CHAPITRE IV : La fiancée

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░ Période Edo, 1741

Toujours aucune nouvelle de toi. Parfois, j'entends les exorcistes parler de ton sujet et comme quoi ils t'avaient scellé, car ton corps était impossible à tuer. En réalité, je ne savais pas que cela était possible. Une fois, je réussis à infiltrer un des dojos du clan Gojo. J'appris qu'ils t'avaient scellé en utilisant tes vingt doigts, et chaque doigt était caché dans le Japon. Ainsi, une nouvelle mission débuta : tous les retrouver. Entre-temps, les fléaux se propageaient de plus en plus vite et certains commençaient à vouloir faire comme ils le voulaient. Je n'avais pas forcément d'objections, tant qu'ils ne me gênaient pas. Kyosuke avait bien grandi depuis que je l'avais recueilli. Il avait maintenant 21 ans, c'était un beau jeune homme très cultivé et fort, car je l'avais entrainé. De plus, il était au courant de ce qu'étaient les fléaux et de qui j'étais. Or, je fus surprise de voir qu'il s'en fichait, je l'avais sauvé alors je ne pouvais pas être aussi démoniaque selon lui... J'appelai cela de la naïveté.

« Maman ! Tu m'écoutes ? » fit Kyosuke me faisant sursauter. J'étais de plus en plus perdue dans mes pensées, c'était de ta faute... Je me retournai et vis qu'il était accompagné d'une jeune femme. Elle était plus petite que Kyosuke, les yeux verts et les cheveux rouges mais plus foncés que les miens. Elle me tendit une boîte que je pris et l'ouvrit. À l'intérieur, se trouvait un kimono magnifique fait de mes couleurs favorites : le noir et le rouge. Je la remerciai et demandai à Kyosuke son identité.

« À ce que je vois tu ne m'écoutais pas ! Je te présente ma fiancée, Haruna » m'expliqua-t-il en la montrant.

Elle se pencha en avant pour me saluer et elle se présenta : « ravi de vous rencontrer madame, je suis Suzuki Haruna, et comme l'a dit Kyosuke, je suis sa fiancée ! »

« Tout le plaisir est pour moi Suzuki ! Mais appelle-moi Megami, je ne suis pas si vieille que ça » lui répondis-je sur un ton joueur et sarcastique. Je l'invitai à venir s'asseoir à la table pendant que Kyosuke prépara le thé. Elle n'avait rien de suspect, bien au contraire, elle avait une lueur de pureté autour d'elle.

« Kyosuke n'arrêtait pas de me parler de toi depuis qu'il t'a rencontré, je suis enfin ravi de pouvoir te voir en chair et en os Haruna. Oh, ça ne te dérange pas que je t'appelle par ton prénom ? »

« Bien au contraire, ça me fait très plaisir ! » souriait-elle. On continua de discuter le temps que Kyosuke revint, trois tasses dans les mains. Il nous les déposa et s'assit à côté de sa fiancée. Ils étaient mignons ensemble, ça me rappelait le bon temps que l'on était tous les deux...Au fil de la conversation, Haruna me posa une question qui me prit au dépourvu.

« Excuser mon indiscrétion, mais Kyosuke m'a dit que vous l'aviez adopté et que vous étiez lié aux fléaux qui persécutent notre monde. Est-ce la vérité ? ». Je regardai mon fils qui me fit un signe approbatif. S'il lui avait révélé son enfance ainsi que mon identité, c'est que je pouvais lui faire confiance.

« Cette histoire est vraie, j'ai pris Kyosuke sous mon elle après un certain évènement que j'aimerais qu'il oublie. Je lui ai enseigné mon savoir et je l'ai entrainé à se défendre. En ce qui concerne mon lien avec les fléaux, c'est compliqué. Je ne sais pas tout ce que t'a dit Kyosuke, mais je vais te dire le plus important me concernant. Ainsi, tu dois comprendre que ces informations ne peuvent sortir de cette maison, sinon tu en payeras les conséquences » lui fis-je sérieusement. Elle me promit de ne rien révéler. Cela faisait longtemps que je ne croyais plus aux promesses, elles étaient encore plus destructrices et blessaient encore plus qu'un mensonge.

« Il y a très longtemps, je vivais dans une famille que j'aimais mais que j'ai haï du plus profond de mon cœur au fil des années. Nous étions une famille d'exorcistes qui combattait aux côtés des plus grands. Il est possible que tu croies que vivre dans ce genre de famille est un bonheur : tu as des pouvoirs, de la joue au héros mais aussi avec la mort. Les enfants sont entrainés à la dure dès leur plus jeune âge, et si avec un peu de chance due naît dans une famille pas trop strict, alors tu peux dire que ta vie sera un peu plus tranquille. Ce ne fut pas mon cas. Mes parents étaient des tyrans, et ma grande sœur était jalouse de moi, enfin de l'attention que me prêtaient les grandes familles d'exorcistes à cause de mon pouvoir. Je suis capable de manipuler la vie et la mort de n'importe quoi : d'une feuille aux humains. Cependant, mon corps était trop faible pour le supporteur alors que ma sœur, considérée comme prodige, personne ne lui portait de l'intérêt et elle n'aimait pas cela. Tu vois cette marque, c'est elle qui me l'a fait. Quand j'avais quinze ans, elle réussit à me mettre à dos toute ma famille, ainsi que des membres des grandes familles. À partir de ce moment-là, je réalisai quelque chose d'important : je n'ai jamais souhaité être exorciste, subir des abus de ma famille, avoir un corps frêle et un immense pouvoir. À l'âge de seize ans, j'ai été envoyé en mission et j'ai tué tout le monde, aussi bien les fléaux que les exorcistes et je suis devenue ce que je suis maintenant, un fléau. Cinq ans plus tard, j'ai torturé le mari de ma sœur jusqu'à la mort et j'ai assassiné ma sœur. Je ne regrette pas mon acte, je me suis sentis libérée d'un poids. Puis, j'ai continué mon périple, tuant de plus en plus, au point de devenir de plus en plus puissante et je le rencontrai. Il changea ma vie...pour le pire. Ensuite, j'ai rencontré Kyosuke dans un accident qui j'espère ne se reproduira plus et voilà où j'en suis aujourd'hui »

« Je, je ne sais pas vraiment quoi dire. Je suis partagé entre avoir de la compassion pour vous ou avoir peur de ce que vous êtes... » me dit-elle en baissant les yeux. C'était compréhensible, j'avais tué des milliers de personnes, qui n'aurais pas peur de cela ? Elle me prit les mains et me les serra fort.

« Je vous promets de garder ça pour moi. Vous avez été très forte pour tenir jusqu'ici et malgré vos actions, tant que vous me promettez de ne jamais vous attaquer à ma famille, je n'aurais jamais rien contre vous »

« Maman, Haruna pense sincèrement que même quelqu'un de dangereux a un bon côté, et je le pense aussi. Tu ne m'as jamais attaqué, tu m'as toujours défendu en cas de danger, alors j'ai beaucoup de mal à croire que tu resteras dans le côté sombre de ce monde ». Mes émotions explosaient à l'intérieur de mon corps. Je me contentai de pleurer de joie, pleurer comme je ne l'avais jamais fait auparavant et ça faisait du bien. Or, mon titre de déesse de la mort me suivra toujours, même si je deviens plus « gentille et bienveillante », je serais toujours un fléau, un monstre qui tue des gens et je n'arrêterais pas.

« Avant que vous ne partiez, j'ai quelque chose à vous proposer. Je ne vous force à rien et je ne veux pas que ça soit une contrainte pour vous. Était donné qu'il est de plus en plus dangereux pour moi de sortir et que je ne veux pas vous impliquer dans mes histoires, je souhaite vous tatouer un Amaryllis. Grâce à cette marque, les fléaux ne vous attaqueront pas car cela signifiera qu'ils se mettent à dos la déesse de la mort. En ce qui concerne les exorcistes, aucun d'eux n'est au courant de cette marque et elle sera presque invisible à leurs yeux. Cette marque vous protégera et si vous êtes en danger, ça sera mon moyen de le savoir et de venir vous aider. Une dernière chose, elle est héréditaire, ce qui veut dire que votre descendance l'aura et elle disparaîtra quand je mourrai ». Je les laissai en discuter entre eux et parti faire une petite promenade à l'air libre. Parfois, j'avais vraiment l'impression de vivre une vie normale, d'humaine, mais quand mes envies de massacrer un village entier me prenaient, je savais que rien ne serait capable de me retransformer en humaine. De plus, je n'ai absolument pas envie de changer, j'aime ce que je suis autant que je le déteste. Les deux amoureux vinrent me voir et m'annoncèrent qu'ils acceptaient. J'étais ravie de leur décision mais je m'en voulais de ne pas te l'avoir, au moins j'aurais pu venir te sauver...

Jujutsu Kaisen : Megami ScarlettOù les histoires vivent. Découvrez maintenant