Chapitre 2

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Le vendredi suivant, Louise et Emma, accompagnées de Mr et Mme Kremer,décidèrent d'aller au cœur de Central Park pour un déjeuner sur l'herbe. Un soleil radieux illuminait la journée, sans pour autant que la température soit insupportable. Mme Kremer ne serait jamais sortie par canicule. Depuis leur arrivée à New York, Amalia Kremer passait tous ses étés enfermée dans leur appartement à agiter son éventail et à faire livrer de la glace. Louis Kremer avait fait installer un ventilateur dans le salon principal, et le Dakota Building serait bientôt équipé d'une climatisation pour les résidents qui en feraient la demande, monnayant un énorme chèque bien sûr.

Ils trouvèrent un arbre où Mme Kremer pourrait s'abriter du soleil, pendant que tous les autres pourraient profiter de la chaleur de ce dernier.

─Le soleil n'est pas bon pour la peau Louise.

─Mère...

─Allons, laisse-là veux-tu, intervint Louis, elle sortsi peu qu'elle est blanche comme un linge ! On dirait qu'elle est malade.

Mme Kremer se renfrogna, elle n'aimait pas être reprise par son mari devant leur fille.

Les domestiques installèrent plusieurs couvertures au sol pour que les Kremer et Emma puissent s'asseoir. Puis ils disposèrent plusieurs paniers renfermant le repas. Une fois leur besogne effectuée, ils s'en allèrent.

─Votre mari va-t-il se joindre à nous, Mme Edwards ? demanda Louis.

─Je lui ai fait part de ce déjeuner, je ne puis vous assurer qu'il viendra, mais j'ai bon espoir. répondit Emma en souriant.

─Votre mari est un vrai gentleman ! N'aurait-il pas, par le plus grand des hasards un jeune frère ? demanda Mme Kremer.

─Vous voulez dire, pour Louise ? Je suis au regret de vous annoncer qu'il n'a qu'une sœur plus âgée que lui de cinq ans.

─Quel dommage !

─Mais je suis certaine qu'il y a de bons partis qui seraient prêts à épouser votre fille dans la haute société New Yorkaise !

Louise donna un coup de coude à Emma pour lui faire comprendre de changer de sujet au plus vite. Le terrain devenait glissant, et elle savait que sa mère ne tarderait pas à parler de la personne interdite !

─Veuillez ne pas oublier mesdames que ladite fille est présente et qu'elle n'apprécie pas du tout que vous gâchiez ce pique-nique par vos babillages !

─Il faudra que nous ayons une discussion toutes les deux Emma, déclara Mme Kremer.

─Avec joie Amalia !

Louise regarda son père, implorant en silence qu'il lui vienne en aide. Mais il haussa les épaules en signe de renoncement. Lorsque Mme Kremer avait une idée en tête, il était difficile de l'en déloger. Il s'occuperait de cela plus tard, Louise en était certaine.

Chacun trouva une place pour s'asseoir sur les couvertures, que ce soit à l'ombre ou bien au soleil. Ils ouvrirent les paniers et en sortirent des sandwichs à la viande, du fromage, des fruits et tous les couverts nécessaires.

Louise allongea ses jambes devant elle et regarda les gens se promener dans le parc ou bien déjeuner tout comme eux. La vie ici lui semblait paisible. Comme si entrer dans le parc les avait emporté très loin de la fourmilière qu'était Manhattan. Les bruits de la ville étaient assourdis. Les gens ne criaient pas au sein du parc. Tout était calme. Elle prit une grande inspiration qui resta soudain bloquée comme si on venait de lui obstruer les voies respiratoires. Ses yeux venaient de se poser sur un homme en costume. Grand, aux épaules larges et aux cheveux noirs, il regardait vers eux, et plus précisément, il fixait Louise tout en discutant avec une autre personne. Elle mit quelques secondes à se rendre compte qu'Emma lui parlait.

Amour ProhibéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant