Histoire 13 : Painting our love

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Une chaude après-midi, Juin 1867.

Je suis allongée sur mon lit, je ne souhaite vraiment pas aller en promenade, hors ma famille tient à ma présence. La porte de ma chambre s'ouvre et claque contre le mur, j'en profite pour m'enrouler encore plus dans ma chaude couette. 

-Zoé, que faites-vous encore au lit ? Nous partons dans quelques instants, vos sœurs sont déjà prêtes ! 

-Maman, s'il vous plaît, je ne me sens vraiment pas bien.

Ma mère s'approche d'elle et elle se penche pour être à ma hauteur. Comment fait-elle pour se mettre à genoux si facilement alors qu'elle porte une grande robe et certainement d'autres vêtements et accessoires pour la rendre parfaitement magnifique ?

-Vous êtes bien pâle...

Je ne pense pas être pâle mais je suis ravi que ma mère le pense,  si cela peut m'empêcher d'assister à cette longue promenade et rester seule dans cette immense maison, alors tant mieux. 

-Vous avez froid ? 

Je hoche la tête. Il fait très chaud et j'ai hâte de pouvoir enlever cette couverture mais je dois paraître malade.

-Vous êtes bouillante...

Ma mère est une femme aimante et elle veut toujours le meilleur pour ses enfants. 

-Vos sœurs vont être triste de ne pas vous avoir à leurs côtés. 

-Dites à Léona et Lana qu'une fois ma fièvre calmée, nous pourrons programmer une nouvelle promenade. 

Léona vient d'avoir vingt deux ans, ça la rassure de m'avoir à ses côtés, ayant vingt quatre ans, lorsque je suis à ses côtés les gens préfèrent parler de moi et ma solitude. Je n'ai toujours pas trouvé l'homme idéal, bien que ma tendre mère veuille me marier à Luc Herman, mais je ne suis pas sûre que ce soit le mieux à faire. En mon absence, Léona va devoir subir les regards insistants et les chuchotements à son égard. Je suis contente que la petite dernière, Lana, soit à ses côtés. Elle est encore jeune mais du haut de ses quinze ans, elle est très mature et je sais que son côté rebelle peut soutenir la plus grande. 

-Je leur dirais, essayez de vous reposer. Les servantes sont déjà parties mais voulez-vous que j'envoie quelqu'un en chercher une ? Je ne voudrais pas vous laisser seule.

-Ne vous inquiétez pas Maman, je vais seulement me reposer. 

-Vous avez besoin que je vous monte quelque chose à boire ? A manger ? 

-Maman... Je vais me reposer, je trouverais assez de force si j'ai besoin de quelque chose. Allez donc en promenade, vous allez être en retard. 

Elle reste à ma hauteur encore quelques secondes, sa main caresse mes cheveux, jouant avec quelques mèches tombant sur mon visage. 

-Reposez vous, nous serons de retour avant le coucher du soleil. 

-Ne vous en faites pas pour moi. 

Elle dépose ses lèvres sur mon front et se dirige vers la porte. Je ferme les yeux et patiente dans le calme. J'entends ma mère et mes sœurs parler fort, leurs voix s'éloignent puis disparaissent. Je me lève, la couette se sépare de mon corps et je respire enfin, ma peau profite de chaque fraîcheur qui l'a rencontre. Mes pieds rencontrent le bois froid de mon sol et je sens la chaleur de mon corps redescendre lentement. Je m'approche discrètement de ma fenêtre, je vois ma famille s'éloigner, j'attends quelques minutes afin d'être sûre qu'ils ne reviendront pas. Quand j'en suis persuadé, je cours hors de ma chambre, je monte les escaliers menant au troisième étage si rapidement que je suis essoufflé. J'ouvre la porte qui est face à moi et je sens mon corps se détendre. La maison est toujours bruyante et je ne peux jamais m'occuper sans être dérangée, j'avais vraiment besoin d'être seule, j'avais envie de faire mon activité favorite dans le calme. De plus je n'aime plus vraiment sortir... Les promenades ne me rassurent pas depuis ce qui est arrivé.  J'entre lentement dans la pièce et regarde chaque recoin de celle-ci comme si je la découvrais pour la première fois. Nous avons la chance d'avoir une très grande maison, il y a beaucoup de pièces et j'ai eu l'autorisation de transformer celle-ci en atelier de peinture. Il y a des toiles vierges et d'autres déjà recouvertes de couleurs. Des pinceaux usés et irrécupérables sont dans un bocal, c'est ceux que Lana utilise mais elle oublie toujours de les rincer et ils finissent par être inutilisables. Papa adore nous ramener de nouveaux accessoires qu'il récupère lors de ses voyages. Cela fait maintenant quelques mois qu'il est parti dans le Nord, et je sais qu'il va revenir à Londres avec beaucoup d'instruments ! 

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