37 - I need a moment more, this can't be true... (Ashes)

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Le Professeur, le lendemain de la partie d'échec....

Je me levai du lit vers 6h30, incapable de fermer l'œil de la nuit. La scène avec Martin tournait en boucle dans ma tête et je m'inquiétais pour lui. Où avait-il pu aller ? Il venait d'arriver sur l'île, ne connaissait aucun endroit ni personne à part nous. Cependant, il avait quitté la maison le veille sans revenir. A moins qu'il n'ait dormi sur la terrasse ou sur le sable. J'enfilai mes habits promptement et sortis sur la plage. La lumière dorée de l'aurore en aurait émerveillé plus d'un mais je n'étais pas vraiment d'humeur. Je traversai rapidement la terrasse, descendis les quelques marches et regardai autour de moi. Le silence régnait sans aucune sérénité. Seul, au milieu de l'immensité de cet endroit paradisiaque, je me sentais oppressé par une force extérieure invisible qui me fit trembler. Un mauvais pressentiment ?

Je longeai pendant quelques minutes le bord de l'eau prêtant attention à chaque recoin afin de trouver le moindre indice. Or, rien ne laissait sous-entendre que Martin avait dormi ici. J'espérais simplement qu'il ait trouvé un endroit pour passer la nuit et qu'ensuite il revienne discuter avec moi. Il fallait trouver un nouveau plan d'attaque pour aider Andrés. A vrai dire, j'avais ma petite idée mais elle nécessitait l'aide de Palermo. Je méditais la question quand un détail -n'en étant pas un en fait- m'attira près du ponton. Mon cœur rata un battement et instinctivement je me dirigeai d'un pas décidé mais aussi paniqué en direction de la maison. Je fis légèrement le tour et grimpai à l'autre extrémité de la terrasse. C'est alors que mon corps se figea. Dans une fiction, un courant d'air m'aurait décoiffé, donnant un air encore plus dramatique à la scène. Dans la réalité, ma bouche se serra et tel un piquet, sans aucune brise, je fis face à la porte fenêtre ouverte de la chambre d'Andrés.

Quelques secondes auparavant, j'avais quasiment prié pour que l'absence de l'Arturito soit à cause d'un départ ou d'un isolement de Martin. Mais là, devant la chambre vide de mon frère, je doutais. Etaient-ils partis ensemble ? Peut-être ce serait la meilleure solution mais non, impossible. Ils s'étaient disputés, Martin, en pleurs, m'avait étranglé. Mais il pouvait toujours être revenu pendant la nuit pour s'expliquer et les choses s'étaient arrangées. Pourquoi pas ? Ce serait trop beau, une histoire digne des contes de fées « tout est bien qui finit bien ». Or, malheureusement, la vie n'est pas ainsi, après chaque épreuve, une autre apparait, plus dure et colossale. La surmonter relève de l'exploit. On finit par y arriver. Cependant, à l'instant où je fis un pas sur le parquet et aperçus un mot sur le bureau, je me dis que la nouvelle épreuve n'allait pas seulement être impossible à surpasser mais allait également raviver plus fermement et intensément celles que j'avais vécues, jamais cicatrisées. J'avais parfaitement raison même si cette fois, j'aurais préféré avoir tort...

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Le Professeur, le lendemain...

« J'ai besoin d'être seul, ne me cherche pas. »

Assis à mon bureau, je relisais en boucle ces quelques mots écrits de la main de mon frère. Le même frisson me parcourut encore et toujours. Un sentiment d'abandon, de rejet, de perte mais aussi de compréhension, de culpabilité et d'infinie tristesse. Comment un papier pouvait faire l'effet d'une bombe ? Je le tournais dans tous les sens essayant de trouver un indice mais rien. La veille, j'avais passé ma journée à tenter de me raisonner, que son absence n'était que passagère et qu'il reviendrait en m'annonçant qu'il souhaitait continuer à se battre. L'espoir faisait vivre mais le désespoir suivait toujours de la chute la plus longue et la plus douloureuse.

Ma première réaction en lisant ces mots fut le choc le plus complet. On parlait des déserteurs à l'armée, il venait de prendre la même décision. Mais j'espérais tellement qu'il revienne au combat pour gagner non pas seulement la bataille mais la guerre à mes côtés. Frapper l'ennemie et ruiner cette foutue maladie, l'enterrer voire plus bas que terre si c'était possible. Cependant, cette vision gladiatoriale ne me correspondait pas. Ces derniers jours, je ne me reconnaissais plus. L'impulsivité et la haine dont je faisais preuve étaient simplement contraire à mes habitudes. Comment pouvait-on tant en vouloir à une futilité de la vie telle que se présentait la myopathie ? Était-ce possible de la haïr au point de vouloir sa mort et sa disparition totale ? Pourquoi finalement passais-je tant d'heures à chercher une solution, à me battre à la place de mon frère alors que celui-ci ne voulait pas ? Je tentais toutes les méthodes me venant à l'esprit. Je calculais chaque millimètre, chaque instant, chaque probabilité qu'un moyen fonctionne. J'avais énormément misé sur la plan Londres. Le résultat était tout sauf séduisant...

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant