Chapitre Quatre

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Isia

Même si nous n'étions qu'en fin d'après-midi, il y avait déjà foule. Je descendis rapidement du taxi, autant que me le permettait mes vingtaines d'housses. Une vingtaine d'autres allaient arriver pour moi dans quelques minutes, dans un autre taxi qui emmenait deux de mes collègues. Même si la semaine avait été chargée comme jamais, j'avais été hyper impatiente et intenable (Ella aurait pu confirmer, elle devait me supporter toutes les nuits à l'appart' quand je n'arrivais pas à m'endormir !) ; et maintenant nous y voilà, Versailles ! Je fis un quart de tour sur moi-même pour admirer le paysage, soufflant par la bouche pour évacuer le stress, mêlée à l'excitation. Jamais notre marque n'allait faire autant de bruit qu'aujourd'hui ! Mes créations étaient toutes neuves et fraîchement repassées pour ce soir. L'énorme bâtiment se dressait en face de moi, grouillant déjà d'une centaine de personnes (ou plus...) ; à l'intérieur, des loges avaient été installées pour chaque célébrité qui venait pour la conférence. Ma flemme ressurgit à cet instant pour me faire remarquer que j'allais devoir me taper je ne sais combien d'étage, avec mes quarante housses pour chaque célébrité que l'on m'avait assigné. Arg... Heureusement que j'aime mon travail, je vous jure...

Une voix : Isia ! Vous baillez déjà aux corneilles, ma parole !

Je sursautai en reconnaissant la voix de ma patronne, derrière moi. Je me retournai brusquement en manquant de faire tomber une de mes housses au passage.

La patronne : Faites donc un peu attention ma chère ! Vos créations sont superbes, ne les gâchez pas maintenant !

Isia (en bafouillant) : Oui, oui, pardon... Disons que ce n'est pas très pratique...

La patronne : Du nerf ma grande ! Tenez, voilà les autres que vous nous avez demandé d'apporter ! Tes collègues allaient avoir du retard, alors je me suis chargée de la course.

Elle me tendit dans le même temps mes housses, que je pris avec un soin extrême pour ne pas faire tout tomber par terre.

Isia : Merci beaucoup !

La patronne : Vous me remercierez demain quand vous aurez fini votre travail !

Et sur-ce, elle partit en direction de l'immense bâtisse, perchée sur ses petits talons aiguilles. Son tailleur noir et gris était parfait, tout comme son chignon, dont aucune mèche brune ne dépassaient. On ne pouvait clairement pas dire de même pour moi ; mes cheveux étaient dans un bazar indescriptible, et le vent ne m'aidait pas à me réconcilier avec ma dignité... Sans parler de mes bottes à talons d'au moins vingt centimètres que j'avais jugé bon de mettre maintenant. Je m'étais dit que j'arriverai déjà prête, au cas où mes clients prendraient du retard (comme souvent) ; alors j'avais chaussé mes bottes à talons noirs, mon béret chéri de la même couleur, ma chemise blanche et ma jupe à carreaux style vintage, agrémenté d'un long manteau pour ensuite sauter dans le premier taxi qui m'emmenait à Versailles.

Évidemment, je regrettais déjà ma décision

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Évidemment, je regrettais déjà ma décision... Mais puisque je n'avais plus vraiment le choix maintenant, je me dépêchai de rejoindre à mon tour la bâtisse, chargée comme un mulet. Mais pourquoi je n'avais pas attaché mes cheveux en tresses comme d'habitude ?! Maudit vent...

Mon salut fut proche que je vis le bout des marches menant enfin à l'intérieur du bâtiment. Il y avait beaucoup plus de monde que sur mon petit bord de trottoir de tout à l'heure, et je commençais à me faire bousculer dans un peu tout les sens. Serrant les dents, je me frayai un chemin parmi la foule, pour rejoindre les escaliers, beaucoup moins encombrés que le hall. Quand je vis qu'il ne me restait plus que quelques mètres avant d'y arriver, j'accélérai l'allure pour sortir de la masse humaine, commençant à étouffer.

Une voix : Hey ! Faites attention !

En moins de deux secondes, je me retrouvai sur les fesses, toutes mes housses éparpillées autour de moi.

Isia (en grimaçant) : Aïe... Mais c'est pas possible !

Je releva la tête vers celui qui m'avait poussé. Un homme en costard-cravate d'une quarantaine d'années fit un geste d'excuse en s'éloignant, téléphone collé à l'oreille.

Surtout ne m'aide pas, co*****...

Je soupirai d'exaspération. Fallait que je ramasse tout maintenant ! Génial...

Je croisai les doigts intérieurement pour que ma patronne ne me voit pas dans cette position désastreuse et que je me fasse renvoyer sur le champ, tout en me remettant sur les genoux. Je commençais à rassembler les housses quand je remarquai que mon collant commençait à s'effiler ; franchement, je n'en étais pas plus étonnée que ça... La technique du verni transparent allait devoir s'imposer avant que je rende visite à mes clients ! Sinon je n'imaginais même pas la suite...

Une voix masculine : Besoin d'aide ?

Ô joie ! Je relevai les yeux vers mon sauveur, encore agacée par ce qui venait de se produire. Cheveux châtains foncés, un sourire compatissant au coin des lèvres, il devait faire au moins cinq têtes de plus que moi. Il enleva les mains des poches de son jean tout s'accroupissant en face de moi.

Isia : Oh oui, je veux bien par pitié ! Je ne sais même pas par quoi commencer...

C'est juste après que j'ai refermé la bouche que je remarquai mon ton suppliant. Mais bon, quitte à faire pitié, autant l'être jusqu'au bout... Heureusement pour moi, l'homme éclata de rire en m'aidant à ramasser les housses. Une fois ça de fait, je me relevai et pris les housses qu'il me tendait.

Isia : Merci encore, c'est sympa de vous être arrêté.

L'homme : Pas de problème, j'avais un peu de temps. Vous montez ?

Il me désigna les escaliers d'un geste de la main pendant que j'opinais du chef.

Isia : Ouaip. Premier étage, puis troisième et enfin le cinquième.

J'avais appris par cœur les numéros de loges et d'étages de chacun de mes clients pour ne pas me perdre, vu que je n'avais pas assez de mains pour tenir en plus un bout de papier sur lequel aurait été écrites mes notes.

L'homme : Vous voulez que je porte quelques housses ? Je vais au cinquième, mais je vais passer par le premier de toute manière.

Je ne me le fit pas dire deux fois ! Tu proposes, je dispose, mon gars ; surtout que ces housses pèsent trois tonnes, c'est pas possible... !

Isia : Sans soucis, je veux bien !

Il me prit quelques housses des mains, et nous montâmes en silence l'escalier. Ce qui m'arrangeait bien puisque j'étais tellement essoufflée que je n'aurais pas pu aligner trois mots ! Il fallait vraiment que je me remette au sport. Une fois au premier, je remerciai une nouvelle fois mon sauveur pour l'aide apportée.

L'homme : Pas de problème ! Au fait, je m'appelle Seb !

Isia : Et moi Isia ! Je suis ravie d'avoir fait votre connaissance !

Seb : Moi de même, Isia !

Il me dit un signe de main en montant les autres étages tandis que je lui lançai un dernier sourire avant de m'engager dans le couloir. 

Love & Fashion [TOME 1] {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant