Chapitre 4

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─Non, non, et non ! Je ne peux décemment pas porter ce genre de robe !

Louise était dans la chambre d'Emma qui s'évertuait à lui proposer des robes plus frivoles les unes que les autres.

─Elles vont toutes avec ton personnage pourtant, rétorqua Emma quelque peu vexée.

─Jure-moi de ne jamais m'avouer pourquoi tu as de telles robes.

─Je ne jure jamais ! Il faut savoir s'amuser dans la vie.

─Mais regarde-moi ! On dirait une fille de joie.

Louise avait revêtu une robe noire se terminant juste sous le genou. Le décolleté était plus qu'indécent que ce soit dans le dos ou devant. Des perles noires avaient été ajoutées aux broderies, etle tout brillait à chacun des mouvements de Louise. Voilà une robe qui ne lui permettrait pas de passer inaperçue. Même si elle avait choisi un personnage fier de son corps et libéré, elle n'arrivait pas à accepter de se voir aussi peu couverte.

Emma capitula devant le regard faussement peiné de son amie. En soupirant, elle alla chercher sa dernière carte. Elle revint avec une housse à vêtements et l'accrocha sur la patère derrière le paravent.

─Voilà, c'est la dernière qu'il me reste. Soit ce sera celle-ci soit tu devras choisir parmi toutes celles que tu as déjà essayées. Par contre ma belle, pour les prochains dîners on va devoir aller t'en acheter d'autres.

─Les prochains ? Laisse-moi revenir entière de celui-ci et l'on verra s'il y en aura d'autres.

D'une main fébrile, Louise ouvrit les pans de coton blanc pour apercevoir un bout de dentelle noire. Elle sortit la robe de sa protection et découvrit une merveille. Longue et sans manche, la robe était dotée d'un fond blanc surmonté d'un voile de dentelle noire. Louise ne se fit pas prier pour l'enfiler. Le décolleté était parfait, juste ce qu'il fallait de séduction sans vulgarité aucune. Une jolie traîne élançait sa silhouette et ses épaules dénudées étaient mises en valeur.

─Alors ? Je peux voir ? demanda Emma impatiente et dont le silence de Louise avait éveillé la curiosité.

Au juron étouffé que poussa Emma, Louise sursauta et se demanda si le confort qu'elle ressentait dans cette robe, ne mettait pas à l'écart la beauté. Elle avait peur de ne pas pouvoir faire honneur à cette tenue pour laquelle elle avait finalement voté.

─Que se passe-t-il ? demanda-t-elle soucieuse.

─Viens par là, lui répondit Emma en l'entraînant devant un miroir.

Louise se retrouva devant une femme qui lui semblait à la fois connue et inconnue. La robe lui allait comme un gant, sa taille était marquée, ses formes féminines appelaient le regard. Elle en eut le souffle coupé. Ses cheveux cascadaient dans son dos, elle était l'une des rares à ne pas avoir succombé à l'appel des ciseaux. Il ne lui restait plus qu'à trouver une coiffure qui embellirait son visage et à se farder un peu.

─Tiens, ce sont les chaussures qui vont avec, dit Emma enlui tendant une paire de souliers noirs à talons.

Louise s'assit pour les mettre pendant que son amie s'affairait à préparer de quoi la coiffer et la maquiller. Elle lui fit un chignon bouclé dont elle laissa dépasser quelques mèches qui venaient chatouiller les épaules de Louise. Le trait de khôl noir le long de ses cils étira son regard, et le rouge à lèvres carmin rendit ses lèvres encore plus pulpeuses qu'elles ne l'étaient déjà. Une touche de parfum pour terminer et Lucia apparut enfin à leurs yeux.

Louise avait choisi d'utiliser son deuxième prénom afin que cela lui semble plus naturel à entendre, mais elle doutait d'y répondre à chaque fois. Elle devait faire attention à ne pas se trahir, profiter de la soirée et dire au revoir à M. Abatucci de façon définitive. Il ne devait jamais savoir qui elle était et ses parents ne devraient jamais apprendre ce qu'elle s'apprêtait à faire, à savoir, aller dîner avec un homme sans leur consentement et sans chaperon. De surcroît, un homme qui entrerait dans les critères de « bon à marier » de Mme Kremer.

Amour ProhibéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant