10 - Après une chute, il faut toujours se relever et avancer !

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Raquel, deux minutes après le départ de Salva...

« Comment lui dire qu'elle va souffrir ?! Comment lui dire ?! » Paula venait de s'octroyer le lit du haut. Perchée, elle balançait ses jambes dans le vide, heureuse. Je ne pouvais pas lui faire cela, enfin ! Impossible. Alors je fermai les yeux et je réfléchis. Si je ne lui annonçais pas, elle l'apprendrait d'une manière ou d'une autre. Je devais m'en charger même si ce moment serait aussi dur pour elle que pour moi.

- Paula ? L'appelai-je d'une petite voix.

- Oui maman ?

- Viens vers moi, s'il te plait.

- D'accord, s'étonna-t-elle.

En moins de deux secondes, elle s'assit à côté de moi après avoir sauté sur le sol. Elle resta silencieuse mais me regarda attentivement, attendant une réponse. Je fixai devant moi et inspirai à pleins poumons. Il fallait que je sois forte. « Ne craque pas ! » me répétai-je inlassablement. Je lui fis enfin face.

- Ma puce, tout à l'heure, tu voulais savoir pourquoi nous ne rentrions pas chez nous.

- Oui.

- Eh bien, il s'avère qu'il s'est passé quelque chose.

Je déglutis, marquant une pause. Elle fronça les sourcils d'incompréhension.

- Ce qu'il s'est passé..., c'est que ta grand-mère... nous a... quittées...

En prononçant ces mots, ma voix trembla et un frisson me parcourut l'échine.

- Elle est partie en vacances, sans nous ? S'insurgea ma fille, innocemment.

- On peut dire cela mais ces vacances-ci n'auront... pas de fin... malheureusement.

- Mais on la reverra ? S'enquit-elle.

- Non, je le crains...

- Elle est morte ?

Cette dernière phrase eut l'effet d'une bombe dans la bouche de ma fille. Je revis les images dans la cuisine. Ma mère étendue sur le sol, les yeux fixes et vitreux. Les larmes montèrent instantanément et je ne pus les contenir.

- Oui... Je suis désolée ma chérie... Hoquetai-je.

- Ah....

Elle resta, immobile, sous le choc. Puis, elle réalisa et ses yeux s'embuèrent aussi. Elle porta ses mains à son visage. Alors dans un élan de réconfort tant pour elle que pour moi, je la serrai fort dans mes bras. Elle entoura ma taille avec les siens, plus frêles. Nous restâmes ainsi quelques minutes, chacune guérissant les maux de l'autre. Il manquait simplement ma mère en train de nous observer avec tendresse.

Au bout d'un moment, les sanglots diminuèrent puis s'estompèrent complètement. Paula venait de s'endormir. Alors délicatement, je la hissai sur le lit du haut, la bordai et embrassai son front chaud. Je fis quelques pas et pris place sur le sofa, partagé deux jours plus tôt avec Salva. En attendant son retour, mes pensées dérivèrent facilement. J'essuyai mes larmes du revers de ma main.

Après le chagrin, vint la colère. Inconsciemment, je souhaitais trouver un coupable à ce crime. En tant qu'inspectrice, je me disais que la faute revenait bien à quelqu'un. Les morts accidentelles fréquentes n'offraient pas de punchingball ou de personnes à mettre sous les verrous. Je ne pouvais que m'en vouloir de ne pas être arrivée à temps. La culpabilité fleurissait en moi, telle une prédatrice s'approchant de sa proie à pas feutrés. « Mais il y avait eu cette histoire avec Angel aussi ! » Le sort s'acharnait. Cependant, je possédais l'intime conviction que l'accident d'Angel n'en était pas un, plutôt une tentative d'assassinat car ses recherches, fructueuses, auraient mené à l'aide extérieure de la bande. Celle-ci allait payer. La culpabilité laissa à son tour sa place, à la vengeance. Et cette fois, pas de cadeau.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant