36 - ¿Cuánto corazón y cuánta vida tengo?

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Raquel, après l'altercation entre Le Professeur et Palermo...

- Je vais bien Raquel, ne t'inquiète pas... Me rassura-t-il, sans grande conviction.

Je le dévisageai, l'air inquiet. Assis par terre contre le plan de travail, il tentait de maintenir son regard dans le mien. Mais, il était absent, vide de toute émotion ou expression. Une carapace sans tortue, un corps sans âme. Il souffrait et culpabilisait, j'en mettrais ma main à couper. Mais cet air spectral m'effrayait davantage, j'aurais préféré qu'il hurle ou qu'il pleure. Non, il ne bougeait pas d'un millimètre, toujours en état de choc.

- Tu es sûr ? Lui demandai-je après avoir inspecté maintes fois la blancheur de son visage et tenté de discerner un brin de vie dans ses iris.

- Absolument. Je vais aller voir Andrés.

Contre toute attente, il se leva et remonta ses lunettes. Un regain d'énergie le traversa et déterminé, il commençait à s'éloigner en fixant le couloir. Je le rattrapai en lui prenant le bras.

- Sergio, je ne pense pas que ce se soit une bonne idée. Il ne doit pas être vraiment prêt à recevoir du monde et toi, tu dois aller te reposer.

A vrai dire, c'était surtout pour lui que je ne voulais pas qu'il s'y rende. Après une crise de ce type, il valait mieux qu'il aille se coucher, décompresser et non aller discuter ou se disputer avec son frère. D'autant plus que je redoutais réellement leur altercation. Berlin n'avait pas dû prendre positivement l'arrivée soudaine de son ancien ami que je soupçonnais d'être plus que cela, d'ailleurs. En tout cas pour Palermo.

- Ce n'est pas la peine. Nia-t-il de la tête en tentant de se dégager mais je tins bon et serrai un peu plus l'étau autour de son bras.

- Si. Viens avec moi. Dis-je fermement.

Il décida enfin à me regarder en baissant légèrement la tête.

- Raquel... Riposta-il faiblement.

Je continuai sur ma lancée, ne lâchant rien.

- On ne discute pas. Tu le verras demain.

Il jeta un dernier coup d'œil à l'obscurité du corridor et se résigna en hochant doucement la tête. Je le pris par la main et le tirai en direction de notre chambre, à l'opposé. Il n'offrit aucune résistance mais avançait lentement. Enfin, je fermai la porte de la pièce et allai allumer une lampe de chevet. Il restait debout, sans bouger, détaillant le sol. Les lunettes glissaient sur son nez. Il les remonta par réflexe au dernier moment mais ne fit pas un geste de plus. « Le strict minimum. » Pensai-je en m'asseyant sur le bord du lit. Au bout de quelques secondes, je rompis le silence qui s'était installé.

- Quand je parlais de repos, je pensais plutôt à t'allonger et à ne plus réfléchir. Viens te coucher.

Il m'observa comme si je venais de Mars mais comprenant ma demande, obtempéra. Il prit place tranquillement et précautionneusement à mes côtés mais il fixait le plafond. Je sentais sa nervosité augmenter et son cerveau entrer en ébullition. Il allait exploser. C'était incroyable comme il pouvait contenir autant d'émotions négatives et ne rien laisser transparaitre extérieurement. Enfin, si on ne prêtait pas vraiment attention à lui. A cet instant, je me doutais de ce qu'il allait faire. Je lui pris la main pour l'en empêcher.

- Raquel, je suis désolé mais il faut que j'aille voir mon frère, j'ai un mauvais pressentiment. Et il faut retrouver Martin aussi...

Ah il s'appelait donc Martin... Son prénom m'importait peu. Je ne l'avais pas senti depuis le début avec ses grands airs même si je pouvais avoir de l'empathie à son égard. Il perdait pieds comme Sergio face à la disparition progressive de Berlin. Cependant, rien n'expliquait l'attaque directe contre le Professeur qui n'avait offert aucune résistance. Il n'y était pour rien et Martin cherchait simplement un souffre-douleur. Or, je n'appréciai pas son choix du tout. A vrai dire, j'étais remontée contre lui. C'était tellement plus simple de se défouler sur les autres alors qu'ils se laissaient faire.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant