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Histoire 16 : Someone else

La chaleur de la cheminée ne me fait rien, mon corps ne se réchauffe pas et les flammes ne donnent pas cette sensation de brûlure à ma peau pourtant si proche d'elles. Je regarde leurs déhanchés, leur danse m'ensorcelle et je suis comme hypnotisée. Un bruit me sort de cette transe et lorsque je me retourne, je vois la porte d'entrée s'ouvrir et le décor de l'extérieur se montre froid, du blanc a poudré le paysage et les deux individus qui entrent dans la pièce laissent un peu de cette neige rejoindre le sol en bois. Leurs chaussures grincent contre le sol, ce qui les fait rire, ils sont beaux, surtout elle, je comprends pourquoi il l'a choisi. La salle est vide, il n'y a qu'eux et moi mais ils s'assoient à l'opposé ; ils secouent leurs vestes en riant, le rire de la jeune femme est divin, presque irréel. Cela semble facile pour elle mais lui a plus de mal à se laisser aller, à rire réellement. La salle étant vide, je peux facilement les entendre. 

-C'est pas possible ! Tu as vraiment fait ça ? 

-Oui ! Je t'avais dit que tu ne me croirais pas, j'étais jeune et insouciant, j'avais chaud et envie de sauter dans l'eau, alors je l'ai fait.

-Mais tu as sauté d'une hauteur incroyable ! Tu aurais pu te faire vraiment mal. 

Il hausse les épaules avant de boire tandis qu'elle n'en revient toujours pas. Les yeux de la blonde sont brillants, son bonheur se reflète dans le vert de ses yeux et son sourire en dit long, elle est resplendissante. 

-C'était un beau lieu, je t'y emmènerais un jour. 

Je me retourne instinctivement sur le canapé sur lequel je suis assise, les flammes me font de nouveau face et je me perds dans leurs courbes, tentant de ne pas penser à cette phrase, essayant de ne pas les imaginer en train de passer des vacances là-bas, dans notre endroit. Je connais cette anecdote, j'étais là quand il a sauté, et il a raison, le lieu était fabuleux et paradisiaque... Pourtant nous n'irons plus jamais. Malgré ma concentration extrême sur le feu, j'entends la jeune femme rire et je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête légèrement pour les regarder de nouveau. Le visage de la jeune femme est lumineux comparé à son compagnon, il semble s'être refermé suite au souvenir qu'il a évoqué, bien qu'il lui ait apporté autant de joie quelques secondes plus tôt ; preuve que tout est éphémère et qu'en un claquement de doigts tout peut basculer. Il avance ses mains sur la table pour prendre celles fébriles de la jeune femme, elle semble aux anges, ravie de ce geste tendre et attentionné ; qui ne rêverait pas d'avoir entre ses mains, celles de la personne qu'on aime. Je suppose que c'est ce qu'elle ressent, de l'amour... Je peux le voir dans son regard, dans ses gestes, dans sa manière de prononcer ses phrases et la douceur de ses mots ; elle est folle de lui, son comportement ne trompe pas, je peux lire en elle comme un livre ouvert sans la connaître. Quant à lui, je le connais, je sais qu'il est nerveux car il baisse son regard chaque fois que leurs yeux se rencontrent, il a posé son pied gauche sur son pied droit pour empêcher sa jambe de trembler, il est angoissé pour une raison qui m'est étrangère ; comme celle qu'il dévore du regard... Je tourne la tête pour fixer mes pieds mais j'écoute d'une oreille ce qu'ils se racontent, bien que ce ne soit pas très poli mais ils ne le sauront jamais je suppose. 

-J'aimerais te proposer quelque chose Louise. 

Louise. Voilà donc le prénom de la jeune et magnifique blonde. 

-Cela fait quelque temps que nous sommes ensemble.

Oh. Je ne pensais pas que c'était encore possible mais mon cœur se resserre, il saigne et la douleur s'intensifie à chaque parole qu'il prononce. 

-Je t'aime.

-Je le sais et je t'aime de tout mon être. 

Ce moment rempli d'émotions m'en procure des opposées aux leurs, j'ai l'impression que le livre s'est fermé sous mon nez et qu'il m'est tombé sur la tête pour m'assommer.