Chapitre 16

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Louise était restée muette durant tout le trajet jusqu'à l'hôtelde ses parents. Elle retournait toute cette histoire dans sa tête,essayant vainement de trouver un indice qui la mènerait aucoupable ! Elle essayait surtout de comprendre pourquoi !Pourquoi elle ? Elle avait en toute vraisemblance un ennemi etelle ignorait qui cela pouvait être. Mais pourquoi vouloir tuerAndrew ? Aucun fil conducteur logique ne ressortait. Ça n'avaitni queue ni tête, elle se serait arraché les cheveux ! C'étaittrès frustrant et effrayant, d'autant plus à présent qu'elles'était affranchie de la protection d'Ugo.

Elle gronda tellement fort qu'elle récolta le regard interrogateurde son chauffeur. Il ne manquait plus que ça ! Passer pour unefolle. Elle fit un geste d'excuse et replongea dans la contemplationdes bâtiments qui défilaient derrière les vitres de la voiture.

À moins de penser à sesadversaires du concours de danse, elle n'avait pas d'ennemis. Detoutes façons aucune danseuse ne savait son nom, ce seraitcomplètement fou.

Ugo ? Il avait passé la nuit avec elle, alors à moins d'avoirenvoyé un homme de main pour le tuer, cela ne pourrait pas êtrelui. Il n'avait aucun intérêt à le faire tuer puisque Andrewvalait plus vivant que mort. En outre, il lui avait juré soninnocence et Louise le croyait. Il avait beaucoup de défauts maispas le mensonge. Pas comme elle... Il exécrait le mensonge. Ilfinirait par la détester lorsqu'il saurait toute la vérité.

Les larmes commençaient à vouloir se déverser lorsque Léon stoppadevant l'hôtel. Elle descendit de la voiture plus vite que lui etpassa les portes du bâtiment en trombes. Elle ne s'arrêta quelorsqu'elle eut poussé le loquet de sa chambre. Elle se mit dos àsa porte et s'effondra. Elle pleura tout son soûle en silence depeur de réveiller ses parents.


Le lendemain, son réveil fut pire que ce qu'elle avait imaginé. Sesyeux était rouges et bouffis, sa peau lui tirait et elle avait mal àla tête. Elle fit quelques ablutions et se rendit au salon pour yprendre son petit-déjeuner. Elle y trouva sa mère déjà attablée.

— Tuas une mine affreuse ! lui dit-elle.

— Mercimaman, vraiment c'est le plus beau compliment que tu m'aies fait detoute ma vie ! répondit Louise d'un ton brutal.

—Jusqu'à preuve du contraire, je suis encore ta mère.Tu me dois le respect. Alors surveille ton langage.

—Êtes-vous encore en train de vous chamailler ?demanda Louis Kremer en entrant dans la pièce.

— Tafille est désobligeante ! Elle se permet...

Le père de Louise la regardait avec des yeux perçants, sondantpresque son âme. Il avait remarqué ses traits tirés, ses yeuxbrillants, ses cernes et ses lèvres pincées. Il avait vu sa postureabattue, ses mains qui se pinçaient et la fuite de son regard sousle sien, bien trop perspicace comme à son habitude. Louise auraitaimé disparaître. Il allait savoir que quelque chose n'allait paset il allait chercher à savoir ce que c'était. Elle était dans untel état de fatigue physique et psychique qu'elle doutait de pouvoircontinuer à lui mentir. Sa mère lui avait coupé l'appétit, ellen'avait qu'une envie : fuir. C'était lâche, oui. Mais pourquoiajouter des problèmes familiaux à sa vie déjà bien remplie ?Elle essuya sa bouche avec sa serviette et se racla la gorge le plussilencieusement possible.

—Je n'ai plus faim, dit-elle en se levant. Je vais aller faire mesexercices, le concours approche. Bonne journée papa.

Elle sortit de la pièce le plus vite possible pour ne pas laisser letemps à sa mère d'intervenir. Louise supposa également que sonpère avait tenu au silence son épouse. Bien trop perspicace eneffet.

Louise récupéra ses affaires de danse dans sa chambre avant demonter dans la salle au dernier étage de l'hôtel. Bien entendu,Louis Kremer l'y attendait, tranquillement installé dans l'uniquefauteuil de la pièce lisant un livre que Louise avait laissétraîner.

Amour ProhibéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant