La sélection - Hennessy

Chapitre 15 : Une course, du poulet et sous le comptoir

- « Rêve pas ! Cette fois, c'est moi qui gagnerai ! » Crié-je en accélérant.

- « C'est que tu dis à chaque fois » , me répond Aleksandar en me talonnant de plus près.

Hors de question de perdre ! Ce n'est pas parce qu'à chaque fois, il me devance sur la dernière ligne droite, qu'aujourd'hui ne sera pas mon jour de chance ! Il faut bien qu'un jour l'élève dépasse le maître. Tout va se jouer maintenant. Le but à atteindre est le sommet de l'arbre de Kanveder. Si j'arrive à garder mon avance jusqu'à l'arbre, c'est bon. En un mois, j'ai eu le temps de perfectionner mon art en grimpage d'arbres.

Et sur ce point-là, je reste la reine incontestée. Je crois que je peux enfin dire que l'entraînement imposé par Dola paie. D'un point de vu physique, j'ai gagné en muscles, en rapidité, en agilité et en précision.

Chouquette ! Alek est maintenant à côté de moi et me lance un sourire étincelant. Comme si j'allais me laisser faire... Je pousse mes jambes encore un peu plus, tellement que je survole les racines et les bosquets. À force de faire ses courses, mes sens de l'observation et de l'anticipation se sont largement développés. Je ne me prends plus d'arbres, ni de trous remplis de boue ! Enfin presque...

Depuis qu'il s'est excusé, il y a un moment maintenant, nous nous sommes tous rapprochés. Aleksandar a fini par se joindre à nos entraînements matinaux. Et de temps à autre, Zéphyr se joint à nous. Enfin, quand il n'est pas trop occupé avec Kim. Ils sont mignons ensemble, mais des fois la tendance à disparaître de ce jeune petit couple est un peu énervante...

Bref, grâce à mon petit sprint, j'ai pu reprendre un peu d'avance. Je suis assez fière de réussir à tenir tête aux trois grandes perches dans les différentes disciplines.

Bien que Zéphyr est incontestablement le meilleur en équitation, je me défends plutôt bien en tir à l'arc et en saut de haies - tant que je reste concentrée - Par contre, Aleksandar et Paul-Émile se partagent la première place au niveau du combat au corps-à-corps.

C'est bon, je vois l'arbre ! Transportée par un élan de joie, j'accélère encore, et... Je me mange une racine, m'étalant de tout mon long. Comment peut-on lutter quand la maladresse est inscrite dans nos gènes ?

- « Bravo, petite tête. Faut regarder où on va ! » Me nargue Alek en me passant devant.

Je grogne et me relève précipitamment pour reprendre ma course.

- « J'étais à deux doigts, cette fois ! »

- « Et voilà le retour de ton éternelle tendance à l'exagération ! Si tu étais devant, c'est seulement grâce à mon bon vouloir ! » Crie-t-il en s'éloignant. Je le déteste !

Au final, j'arrive moins de trente secondes après lui au sommet.

- « Bon, je le reconnais que j'ai eu chaud. Si je fais pas gaffe, tu risques bien de me battre la prochaine fois... »

- « Ça va ? Ça ne t'a pas trop arraché la bouche de me faire cet aveu ? » Dis-je en m'asseyant à ses côtés sur une branche, le visage tourné vers Dieil.

Il éclate de rire.

- « Si, profite ! Je ne le referai pas de si tôt. »

- « Quel dommage, moi qui commençais à y prendre goût... »

- « Justement ! Si ça devient une habitude ça semblera moins sincère. »

- « C'est déjà louche... Et puis c'est à toi de faire en sorte que j'y crois un minimum. »

- « Dit celle qui ne fait jamais de compliments ! »

- « C'est totalement faux ! Il n'y a qu'à toi que je n'en fais pas. » Répliqué-je lui tapotant l'épaule. J'entends le clocher sonner sept coups. Le soleil commence à peine à décliner, ce qui signifie que dans deux heures, il sera couché.