Éplucher les papiers de Donovan n'avait rien donné de plus. Ugo avait bien évidemment présenté ses condoléances à son oncle et sa tante et leur avait assuré de son soutien. Sa bonne action s'arrêterait là. Il allait racheter certaines actions de son cousin et aider à s'occuper de ses affaires courantes le temps qu'ils trouvent un repreneur. Et bien évidemment il ferait en sorte de découvrir qui l'avait précipité dans la tombe alors que vivant, il aurait été plus utile.
En arrivant devant la chambre où il avait laisser Louise, Ugo découvrit Léon, installé sur un tabouret et appuyé contre le chambranle de la porte. Le connaissant depuis plusieurs années, il perçut son agacement. Hors, rien ne mettait la patience de Léon à rude épreuve. Rien... Jusqu'à présent.
—Il semblerait que tu aies grandement besoin de t'aérer l'esprit, lui dit-il.
—Cette femme n'est pas humaine ! répondit Léon. Comment peut-on faire passer les hommes par toutes les émotions en si peu de temps, y compris la culpabilisation et l'envie ? Pardonnez-moi monsieur, mais je préférerais éviter de devoir à nouveau être de garde. Il en va de ma santé mentale.
Ugo rit et lui donna congés. Pauvre Léon.
Il frappa à la porte la suite de coups convenus.
—Lucia ?
Pas de réponse. Il frappa de nouveau.
—Lucia, répéta-t-il d'une voix plus dure.
Il détestait attendre, détestait qu'on lui résiste, mais plus que tout il détestait qu'elle ne lui réponde pas... il voulait entendre le sonde sa voix, même si cela impliquait qu'elle le rabroue.
—Lucia ! Réponds.
—Non.
Il soupira, rassuré.
—Ouvre-moi maintenant.
Toujours pas de réponse.
—Tu sais que j'ai un double des clés. Je peux entrer quand je le souhaite.
—Fais le ! Qu'est-ce que tu attends ?
—Je préfère que ce soit toi qui me laisse entrer.
Ugo laissa passer du temps. Combien ? Il s'en moquait. C'était à elle de lui ouvrir, de l'accepter. Pas à lui de s'imposer. Les dernières vingt-quatre heures avaient été rudes pour tout le monde. La fatigue n'aiderait certainement en rien, alors il ne voulait pas la brusquer. Il l'entendit taper du pied. Elle n'était pas très loin de la porte. La clé tourna dans la serrure, et le battant pivota sur ses gonds. Juste quelques millimètres, suffisamment pour lui faire comprendre qu'il avait le droit d'entrer.
Lorsqu'il entra, Ugo trouva Louise assise sur le sofa, les jambes repliées, la tête sur les genoux. Elle s'était changer pour mettre une longue robe confortable si bien qu'il ne voyait pas le bout de ses pieds. Elle semblait tout à la fois en colère, apeurée et complètement exténuée.
—Où étiez-vous ? demanda-t-elle le regard dans le vague. Cela m'a parru durer des heures, une journée entière ! Je ne sais plus quel jour nous sommes, je vais devenir folle enfermée ici.
Lorsqu'elle commença à se balancer d'avant en arrière, il se décida à prendre les choses en mains. Il enleva sa veste et remonta ses manches de chemises après avoir ôté son nœud papillon et défait deux boutons.
Ugo s'approcha de Louise et desserra ses bras. Il prit son visage entre ses mains et la regarda droit dans les yeux.
—Je suis désolé, dit-il. Je ferai de mon mieux pour venir vous voir régulièrement durant les prochains jours.
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Amour Prohibé
RomanceFrance 1912. Une jeune fille âgée de 10 ans attend impatiemment devant le manoir vosgien de ses parents que les invités de ceux-ci daignent faire leur apparition. Louise Kremer est pleine de vie, intelligente, et passe son temps à faire tout le cont...