13 - La peine des autres est-elle si légère à porter ?

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Nous pataugions réellement quand à 00 :45, soit le vendredi matin, une lueur d'espoir nous parvint. Alberto trouva une piste...

- Raquel, j'ai quelque chose d'intéressant à te transmettre. Annonça-t-il, d'une voix excitée.

Je m'isolais un peu pour pouvoir me concentrer sur ses paroles, surtout à cette heure-ci, sans avoir dormi depuis près de 48h.

- Je t'écoute.

- Deux collègues ont épluché les quotidiens sur une période de 10 ans et deux évènements les ont interpelés.

Il aimait faire durer le suspense pour montrer son importance dans les affaires. Il possédait le don de m'horripiler sans cesse.

- Oui, m'impatientai-je.

- Le premier relate d'une bande de criminels démantelée par infiltration policière. On va essayer de se renseigner davantage mais une partie de la bande en question se trouve soit en prison pour récidive, soit blanchie en Amérique du Sud ou au cimetière. On pourra toujours vérifier s'ils ont de la famille qui trempe dans des magouilles et compagnie. Fit-il, en lisant certainement ses notes.

Réellement, mon intuition me marmonnait que non, cela n'avait rien à voir mais autant vérifier.

- Bien, continuez de chercher de ce côté-là. Et le deuxième ?

- Eh bien, entre les deux, évidemment on a relevé de petites infractions, des tentatives de vol, de crime etc tous voués à l'échec. Mais les deux seuls qui étaient, en gros, en page de couverture, étaient la bande et un voleur qui s'est fait tuer.

- Développe. Dis-je, titillée soudain.

- Il semblerait qu'un certain Jesus Marquina se soit fait abattre à la porte d'une banque hispano-américaine.

Inconsciemment, cette histoire m'absorbait plus que celle de la bande. Un frisson passa derrière ma nuque signifiant que la piste s'avérait intéressante d'après mon instinct d'inspectrice.

- D'accord, mais qu'est-ce qui vous fait penser que cette affaire aurait un rapport avec le braquage ? Demandai-je pour éviter de trop m'emballer si aucun lien ne faisait.

- Eh bien, d'après différentes coupures de presse, il se serait fait tuer en sortant de la banque après avoir organisé, à lui seul, un plan qui tenait vraiment la route...-

« Comme le Professeur » tiquai-je instantanément.

- ...mais qui a mal tourné. Pensai-je à haute voix.

- Oui, il a essayé de tirer sur la voiture des policiers mais ceux-ci lui ont tiré dessus, abattu de sang-froid. Tant mieux, ça fait un criminel en moins ! Fanfaronna-t-il.

Je détestais les remarques sarcastiques qui mettaient les gens dans les mêmes paniers alors que chacun vivait une histoire différente. Peut-être à cause d'une empathie trop élevée, je trouvais des circonstances atténuantes à bon nombre de délinquants.

- Garde pour toi ton jugement, s'il te plait. Merci pour les informations.

- On peaufine et je te rappelle. Grogna-t-il en raccrochant.

Puis, un silence tomba dans la tente, certains ronflaient ou somnolaient sur leurs ordinateurs. Après avoir prié tous ceux qui n'avaient pas dormi depuis l'avant-veille d'aller faire un somme, je sortis dans la nuit noire. Paula se trouvait chez son amie Lola pour la énième fois depuis le début du braquage. Mais c'était mieux ainsi. Elle pouvait se changer les idées, surtout que le lendemain matin serait un moment compliqué pour elle. « Comme pour moi d'ailleurs ». Il ne me restait plus qu'à me rendre chez moi pour récupérer des affaires propres. La simple pensée de faire un pas dans la cuisine me glaça. Alors pour affronter cette épreuve, je n'eus pas le choix et sortis mon portable.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant