41 - The future is coming, right here, right now. You can't stop it...

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Le Professeur, dans la forêt...

Que faire ? La suivre, l'arrêter, lui laisser du temps et de l'espace pour réfléchir ? Réfléchir à quoi d'ailleurs ? C'était tout vu, elle allait me fuir, partir le plus loin possible et peut-être me dénoncer. Devrais-je avoir peur de la prison ? Non, j'avais de toute façon plus d'un tour dans mon sac... L'éviter ne serait pas un problème. Mais Raquel... Raquel était une autre histoire... Au pire, je rapprendrais à vivre seul. Je l'avais bien fait toute ma vie, pourquoi ne pas recommencer finalement ? Rien ne m'en empêchait. Mon ventre se serra brutalement et mon cœur suivit le même chemin. Non, ce n'était pas un infarctus qui me comprimait de la sorte mais plutôt la peur de l'abandon. Une peur  similaire à celle que j'avais ressentie quand j'étais rentré de chez Marivi. Mon frère, à ce moment-ci, avait essayé de m'aider, de me réconforter mais là, il n'était plus là. Les larmes percèrent. Je tentais de les retenir pour garder la tête froide. Il fallait que j'évalue la situation, que je réfléchisse à la meilleure solution.

Je relevai la tête, aperçus au loin la sortie de ce labyrinthe forestier et m'élançai. Même si j'avais perdu la bataille, je n'avais pas perdu la guerre. Pas encore. Je pouvais tout de même l'aider d'une quelconque manière. Tout cela si évidemment elle n'était pas déjà partie avec sa fille. Ce que j'espérais au plus profond finalement. Comment en si peu de temps, on pouvait se rapprocher et s'accrocher à une personne comme si sa propre vie en dépendait ? Je ne m'en doutais pas jusqu'à maintenant. Maintenant que j'avais littéralement tout ruiné. C'est quand on perd des êtres chers qu'on se rend compte de leur valeur. Pourquoi avais-je perdu le contrôle ? Pourquoi lui avoir avoué ce que je m'efforçai d'oublier ? Je me posais sans cesse cette question alors que je connaissais pertinemment la réponse. Pathétique...

Enfin, je me retrouvai à quelques mètres de la maison. Un frisson me parcourut et mes membres se mirent à trembler mais je continuai d'avancer à vive allure. Je gravis les marches de la terrasse le plus discrètement possible et entrai en observant. Je marquai un temps d'arrêt et remontai mes lunettes en écoutant. Des voix provenaient de mon bureau. Je m'approchais en soupirant de soulagement. Elles n'étaient pas encore parties. Je déglutis ne sachant pas comment les aborder. Mais ma vigilance me stoppa. Je tendis l'oreille et me figeai immédiatement.

- Tu as appelé ton père ? Demandait Raquel, avec une once de reproche couplée de peur.

« Appelé » « Alberto ». Mon cœur s'accéléra instantanément. « Elle a utilisé le téléphone d'urgence pour appeler son père ? » Le connaissant quelque peu, Alberto avait certainement soutiré des informations et savait où nous nous trouvions.

- Bah oui, c'est mal ? Répondit la petite.

Raquel soupira bruyamment. J'attendis sa réponse en me remémorant le plan Berlin Est. Le temps était compté.

- Tu ne peux pas comprendre mais là, il va falloir qu'on parte encore plus rapidement et plus loin...

Le plancher commença à craquer, Raquel voulait entrainer sa fille avec elle. Je m'approchai un peu, m'écartant de l'ombre pour éviter de leur faire peur si elles sortaient.

- Mais non ! Il arrive demain ! On ne peut pas partir comme ça. Rouspéta Paula en s'arrêtant brutalement.

Je fus pris de compassion pour elle. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et surtout ne se doutait pas qu'elle n'allait jamais revoir son père... Mon ventre se serra. Cette situation était encore de ma faute... Je faisais vraiment tout de travers... Raquel renchérit.

- Paula, je sais que ton père te manque mais je suis désolée, on ne peut pas le voir. Ce sont des affaires d'adultes. Je suis vraiment désolée que tu sois au milieu de tout cela. Mais s'il te plait, écoute maman et va préparer tes affaires.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant