Chapitre Huit

98 5 0
                                    

Isia

Comme convenu, Ella et moi nous séparâmes pour la soirée avant de nous retrouver plus tard pour le dîner. Puisque nous pouvions assister à la conférence de presse en tant personnel de l'évènement, et non en tant que public, on était pour ainsi dire à des places VIP. Et c'était carrément la classe. Il n'était que vingt heures, et pourtant, il y avait déjà foule. Clopin clopant, je me frayais un chemin dans tout ce beau monde pour trouver mes clients. C'était une tradition, dans l'entreprise Jeann : on essayait le plus possible d'être proche de nos clients, et assister à l'évènement auquel on les avait préparé en faisait partie. J'avais déjà écouté quelques-un des miens répondre aux questions des journalistes, et j'essayais maintenant de trouver les deux derniers, dont Seb. Ella m'aurait tué si je n'avais même pas fait semblant d'essayer de le retrouver.

Serveur : Voulez-vous un verre, Mademoiselle ?

Le serveur en smoking qui passait devant moi à l'instant me tendit le plateau couleur or (sérieux, de l'or véritable à votre avis ?! J'en avais jamais vu en vrai de ma vie !) rempli de coupes de champagne. Je déclinai, sachant que je ne tenais jamais l'alcool. Il me salua d'un hochement de tête en s'éloignant, et c'est là que je remarquai la silhouette de dos, avec une de mes créations. Je m'approchai tandis que Seb répondait à une journaliste en face de lui. Un autre homme était à côté d'eux, et avait l'air de bien rigoler avec mon client. La peau chocolat et les yeux rieurs, il écoutait la journaliste.

Journaliste : Eh bien vous avez fière allure tout les deux ! Sebastian Stan, comment allez-vous depuis notre dernière interview ?

Mon client c'était Sebastian Stan ?! Celui qui jouait dans les Marvel ? Mon dieu mais quelle idiote je suis... Je ne l'avais même pas reconnu. Je me fis aussi discrète que possible et restai derrière eux, à quelques mètres pour pouvoir les entendre.

Sebastian : Très bien je vous remercie.

Journaliste : Pourtant vous semblez contrarié...

Seb se mit à rire d'un air un peu gêné. Je tendis l'oreille.

Sebastian : Eh bien, il se trouve que j'adore cette tenue, et que la personne qui me l'a créé à disparu ; alors que je me suis souvenu trop tard que je la connaissais déjà.

Pardon ? Comment ça ? Je repensai à notre première rencontre dans le hall ; il n'allait tout de même pas raconter ça ?!

Journaliste : Tiens donc, une ancienne connaissance ?

Sebastian Stan : Si on peut dire. On était dans la même école, au RCDS à New York.

Je fus aussi surprise que la journaliste. Bouche bée, je l'observais (ou plutôt je fixais son dos comme une carpe...) complètement prise au dépourvu. Si on s'était croisé là-bas, je m'en serais souvenu, non ? Le RCDS, c'était le Rockland Country Day School, qui se situait dans l'État de New York, où j'avais passé toute mon année de seconde avant de repartir pour la France pour finir mes études. C'est vrai que j'avais rencontré beaucoup de gens, mais d'habitude je me souvenais un minimum des personnes avec lesquelles je parlais. Si Ella avait la mémoire des noms, moi j'avais la mémoire des visages. Et les BG, je ne les oublie pas.

J'étais complètement sonnée. C'était impossible. Peut-être qu'il me confondait avec quelqu'un d'autre ? Encore sous l'emprise de l'émotion je reculai d'un pas, et mon téléphone sonna à ce moment-là. Je sursautai et rougis jusqu'aux oreilles. Évidemment, j'avais remis le son à fond quand j'étais retourné avec Ella tout à l'heure, et j'avais zappé de le mettre en silencieux ensuite. La journaliste me lança un regard et les deux hommes se retournèrent aussi. Consciente que Seb allait me reconnaître au premier coup d'œil, je me retournai violemment et me cognai contre quelqu'un au passage. Je ne pris même pas le temps de m'excuser et partit d'un bond vers la sortie, rouge comme une tomate. Je décrocha en vitesse, sans m'arrêter de marcher comme une folle vers l'entrée. Sous le coup de l'adrénaline, même ma cheville ne me faisait plus mal.

Isia (essoufflée) : Allô... Ella ?

Ella : Oui, Isia, tu es où je t'attends ?!

Isia (toujours essoufflée) : Excuse... J'avais pas vu l'heure... Je suis bientôt dehors... J'arrive tout de suite.

Ella (surprise) : Tu cours ?

Isia (essayant de faire bonne mesure) : Moi... ? Courir... ? Avec ma cheville... ? Bien sûr que non !

Ella (dubitative) : Mouais je sais pas, tu as l'air tout de même essoufflée.

Isia : Pas la peine de lever les yeux au ciel - et pas la peine de nier non plus, je suis persuadée que c'est ce que tu fais en ce moment même - ... Je t'assure que c'est vrai... Bref... Je te rejoins tout de suite !

****

Ella me regarda de travers pendant deux minutes, sa fourchette suspendue en l'air, entre son assiette et sa bouche. Je venais de lui raconter toute l'histoire, encore (pardonnez l'expression) sur le c*l de ce que je venais d'apprendre.

Ella : Mais comment c'est possible que tu ne l'ai pas reconnu ?!!

Isia (en soupirant) : Oui, je suis une idiote je sais ! Mais je ne me souviens pas du tout l'avoir vu pendant mon année à NY !

Ella (en secouant la tête) : Tu es une tête de linotte, Isia !

Isia (en s'écriant) : Tu l'as dit ! Et en plus je me ridiculise par trois fois en l'espace d'une soirée !

Ma remarque, dite un peu trop forte, me fit valoir le regard meurtrier de la patronne. J'avalai une bouchée de mon assiette en baissant le regard, voulant me cacher dans un trou de souris. Ella me fit une grimace compatissante.

Ella (en riant discrètement) : Mais tu cries, la patronne va te cramer. Enfin bon tes services lui ont plu !

Isia : Tu as raison ; heureusement que la tenue lui a plu, au moins je ne suis pas une catastrophe sur tous les plans. Bref, et toi comment ça s'est passé ?

Ella me sourit et ses joues rosirent de plaisir.

Ella : Oh que oui ça c'est même très bien passé, je n'aurait pas rêver mieux.

Je lui rendit son sourire en levant mon pouce en l'air ; la voir de bonne humeur me remontait le moral.

Isia : C'est génial ! Et tu as intérêt à tout me raconter de l'after party demain, à la première heure !

Ella (en regardant sa montre) : Oui, oui, d'ailleurs je dois filer...

Isia : Je vois. Pas de soucis. Je t'accompagne à la sortie ; je vais me trouver un taxi.

Ella : Nan nan, prends ma voiture, je vais me débrouiller pour rentrer !

Isia (en riant et en lui tapotant gentiment le bras) : Tu rigoles ! Et toi tu fais comment si je prends ta voiture ? Tu y vas à pied ? Même si ça peut être une bonne excuse pour que Dylan te raccompagne en voiture, je ne céderai pas. J'avais déjà prévu de prendre un taxi en plus. Garde ta voiture, tu en auras plus besoin que moi. Je récupérerai mes affaires avant que tu partes pour l'after.

Ella : Okay si tu insistes.

J'hochai la tête d'un air décidé, tandis qu'on se levait pour sortir. Ma cheville me faisait encore mal et j'avais hâte de me glisser sous la couette. 

Love & Fashion [TOME 1] {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant