvons devant l'épaisse porte en pin. La maison n'est pas particulièrement imposante, mais la façade recouverte d'azulejos lui donne une certaine grandeur. Les diverses fenêtres sont bordées d'un cadre blanc et certaines balustrades supportent des jardinières fleuries. Le tout donne à la maison de monsieur Pinto un air accueillant. Mes deux compères derrière moi attendent que j'active la petite cloche de cuivre. L'idiot, quant à lui, essaye désespérément d'aller chasser les papillons, mais Dola refuse de lâcher son poignet.
- « Je crois qu'il faut tirer sur la corde juste là » , me murmure Paul par-dessus mon épaule. Je lui réponds par un grognement et m'empresse de le faire.
Presque immédiatement des pas résonnent dans le hall et ce qui ressemble à un majordome nous ouvre la porte. Il s'écarte, nous invitant à entrer, et nous pénétrons dans un vestibule où la moitié inférieure des murs blancs et le sol sont recouverts d'un carrelage beige.
- « Bienvenue ! » S'exclame un homme de haute stature en descendant un escalier de bois recouvert d'un tapis du même beige que le sol.
- « Bonjour Monsieur Pinto. Merci infiniment d'accepter de nous recevoir. » Dit Dola en me poussant d'une main ferme dans le dos. J'essaye de produire un sourire à peu près convaincant à l'intention de celui qui est apparemment notre hôte malgré l'état de crispation dans lequel je me trouve.
D'après les couloirs qui partent de l'entrée, la maison est construite tout en longueur, ce qui veut dire que nous avons au mieux deux issues. Sans compter que le majordome n'a pas exactement un physique d'allumette... Je jette un coup d'œil à Paul qui regarde les deux hommes avec concentration. Visiblement, ils ont un halo, sinon mon meilleur ami n'aurait plus besoin de les fixer comme ça. Bon, ça, ça n'a rien de très surprenant. Ce qui m'embête plus, c'est qu'il n'a absolument pas l'air d'être sûr de quel type de halo il s'agit. Il faudra que je me concentre là-dessus plus tard, ça n'est pas ma priorité pour l'instant.
- « Mais c'est un plaisir, Dola. Venez, approchez, la salle à manger est par ici. »
Il nous fait signe de le suivre, ce que je fais prudemment. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine alors que je capte un maximum d'informations sur ce qui m'entoure, essayant désespérément de tirer des conclusions sur le chef de région à partir du décor. Seulement ni les murs blancs, ni le parquet de bois clair, ni les natures mortes accrochées aux murs ne me donnent le moindre indice sur le caractère de leur propriétaire. Sans compter que le silence qui nous enveloppe ne me permet pas de discuter avec les deux seules personnes qui seraient susceptibles de pouvoir m'aider... Il va falloir que je me débrouille autrement.
- « J'aime beaucoup votre maison monsieur. Vous l'avez depuis longtemps ? »
- « Je vous remercie ! Nous l'avons acheté peu après ma nomination en tant que chef de région. »
- « Nous ? » Continué-je timidement.
- « Mon épouse et moi. C'est elle qui s'est occupée de la décoration. » Il se tourne légèrement vers moi et me lance avec un petit sourire amusé : « Je me suis fait la réflexion quand je vous ai vue tout à l'heure : vous avez de très beaux yeux. » Je pique aussitôt un fard et ma gorge se noue tandis que mes pensées se dispersent. Est-ce qu'il sait ce que je suis ? Mes yeux, sont-ils si voyants ? « Nous y voilà ! Messieurs dames, après vous. »
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La sélection - Hennessy
FantastiqueNous sommes en l'an 2246. Il y a maintenant un peu plus de deux siècles, une nouvelle guerre a éclaté entre les grandes puissances de ce monde. La troisième Guerre Mondiale, aussi chimique que nucléaire. Elle a réduit notre belle planète à un champ...