35 - Boum Boum Ciao...

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Martin, en sortant de la maison après l'altercation avec Sergio...

La porte claqua après mon passage. Je descendis les quelques marches sans les voir. Ma poitrine, ma gorge, mon ventre et mon cœur pesaient des tonnes. Le poids, trop lourd, devait sortir. Mes veines pulsaient, ma tête allait exploser. Mais dans un élan inattendu, mon corps se contracta puis se soulagea grâce à mes cordes vocales. Toute cette haine, cette souffrance, cette rancœur accumulées contre les autres, contre moi-même se déversa dans la nuit. Je criai pendant ce qui me sembla une éternité puis, à bout de souffle et de force, ma bouche se referma. Je tombais à genoux sur les graviers. Ensuite, les vannes lacrymales libèrent les chutes de Niagara. Je pleurais. Encore et encore. Je pensais qu'elles étaient sèches depuis le temps. Durant deux ans, cinq mois et six jours, je n'avais cessé de penser à Andrés. La culpabilité de ne pas l'avoir stoppé et prié de rester m'avait rongé à petit feu. Puis, les flammes avaient enfin commencé à s'estomper ou du moins à passer au second plan. Mais Sergio m'avait fait venir. C'était comme un retour en Enfer après avoir eu l'espoir de résurrection, pire même. Si je ne bougeais pas immédiatement, je sombrerais encore dans la tempête tumultueuse sans m'en sortir. Alors, je fis le maximum abstraction de ce qui venait de se passer et me relevai. Je pris la route à pieds, en m'obligeant à penser en un seul et unique objectif. Oublier.

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Martin, le lendemain en fin de matinée...

J'ouvris un œil laborieusement tellement ma tête faisait mal. J'avais l'impression d'être passé sous un trente-huit tonnes. Barbouillé, je me relevai péniblement en position assise. Le soleil transperçant les volets m'éblouit. J'en refermai les yeux. Quelle heure était-il bon sang ? Je me tournai pour jeter un coup d'œil à mon réveil mais je ne le vis pas. Clignant des paupières pour me réveiller davantage, j'observai une nouvelle fois. Mais je ne reconnus pas ma table de chevet. Soudain, je fus pris de panique en scrutant la pièce dans laquelle je me trouvais. Ce n'était pas mon lit, ni ma chambre. Où avais-je dormi ? Et pourquoi ? Je tentais de remettre mes idées au clair mais mon mal de crâne m'empêchait de réfléchir et de les rassembler. J'inspectai une nouvelle fois l'endroit et trouvai une horloge. « 11 : 33 am. »

« Qu'est-ce que... » Tout à coup, mon cœur se mit à battre de façon démesurée car mon esprit s'éclaircissait malgré ma tête douloureuse. « Non, non, non.... !!! » Je venais de commettre une énorme erreur. Magistrale même. Je me sortis du drap dans lequel je me trouvais encore enroulé et me levai sur mes pieds. Cependant, mon corps se renversa en arrière. De nouveau assis, la tête tournait. Il fallait que j'y aille plus doucement. J'inspirai en luttant contre la douleur entêtante. « C'est le cas de le dire... » et pris appui sur le matelas. Une fois debout et équilibré, je me rendis compte que je ne portai qu'un caleçon. C'était déjà ça... J'inspectai brièvement le sol et heureusement je retrouvai les morceaux qui me manquaient. Je les enfilai le plus rapidement possible. Je me dirigeai discrètement vers ce qui semblait être la seule issue. Sur la pointe des pieds, j'atterris dans un couloir et aperçus au fond la porte d'entrée. Cependant, j'entendis du bruit plus loin à droite, comme des tasses qui s'entrechoquaient. Il y avait donc quelqu'un. Certainement la personne avec laquelle je venais de commettre cette connerie. Je serrai des dents. Je ne parvenais pas à me souvenir du moindre détail et cette foutue tête me lançait sans arrêt. Il fallait déjà que je prenne une aspirine et je pourrais ensuite me remémorer la soirée d'hier.

Marchant sur des œufs, je me dirigeai vers la porte d'entrée. Mais très vite, je me stoppai et retins un cri de stupeur devant la scène qui se jouait dans la cuisine. Je me cachai davantage et mis bien cinq secondes à me remettre. Puis je tendis l'oreille essayant de distinguer des mots en anglais.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant