Eté 1848, Londres.
J'ai si chaud. Le soleil frappe sur mes épaules nues et mes genoux souffrent contre l'herbe habituellement si douce. Mes mains sont posées sur mes cuisses et mes yeux ne peuvent s'en détacher, des larmes coulent le long de mes joues mais je suis immobile, comme si le temps s'était arrêté. Des milliers de pensées s'accumulent dans mon esprit mais aucune ne concerne ma situation. Ma robe blanche est sali, elle est maintenant verte et marron à cause du sol, je vais le payer très cher, ma famille va me haïr. Je pose mes mains sur mes tempes en fermant les yeux, mon corps s'avance et se recule lentement, comme lorsque l'on berce un enfant, j'essaie de me calmer mais rien n'y fait. Je sens du liquide couler sur mon visage, partant de la paume de mes mains et s'écrasant sur ma jupe. Je redescends lentement mes mains en tentant de ne pas hurler de panique, mon visage est maintenant lui aussi taché. Je relève la tête pour regarder le ciel, il n'y a aucun nuage, aucune brise glaciale, non, il n'y a que des oiseaux chantant la vie, un ciel dépourvu de tempête. Le monde tourne, plus beau que jamais. Dans le reste de la ville, aucune question de la sorte ne se pose, ils profitent de la joie que procure l'été, ils sont sûrement en train de lire le journal en famille ou de s'amuser avec le chien, la vie tourne comme à son habitude. Pour eux... Dans mon jardin réside maintenant un lourd secret, une ambiance pesante, il fait beau mais j'ai l'impression que l'orage se prépare. Envers et contre tout, j'essaie de ne pas penser au malheur, mais comment ne pas y penser quand celui-ci se trouve sous vos yeux et sur vos mains ? Je rabaisse la tête. Mes gants en dentelles sont tachés de sang. J'ai tué quelqu'un et je ne sais plus quoi faire.
Quatre heures plus tôt.
-Maman, s'il vous plait, je ne veux pas venir.
-Céleste, combien de fois devrais-je vous le dire, vous allez avoir dix neuf ans cette saison, il serait temps de sortir un peu la tête de vos livres, venez avec nous chez les Holland.
-Papa, pouvez-vous m'aider à convaincre Maman de me laisser lire à la maison.
-Je suis désolé ma puce mais je ne peux rien contre votre mère.
Papa m'embrasse sur le front avant de sortir du salon. Maman croise les bras sur son torse.
-Madison serait triste de ne pas vous compter parmi nous, mon ange s'il vous plait venez, vous pouvez prendre un... bouquin si vous le souhaitez.
Je me redresse sur ma chaise, Maman ne me laisse pas lire en public alors elle a toute mon attention maintenant.
-Vous pouvez prendre un bouquin, votre frère reste deux heures tout au plus, vous pourrez rentrer ensemble.
-C'est vrai ?
-Vous promettez de bien vous tenir ?
-Bien sûr Maman !
Je me lève et je cours embrasser Maman. Elle me sert fort dans ses bras, sa tête se pose contre la mienne et je sens ses lèvres chaudes sur mon front.
-Allez vous préparer, votre robe est sur votre lit.
Je l'embrasse avant de rejoindre ma chambre. La robe qui m'est destiné est splendide, elle est plutôt fine et la dentelle recouvre a certains endroits le tissu en satin blanc. Si j'étais comme ma benjamine Justine, qui aurait sali la robe blanche en moins de deux minutes, du haut de ses dix ans elle a déjà l'esprit de compétition, ce qui n'arrange pas trop Maman. Lorsque nous allons rendre visite aux Holland, Justine s'amuse un peu trop avec leur fils Nicholas. Ils finissent toujours couvert de terre ou d'autres substances, maintenant Justine porte toujours des robes foncées lorsque nous sortons. Deux grandes mains se posent sur mes épaules et me font sortir de mes pensées.
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short stories
Aventuraj'écris des petites histoires pour retrouver l'inspiration Histoire 1 : Falling like the rain Histoire 2 : More than a feeling Histoire 3 : Bal masqué Histoire 4 : Été 1785 Histoire 5 : À jamais Histoire 6 : No one can save her now Histoire 7 :...