46 - But I don't know if you know who I am....

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Le Professeur, quelques minutes après...

Nous étions autour du petit écran qui avait été installé à la dernière minute par Coral. Je voulais m'assurer du bon déroulement de mes plans, en espérant pour une fois que rien ne déroge à la règle édictée. Coral l'alluma enfin et rechercha la chaine des informations. Comme nous pouvions nous en douter, une édition spéciale passait en boucle. Cette fois, nos têtes avaient disparu de l'écran depuis la dernière fois, remplacées par la maison éclairant la nuit de ses flammes majestueuses. Les images dataient certainement de la veille mais elles étaient prenantes voire captivantes.

J'entendis dans la pièce en petit cri de stupeur presque à l'unisson. Monica et Denver étaient installés sur un banc, Moscou s'appuyait dangereusement sur le dossier de sa chaise pendant que Raquel restait debout, au fond de la pièce, les bras croisés. La pénombre lui conférait un air mystérieux. Je la détaillai du coin de l'œil. Elle fixait l'écran, sans bouger, impassible en apparence. Je me reconcentrai sur les images quand j'entendis la présentatrice reprendre la parole.

« - Nous revoici en direct en compagnie de Josh Brown, spécialiste anglais en psychologie ou plutôt criminologie. Bonjour Josh. Je peux vous appeler par votre prénom ?

- Bien sûr, Ana. Bonjour à toutes et à tous. Ravi de venir sur votre plateau.

- Le plaisir est pour nous. Alors, Josh, dites-nous tout ! Vous vous penchez sur le cas « Sergio Marquina » depuis la fin du braquage, que pouvez vous nous dire sur lui et surtout, pensez-vous qu'il ait prémédité cet incendie ? Enfin, où pensez-vous qu'il s'est enfui ?

L'envie soudaine de fuir la pièce me prit. Par honte ? Par embarras ? Ou simplement par crainte qu'il puisse vraiment lire en moi comme dans un livre ouvert sans m'avoir vu ni parlé ? « Un peu tout je suppose... » Je remontai mes lunettes et reculai contre un mur, plus dans l'ombre. Personne ne remarqua mon changement de place. Tous étaient tournés vers la télévision comme hypnotisés. Même Raquel la fixait avec détachement accompagné d'une once de curiosité.

- Si vous voulez bien, Ana, je vais m'atteler à répondre à vos questions pertinentes une par une. Alors, il est vrai que je travaille sur ce dossier depuis maintenant quelques mois et je le trouve absolument fascinant. En effet, cet homme est d'une méticulosité hors norme. Il a organisé ce braquage d'une main de maitre avec le plus de distance possible mais également avec une passion débordante. Il connait les détails et les a appris par coeur. Cet homme n'est pas un psychopathe comme peuvent le dire certains, je dirais plutôt sociopathe...

Impossible de savoir si être un sociopathe avait un avantage par rapport au psychopathe... En tout cas, tout ce que je voyais, était clair. On cherchait à me mettre une étiquette pour expliquer mes actions. Toujours plus simple de les analyser et de les stigmatiser plutôt que de comprendre réellement ce qu'elles cachent.

- ... Il n'a pas vécu une enfance normale, si je puis dire. Il est resté dans une chambre d'hôpital à lire, sans possibilité de connaitre les bénéfices de la compagnie d'autrui. Il est plutôt loup solitaire qui ne s'attache pas aux autres. Il n'en a pas eu l'occasion... C'est pourquoi ses habilités sociales sont presque inexistantes. Il a le contrôle et le pouvoir quand il est dans sa zone de confort, pas en public.

Je pouvais lui accorder cela... Mais je savais communiquer quand il s'agissait de jouer au gendre parfait pour ensuite... Il fallait vraiment que j'arrête de ressasser le passé. Je n'avais pas la possibilité de remonter le temps et de changer cette variable. Il était temps que je vive avec, que j'accepte mes actes et que je les assume...

- Comment pouvez-vous affirmer cela ? Demanda la journaliste.

- C'est un crack mais il est aussi vraiment discret. Personne n'a entendu parler de lui. Jamais. De plus, on peut remarquer une différence évidente entre les négociations et la vie quotidienne. Bien qu'il jouait un rôle auprès du barman Antonio par exemple, celui-ci l'a toujours vu comme timide et peu enclin au dialogue excepté la politesse. Tout à fait le style.

La casa de papel // Et si... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant