Chapitre 9 : Départ, gendre parfait et spéculations

327 18 3
                                    

- « AU REVOIR TOUT LE MONDE ! » Crie Eunice perchée sur son cheval en faisant de grands gestes.

Le village tout entier s'était regroupé pour lui souhaiter bonne chance. Elle et Marc s'éloignent au petit trot. 

Le village tout entier s'était regroupé pour lui souhaiter bonne chance. Elle et Marc s'éloignent au petit trot.

Petit à petit, les villageois repartent vaquer à leurs occupations, alors que leurs deux silhouettes diminuent. Lorsqu'ils ne sont plus que deux petits points noirs dans l'horizon, Paul-Émile et moi sommes les seuls à les observer s'en aller. Aucun de nous deux n'a parlé entre temps, nous nous sommes contentés de la fixer partir loin de nous. Mais une fois qu'ils ont disparu, je me tourne vers Paul et ouvre la bouche. Je la referme aussitôt, il n'a pas l'air d'aller franchement bien, et je ne sais pas quoi lui dire pour le consoler. Qu'une de perdue, dix de retrouvées ? Qu'il y a pleins d'autres poissons dans l'océan ? J'ai beau avoir consolé plusieurs fois Eunice pendant ses chagrins d'amour, là, c'est différent... Mais si j'ai bien retenu une chose qui marche plus ou moins, c'est qu'il faut se changer les idées, se focaliser sur autre chose. Et je crois avoir exactement le sujet de discussion qu'il faut !

Je lui prends la main et l'entraîne à ma suite sans lui demander son avis.

- « Nessy, mais qu'est-ce que... »

- « J'ai quelque chose à te raconter » , le coupé-je. « Je dois juste passer chez moi récupérer un truc et je t'explique tout. »

- « Tu veux pas commencer à m'expliquer, maintenant ? Et si tu pouvais arrêter de me broyer la main, ça serait sympa... »

- « Oups désolée... » Dis-je en le lâchant. « Hier, après l'annonce des résultats, je... J'ai eu une petite discussion avec ma mère... »

- « Avec ta mère ? La femme impénétrable et mystérieuse qui passe plus de temps dans son bureau que mon père à la taverne ? »

- « Hum... Moi aussi, j'ai été surprise. Mais ça n'est pas le sujet... On a fini chez Dola où j'ai découvert pas mal de choses. »

- « Ça t'embêterais d'arrêter tes mystères et d'aller directement au but ? »

- « Pour ça, il va falloir que l'on s'isole, il y a un beaucoup trop de monde ici et j'aimerais éviter que des oreilles indiscrètes écoutent ce que je vais te raconter. »

- « Tu sais que tu ne me rassures absolument pas là ? »


Nous arrivons devant ma maison et je monte les marches quatre par quatre pour débouler dans ma chambre. Je prends tout de même le temps de refermer la porte et de tirer les rideaux, avant de soulever une latte de parquet sous ma table de chevet. Nous avons trouvé cette cachette avec Eunice il y a quelques années. J'en sors l'ouvrage de Dola.

Après l'avoir délicatement glissé dans un sac en bandoulière, je rejoins Paul-Émile qui attendait à l'entrée. Le pauvre est assailli par Excellia et Havana, qui lui tournent autour telles deux requins guettant leur proie.

- « Donc, où tu te vois dans dix ans ? » Demande Excellia d'un air très sérieux. Elle se croit à un entretien d'embauche ?

- « Euh... Bonne question. » Répond-il gêné en de grattant la nuque. « À la taverne, je dirais... »

- « Comme consommateur ou comme gérant ? » Questionne Havana. Mais c'est qu'elle a de la suite dans les idées cette petite !

Ils se retournent tous les trois quand je franchis le seuil de la porte. Paul a à peine le temps d'afficher un air soulagé qu'Excellia se précipite vers moi en s'écriant fièrement :

La sélection - HennessyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant