Chapitre 7

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Leréveil fut difficile pour Louise. Elle avait mal à la tête, lechampagne ne lui réussissait pas. Elle allait devoir faire attentionà l'avenir. Si elle souhaitait entrer à l'opéra, elle devraitfaire une croix sur ses passe-temps récents. Sortir, boire, toutcela n'était pas compatible avec la vie d'une danseuse deballet. Malheureusement, elle allait découvrir très rapidement quetout n'était pas aussi simple et qu'elle serait très vite ànouveau soumise à la tentation.

Endébut d'après-midi, Emma arriva dans sa chambre, les bras chargésd'un énorme bouquet de roses dont le rouge pourpre était presquenoir. Les préférées de Louise.

—Tu n'aurais pas dû ! plaisanta-t-elle.

—Oh, mais elles ne viennent pas de moi ! Et tupenses bien que j'aurais préféré me les garder. D'autant plusque les monter jusqu'ici n'a pas été facile, je te le dis !Marcher avec un si gros bouquet empêche un peu de voir.

—Qui me les a envoyées ?

— Àton avis ?

Louisese leva pour prendre l'enveloppe de couleur crème au papier épaisque lui tendait Emma. Elle en sortit une petite carte sur laquelleelle découvrit une écriture inclinée et fine. Le mot était simpleet clair :

Acceptezde m'honorer de votre présence lors d'un dîner,

Àl'occasion du bal masqué donné par la Baronne de Saint-Lô,

Cesoir...

Ugo.

Cesoir ? Si vite ? Elle se sentait mal tout à coup. Maisétait-ce réellement pour des raisons d'emploi du temps ?Elle se laissa tomber sur son lit, une main sur la gorge comme sicela pouvait aider l'air à mieux y passer.

—Louise ! Vas-tu enfin me dire ce qu'il t'arrive ?s'emporta Emma qui lui parlait apparemment depuis un certain tempssans qu'elle ne s'en rende compte.

—Je... Il...

Ellesoupira puis tendit la carte à son amie. Les coudes sur les cuisses,elle posa son visage sur ses paumes. Mais dans quelle histoires'était-elle fourrée ? À l'origine, elle avait juste euenvie de voir ce que cela faisait que de sortir dîner avec un hommeet par la même occasion, faire payer à Ugo la punition de ses huitans ! Mais tout était en train de déraper. Il poursuivait sesattentions comme s'il s'intéressait à elle, une soi-disant simpledanseuse et chanteuse de cabaret. N'aurait-il pas pu simplement sedésintéresser d'elle au bout d'un moment ? Les hommes nefuyaient-ils donc pas les femmes qui leur résistent ?

—Que vas-tu faire ? lui demanda soudain Emma.

—Je ne sais pas ! Il n'y a même pas d'adresseoù renvoyer les fleurs et lui dire non. Je vais être obligée de lerevoir et je serai incapable de lui refuser ce dîner.

—Incapable pour quoi ? Parce que tu as peur de luiou parce que tu en as envie ?

Louisereleva brutalement la tête. Bouche bée elle dévisageait son amiequi de toute évidence connaissait déjà la réponse. Mais ellerefusait de l'admettre. Non, elle ne pouvait avoir envie d'allerdîner avec Ugo Abatucci. Elle ne pouvait avoir envie d'être aveccet homme si sûr de lui, si...

Oui !Oui ! Oui, il hantait ses rêves depuis leur premier dîner.Oui, elle pensait à lui lorsqu'elle s'habillait depuis ce jour.Mais, non, elle n'admettrait pas tout cela. Elle se mit debout etcommença à faire les cent pas.

—Ce n'est pas en usant ton parquet que tu vas réglerle problème ! Vas-tu, oui ou non, accepter l'invitationd'Ugo ?

Elles'arrêta, les poings sur les hanches et regarda Emma droit dansles yeux. Elle prit alors sa décision.

Amour ProhibéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant