Chapitre 17

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Il ne fallut pas beaucoup de temps à Ugo pour se préparer. Mais alors qu'il allait être en avance au rendez-vous avec Kremer, il s'arrêta net. Et si elle était là ? Ce n'est pas ainsi qu'il souhaitait lui faire avouer son identité d'une part et leur histoire d'autre part. Il doutait que la mettre devant le fait accompli soit la meilleure solution, mais il n'en avait pas d'autres. Ce dont il était sûr, c'était que ce n'était pas le bon moment, pas les bonnes conditions.


Il fut conduit aux appartements des Kremer et Louis l'accueillit avec une poignée de main, un sourire et une tape dans le dos.

— Monsieur Abatucci ! Comment allez-vous ?

—Appelez-moi Ugo je vous en prie. Bien et vous ?

—Ugo, venez vous installer dans mon fumoir, nous allons parler affaires.

Louis mena Ugo dans une pièce retirée. Ils s'assirent dans deux fauteuils de cuir après que M. Kremer leur servit un whisky et un cigare.

—Alors, dites-moi tout, Elijah m'a fait part d'une affaire qui semble prometteuse.

Ugo développa leur projet d'exploitation du pétrole et de son utilisation suite à découverte récente d'un nouveau gisement. Il lui sembla que le père de Louise était intéressé, mais il attendait son avis pour en être sûr. Ce n'était qu'un début, ils avaient l'intention avec Elijah Edwards d'investir dans l'automobile.

Il y avait également un autre projet dont il voulait lui parler. Mais il appréhendait encore plus sa réaction. Allait-il lui mettre son poing dans la figure ou bien le prendre dans ses bras. Il n'en demandait pas tant, mais il espérait avoir son aval.

—Bien ! Tout ceci me semble parfait ! Je pense faire affaires avec vous Ugo.

—Ravi de l'entendre. Je vais faire préparer les contrats avec Elijah et je vous les ferai parvenir dans les plus brefs délais.

— Les risques sont-ils mesurés ?

— Il n'y a pas de réussite sans une certaine prise de risques, mais effectivement, ils sont mesurés. Le pétrole commence tout juste à nous montrer l'étendu de ses possibilités. Nous pensons qu'il va surpasser le charbon très prochainement.

Louis se frotta le menton et puis son visage se fendit d'un sourire.

—Fêtons cela ! Dînerez-vous avec nous ? Je fais prévenir Amalia, elle serait ravie de vous revoir.

—Malheureusement non, j'ai des dossiers urgents à régler. Mais dès que possible je ne manquerai pas de vous rappeler votre invitation.

L'audace d'Ugo fit rire Louis Kremer qui lui assena une nouvelle tape dans le dos.

—J'aime votre caractère et votre humour, vous avez les mêmes que votre père. C'était d'ailleurs une des raisons qui m'ont amené à le rencontrer et à développer de notre amitié. Votre associé devrait s'en inspirer ! Il est bien trop sérieux.

—Je ne peux vous contredire. Cependant, à sa décharge, Elijah est infaillible.

— Assez parlé affaires, alors dites-moi, je ne crois pas avoir eu vent de votre mariage. N'y a-t-il aucune femme dans votre vie ?


Il avait posé cette question avec un demi sourire et en le regardant par dessus son verre de whisky dont il but une gorgée en attendant la réponse. Certains hommes auraient fuit devant une telle situation. Ainsi donc Louis Kremer voulait marier sa fille, et il semblait penser qu'Ugo ferait un bon prétendant.


— En effet, je ne suis pas marié. Et oui, il y a bien une femme dans ma vie actuellement.

Louis Kremer eut un léger affaissement de ses épaules. La déception fit un passage fugace sur ses traits.

Amour ProhibéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant