CHAPITRE XXXII : Une naïveté sans égale

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Suite à cette petite conversation, nous partîmes un peu plus loin dans les égouts. Mahito m'apprit qu'il s'était établi ici pour mener à bien ses expériences sur la manipulation de l'âme. Derrière nous et nous suivant de très près, Yoshino Junpei. Il n'avait vraiment pas la même mentalité et psychologie que les autres de son âge, et part moment, s'en était effrayant. À force de nous parler, je vis ses émotions s'évaporer peu à peu, laissant place à un regard vide de tous sentiments. Pour l'adolescence, était la période où l'on s'épanouissait, où l'on se découvrait et qu'on profitait des plaisirs de la vie avant de rentrer dans le monde terrifiant qu'est la vie d'adulte, semer d'obstacles pour réussir à ouvrir les yeux le lendemain.

« Le contraire de l'affection, c'est l'indifférence. Celui qui a sorti ça mérite la corde. Comment peut-on croire qu'ignorer quelqu'un est pire que vouloir lui faire du mal ? Cela me dépasse » fit Junpei le regard ailleurs.

« Je suis d'accord avec toi sur le fait que faire du mal à quelqu'un est ignoble. Cependant, est-ce qu'ignorer quelqu'un n'est pas en outre lui faire du mal ? Sans oublier que c'est paradoxal si on prend en considération que nous sommes des fléaux avec Mahito. Nous avons tous deux tué des hommes et nous sommes considérés comme mauvais et dangereux. Mais n'oublions pas, qu'un fléau naît des émotions négatives des hommes, donc c'est de leur faute » rétorquais-je et Mahito acquiesça en silence.

« Ça se tient mais parfois, une personne souhaite être ignorée... En réalité, c'est la haine. C'est typiquement Japonais d'aller chercher une réponse tordue à une question simple ». J'eux beaucoup de difficultés à croire ses paroles. Il souffrait à cause du harcèlement, à cause que personne ne prêtait attention à lui. Ainsi, dire qu'une personne souhaitait être ignorée ne tenait pas la route. Personne ne souhaitait être ignoré, tout homme voulait à un moment donné, attiré l'attention et cela marche également pour les fléaux. J'avais tenté mainte et mainte fois d'attirer l'attention des membres de ma famille pour leur montrer toute la souffrance que m'infligeait ma sœur, pour qu'au final on me dise d'arrêter mes caprices et de mûrir et de me comporter en adulte responsable. Ils auraient mieux fait de ne pas m'ignorer, j'ai si souffert de cette ignorance que je me sentais bien plus qu'abandonnée par ma propre famille.

« Ce n'est pas un Japonais qui a dit ça » le corrigea Mahito.

« Peu importe, c'est exactement la même logique exaspérante. Dans l'adage de base, d'origine étrangère, il n'est pas question d'affection mais d'amour. Or le mot « amour » est un tel fourre-tout, qu'on peut voir l'indifférence comme un de ses antonymes. Est-ce que vous aimiez vos parents Death ? » Sa question me surpris je n'allais pas le cacher. De plus, il a utilisé l'imparfait pour parler d'eux, ce qui montrait qu'il avait sûrement compris pendant nos conversations, qu'ils n'étaient plus de ce monde. Aimais-je mes parents...La réponse me paraissait évidente, mais elle avait du mal à sortir de ma bouche.

« Je dirais que je ne les appréciais pas. Pendant mon enfance, je dirais jusqu'à mes cinq ans, ils étaient plutôt attentionnés et aimants. Après, c'était à peine s'ils me demandaient comment j'allais et comme je n'allais pas très bien, ça me faisait mal. Auparavant, tu affirmais que faire du mal à quelqu'un était pire que de l'ignorer. Eh bien je te dirais, que dans mon cas, l'ignorance de ma famille envers ma personne m'a coûté très cher, et leur a coûté très cher ».

« Pensez-vous alors que vos parents vous aimaient ?»

« Bonne question... Si ça avait été le cas, j'aurais grandement adoré qu'ils me le disent, car ce n'étaient pas des mots que j'entendais régulièrement dans ma famille ». Ses questions me peinaient, car ce n'était pas un concept que je maîtrisais. Dire « je t'aime » à quelqu'un est à la fois si élémentaire mais tant ardu.

Jujutsu Kaisen : Megami ScarlettOù les histoires vivent. Découvrez maintenant