7 - "Luz verde, podemos entrar..."

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Raquel, cinq minutes après le départ d'Alberto...

Il s'était assis sur le fauteuil et depuis les dernières minutes, il semblait subjugué et fasciné par le blanc de la porte. Nous n'avions pas échangé un mot mais le silence n'était pas gênant. En tout cas, pas pour moi. Au contraire, sa seule présence me réconfortait. Je le détaillai du coin de l'œil, admirant son profil. Ses lunettes et sa barbe de plusieurs jours lui conféraient un air mystérieux et j'oserais même dire sexy. Ses yeux profonds appelaient à une certaine sérénité alors que la plupart du temps, il paraissait nerveux. Il était fait de paradoxes mais cela m'attirait encore davantage. Remarquant que je le fixais intensément, il détourna enfin son visage et nos yeux se rencontrèrent. La fatigue se lisait sur ses traits tirés. Un voile sombre obscurcit ses yeux quelques secondes puis il sourit et son visage s'illumina.

- Je t'ai menti tout à l'heure, Salva. Mon ex a envoyé ma fille chercher du café exprès pour rester seul avec moi. Je lui ai tenu tête mais il a toujours... une emprise sur moi, indescriptible... Avouai-je piteusement.

- Tu as peur de lui ?

La question me désarçonna, je ne m'attendais pas à cette dernière. En réfléchissant, elle se tenait. Cependant, je ne savais pas comment lui répondre. J'aurais voulu lui dire qu'à chaque fois qu'Alberto était dans les parages, mes sens se mettaient en alerte, une angoisse profonde se donnait le droit de posséder mon corps, mon autorité et ma crédibilité rapetissaient. Sans parler de cette envie de me sauver en courant et par signe de faiblesse et de soumission, de baisser les yeux. Mais par honte ? Par peur réelle ? Par manque de confiance ? Par habitude ? Mon comportement à ses côtés me désolait, pire me démolissait un peu plus. Je n'arrivais jamais à garder mon sang froid, mon professionnalisme et le recul nécessaire. Mon corps se mettait en mode « défense » et à partir de là, deux options s'offraient à moi : fuir ou attaquer. Depuis peu, j'essayais vainement la seconde solution. Mais il arrivait toujours à m'effrayer...

Finalement, sachant d'ores et déjà que je ne pourrai pas raconter tout cela à Salva, je lui répliquai simplement, d'une voix lasse...

- Oui...

Son expression se durcit, un infime éclair passa dans ses yeux posés sur le drap du lit. Je voulus le rassurer mais mon portable sonna. Je fis la moue et me mordis la lèvre inférieure. Coupable et confuse, j'attrapai mon portable fermement. Je faillis le débrancher tellement mon geste était brusque. Je réprimai un juron et décrochai immédiatement. Voir que le policier des forces spéciales m'appelait fit remonter mon énergie et l'adrénaline se propagea dans mon corps telle un remède à tous mes maux.

- Suarez ?!

- Inspectrice, nous sommes devant la maison. Rien à signaler, le terrain est vide. Mais avant de commencer la perquisition des lieux, j'attends votre feu vert. Ah et allumez la tablette et mettez vos oreillettes.

- Bien. Je me connecte tout de suite.

Je déposai le téléphone sur la commode et enlevai les draps pour sortir du lit. Les affaires se trouvant à quelques mètres, je devais me lever. Mes jambes engourdies me firent chanceler. Et l'une d'elles se déroba, je me sentis glisser. J'allais me rattraper quand je sentis une poigne hésitante et douce m'agripper les hanches. Stupéfaite, je croisai le regard préoccupé de Salva. Je passai ma main sur sa joue droite pour le remercier. Il me gratifia d'un petit sourire.

- Il serait plus prudent que tu restes au lit, murmura-t-il.

- Tu as raison mais il faut bien que je bouge. Du moins, pour aller chercher le matériel dont j'ai besoin. Répondis-je en désignant les affaires que m'avaient portées mes collègues.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant