Chapitre Douze

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Isia

Lorsque je repris enfin connaissance, je n'aurai su dire où est-ce que j'avais le plus mal. Ma cheville me lançait toujours, mais un horrible mal de tête carabiné m'empêchait de réfléchir correctement ; sans parler que j'avais l'impression d'avoir des courbatures partout. Les paupières toujours fermées, je tentai de reconstituer les événements de la soirée. Qu'est-ce qui m'était arrivé hier soir ? Je me souvenais d'avoir parlé avec le groupe qui était venu m'aborder, d'avoir bu et après... Rien. Le trou noir. Une horrible impression de déjà vu titilla ma frustration. Pourtant je savais que je ne devais pas boire ! Pas comme si je n'en avais jamais fait l'expérience... Je soupirai et tentai de bouger mon bras droit pour attraper mon téléphone par pur réflexe. Évidemment, je ne trouvai pas ce que je recherchais et ma main retomba dans le vide... Avant de toucher quelque chose de bizarre. Il me fallut quelques secondes avant de comprendre que c'était une main. Ella ? Je battis des paupières et finis par ouvrir complètement les yeux... Et le rouge me monta aux joues quand je compris devant qui j'avais à faire. J'aurais dû garder les yeux fermés ! Je retirai ma main le plus discrètement possible pour ne pas le réveiller ; assis sur une chaise, Seb dormait à poings fermés. Je balayai la pièce du regard. J'étais à l'hôpital, ce qui expliquait mes courbatures et le fait que je me sente encore malade ; mes affaires étaient posées sur une autre chaise, près de la porte. Seb bougea dans son sommeil, me faisant reporter mon attention sur lui. Il avait encore ses vêtements de la veille, et sans surprise sa chemise était toute froissée. Il avait dû passer une nuit pénible. La vibration caractéristique de mon téléphone me fis sursauter ; malheureusement il devait être dans mon sac ou dans la poche de ma veste, et je n'avais pas le courage de bouger pour aller le chercher. Ella était-elle au courant ? J'espérais que oui...

Seb (en se frottant les yeux) : Oh, tu es réveillée ? Comment tu te sens ?

Surprise qu'il me tutoie, je restai interdite quelques secondes avant de bredouiller une réponse inintelligible. Je me raclai la gorge pour reprendre d'une voix plus claire.

Isia : Oui, ça va à peu près. Je suis désolée de vous... De te... T'avoir dérangé.

Il balaya mes excuses d'un geste de la main.

Seb : Pas de soucis. Tu vas bien, c'est le principal. Tu te souviens de ce qui s'est passé hier ?

Je détournai les yeux, toujours aussi frustrée d'avoir une passoire à la place d'un cerveau.

Isia (en soupirant) : Malheureusement non.

Je me redressai en position assise dans le lit ; tandis que Seb faisait de même sur la chaise sur laquelle il s'était avachi.

Seb (en souriant gentiment) : Eh bien, la prochaine fois, évites de boire, parce que tu as la fâcheuse tendance à oublier ce que tu fais après quelques verres de trop.

Mes joues rosirent de plus belles. Il faisait évidemment référence à hier soir, mais j'eus la nette impression que ce n'était malheureusement pas la première fois que je lui faisais le numéro de la bourrée/amnésique... Au RCDS alors ? Ça expliquait pourquoi je ne me souvenais pas l'avoir croisé en tout cas... Je m'en serai arraché les cheveux tant je voulais me souvenir !

Isia : Merci du conseil... J'aurai pas dû faire ça hier soir, franchement j'ai pas assurée. Merci beaucoup de m'avoir amené ici.

Seb : C'est bien normal, j'étais le seul qui te connaissais, j'allais pas te laisser toute seule. Et ne t'en veux pas trop ; ça arrive à tout le monde de pas être toujours au top.

Je lui rendis son sourire, un peu gênée.

Isia (d'une toute petite voix, embarrassée) : Merci. Mais euh... Je peux savoir ce que j'ai fait hier soir ?

Seb (d'un ton léger) : Eh bien, à part te jeter devant une voiture sur la route, rien de très... Mémorable.

J'éclatai de rire tellement ça paraissait absurde.

Isia (toujours en riant) : Désolée... Mais... C'est plus fort que moi ! Je crois que c'est... Les nerfs !

Sebastian se remit à sourire en me voyant rire de plus belle, sans arriver à m'arrêter.

Seb (en me lançant une bourrade amicale) : Tu rigoles, tu rigoles, mais tu m'as fait peur idiote !

Isia (en protestant gentiment) : Hé ! On ne touche pas aux blessés !

Seb : Pourtant hier soir, même avec une cheville à moitié en vrac, tu t'en es plutôt bien sortie.

Isia : Je ne m'en souviens pas, mais en tout cas j'avais un mal de chien avant de me mettre à boire. Bon et sinon, j'aimerais bien savoir quand est-ce qu'on s'est rencontré au lycée...

Il me lança un regard ironique, sans pouvoir s'empêcher pour autant de sourire.

Seb : Tu t'en souviens vraiment pas ? Même pas un tout petit peu ?

Je secouai négativement la tête.

Seb : Dommage...

Il se leva pour se diriger vers la petite salle de bain/toilettes qui était séparée de la chambre par une porte. Juste avant de la refermer derrière lui, il me lança une grimace amusé.

Isia : Attends, tu comptes garder ça pour toi ?! C'est pas juste ! Reviens là !

Sauf qu'il m'ignora complètement et ferma derrière lui. Restée seule, je m'adossai au mur derrière moi et croisai les bras sur ma poitrine. Il ne perdait rien pour attendre quand il reviendrait ; je ne comptais pas en rester là. Encore fatiguée, je battis des cils pour éviter de sombrer ; il fallait au moins que je tienne le temps de rentrer chez moi. Seb allait-il me raccompagner ? Intérieurement j'en avais envie... C'était drôle de voir à quel point on avait l'air de deux amis qui se connaissaient depuis longtemps. Est-ce que c'était parce que lui se souvenait de moi ? Et donc qu'il se comportait en conséquence ? Pourtant si on avait été proche, j'étais persuadée que je m'en serai souvenue.

J'étais tant plongée dans mes réflexions que je ne vis pas tout de suite que quelqu'un avait toqué, puis entré dans la pièce.

Ella : J'ai eu tellement peur Isia ! Comment tu vas ?

Je sursautai et me retournai vers ma meilleure amie qui se précipita vers moi.

Isia : Ella ! Oui, je vais bien, ne t'inquiète pas. Je suis désolée... Je pensais que tu avais été prévenue.

Ella : Je suis désolée, j'ai appelé la patronne et c'est elle qui a retrouvé ta trace...En plus, tu es toute seule ici, ma pauvre !

Je lui souriai en balayant d'un geste ses excuses. Elle n'y était pour rien.

Isia : Pas de problème, et non, tu te trompes je n'étais pas seule.

Le regard mystérieux que je lui lançai la plongea dans la perplexité.

Ella (en fronçant les sourcils) : Alors c'est qui qui t'as ramené ? Une infirmière est arrivée avant moi ?

J'allais lui répliquer qu'elle était bien loin de la vérité quand la porte de la salle de bain s'ouvrit, sur un Seb surpris que quelqu'un soit arrivé dans la pièce entre-temps.

Love & Fashion [TOME 1] {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant