Chapitre 14 : Tu boudes ? , une boite de cookies et drague

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- « Trente-sept ! Trente-huit ! Trente-neuf ! Quarante ! Repos. »

Je m'affale par terre comme une grosse larve. On ne change pas les bonnes habitudes ! Je crois même qu'à force, je vais finir par aimer le goût de la terre... Au bout de quelques minutes, étonnée que la torture ne reprenne pas, je demande :

- « C'est fini ?! »

- « Tu es déçue ? On peut recommencer si tu veux. »

- « Non, surtout pas ! C'est juste que je me demande ce qu'il t'arrive... Hier, on a eu une journée de pause, aujourd'hui, tu nous laisses une chance de rentrer chez nous autrement qu'à quatre pattes... Ça fait beaucoup de gentillesse d'un coup, je suis pas habituée ! »

- « Figure-toi, jeune fille, qu'il est primordial de laisser son corps souffler de temps en temps, si on veut qu'il continue à nous obéir correctement. Sans ça, tu penses bien que vous seriez encore en train de faire des pompes ! »

- « Je te fais confiance là-dessus, c'est sûr... »

Je jette un coup d'œil à Paul, qui se remet tranquillement de notre entraînement quotidien contre un arbre. Je ne lui ai pas reparlé depuis avant-hier, depuis que j'ai reçu le pavé d'Eunice. J'ai bien essayé de le voir hier, entre le bain de Frangelico et le dîner, mais il n'était pas à la taverne... J'ai donc remis la lettre de notre meilleure amie - ainsi que, malencontreusement, la mienne - à sa mère, qui m'a passé sa réponse dans la soirée, réponse que je me suis empressée de lire, d'ailleurs.

Enfin bref, il faut que je sache s'il y a un problème, et si c'est pour ça qu'il ne me parle plus.

Alors que nous redescendons vers chez Dola, je m'approche de lui, un peu anxieuse.

- « Alors, cette journée de pause ? T'en as bien profité ? Merci beaucoup pour la lettre, au fait ! »

Je le regarde, étonnée. Alors il ne boude pas ?!

- « Euh... Ben... De rien... »

- « Tu sais, si tu continues de me fixer, tu vas te prendre un arbre. Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je sursaute et évite de justesse un grand hêtre.

- « Rien, j'étais juste un peu inquiète, t'es parti si soudainement l'autre jour... J'avais peur qu'il y ait un problème. D'autant que tu viens de passer deux jours avec tes nouveaux meilleurs potes, ce qui n'a pas dû arranger la situation... »

- « Ne m'en parle pas ! Vu qu'on n'avait plus assez de place dans la maison, j'ai dû dormir avec Aleksandar ! »

 - « Effectivement, j'ai lu ça. Tu lui as vraiment prêté ton lit ?! »

- « Attends, tu as lu ma lettre ? »

- « Tu as bien lu la mienne ! » Réponds-je du tac au tac. « Alors ? »

- « Euh... Ça ne s'est pas tout à fait passé comme ça, en fait... Alors que je dormais tranquillement dans mon lit, en bon propriétaire de chambre que je suis, on m'a violemment poussé hors de mon cocon ! Non mais quel sans-gêne ! La politesse ne l'étouffe pas, ça, c'est sûr ! Bon le fait est que je me suis retrouvé sur le matelas qu'on lui avait préparé.

- « Ne me dis pas que tu t'es laissé faire ?! »

- « J'ai bien essayé de le pousser hors de mon lit, mais le bougre était beaucoup trop lourd. J'ai quand même réussi à lui reprendre mon oreiller ! »

- « Quelle victoire... Je suis impressionnée. »

- « Ça en reste une, mais au moins, maintenant, j'ai un nouvel objectif. Je compte bien faire payer ce petit prétentieux ! »

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